Eglises d'Asie

Jharkhand : des responsables d’écoles catholiques soupçonnent que de prétendus maoïstes venus les menacer travaillent en réalité pour d’autres maîtres

Publié le 18/03/2010




A la mi-septembre, des hommes armés se réclamant du Centre communiste maoïste de l’Inde se sont présentés dans trois écoles catholiques du diocèse de Gumla au sud-ouest de l’Etat du Jharkhand. Ils y ont réclamé de l’argent, menaçant de mettre à mort le directeur si leurs demandes n’étaient pas satisfaites. Ils ont également demandé aux responsables rencontrés d’accueillir davantage d’élèves pauvres dans leurs établissements et de mettre un terme au mouvement de conversions au sein des ethnies minoritaires.

Les auteurs de ces attaques contre les écoles ont exigé du personnel de ces établissements qu’ils ne rapportent pas ces faits à la police. Mais au contraire, les dirigeants d’Eglise les ont aussitôt rendus publics, demandant la protection de la police et l’aide des parents d’élèves. Les principaux responsables de la communauté catholique sont, en effet, persuadés que ces incidents n’ont aucun rapport avec le mouvement de rébellion maoïste. L’évêque de Gumla, Mgr Michael Minj, a lui-même déclaré que ces irruptions à l’intérieur d’établissements éducatifs avaient en réalité pour objectif de semer le trouble dans l’ensemble des établissements chrétiens du diocèse. Les services rendus par l’Eglise aux minorités ethniques et aux basses castes dans les domaines de l’éducation et de l’assistance sociale ont permis à ces populations de prendre conscience de leurs droits et à mettre en question un système social où les groupes sociaux défavorisés sont exploités et réduits en servitude. Sur ce point, a affirmé l’évêque, prêtres et religieux du diocèse n’ont jusqu’ici jamais eu affaire aux maoïstes, même dans les régions les plus isolées. Ceux-ci continuent leur lutte pour l’obtention de terres et le respect des droits des ethnies minoritaires mais leurs adversaires principaux sont les milices armées levées par les grands propriétaires terriens et les hautes castes. Des batailles quelquefois sanglantes les mettent aux prises.

Ce même avis a été émis par un enseignant d’un collège de Gumla, Bernard Minj, ancien député. Il est convaincu que les personnes qui essaient de terroriser prêtres et religieux au nom du mouvement maoïste suivent en réalité une tactique qui fait partie du programme d’action d’un certain nombre d’éléments anti-chrétiens exerçant leurs activités au milieu de la population ethnique convertie au christianisme.

Les interventions des prétendus rebelles maoïstes ont eu lieu entre le 12 et le 17 septembre dans trois écoles sous une forme analogue. Une des soeurs enseignantes dans une des écoles a rapporté qu’un homme armé est entré dans son bureau en proclamant qu’il était membre du groupe maoïste et que ses camarades cernaient l’école, prêts à ouvrir le feu dès qu’il claquerait des doigts. Après avoir réclamé les livres de comptes et d’autres documents, il est resté une heure et demie, posant diverses questions. Les jours suivants, il est revenu encore deux fois répétant les mêmes demandes et interdisant de parler à la police. Mais sur le conseil des parents d’élèves qui, le 21 septembre suivant, ont été mis au courant de tout, y compris des soupçons des enseignants sur la véritable identité des agresseurs, l’affaire a été rendue publique. A la fin du mois de septembre, une délégation de représentants des écoles catholiques de Gumla et de parents d’élèves se préparait à rencontrer la police et les autorités administratives du district.

L’Etat de Jharkhand a été séparé de l’Etat du Bihar, il y a trois ans, dans l’objectif affiché d’intensifier les progrès et le développement des ethnies minoritaires. L’Etat est actuellement gouverné par une coalition politique menée par le parti nationaliste hindou au pouvoir à New Delhi, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP).