Eglises d'Asie – Philippines
La forte diminution du nombre des vocations en milieu urbain est mise sur le compte du matérialisme et du consumérisme dans la société
Publié le 18/03/2010
Pour répondre à cet état de fait, le P. Agustin a obtenu que l’archidiocèse de Manille s’affiche sur les murs de Manille. A la fin du mois de septembre dernier, le long de la très passante Epifano De Los Santos Avenue (EDSA), à proximité du petit séminaire de Notre-Dame de Guadalupe, on pouvait voir des affiches montrant un jeune homme, téléphone portable à l’oreille, avec le message suivant : “Dieu appelle – Réponds à l’appel de Dieu”. Pour le P. Agustin comme pour les responsables de l’Eglise à Manille, il s’agit d’enrayer le déclin du nombre des vocations.
Après la chute de Ferdinand Marcos en 1986 et la révolution pacifique du “People Power” où le cardinal Sin, archevêque de Manille, avait joué un grand rôle, il y avait eu un “bond” des vocations et “beaucoup sont entrés au séminaire témoigne le prêtre. Cet afflux de vocations peut être attribué au “réveil spirituel” qui a, selon le P. Agustin, accompagné les changements politiques et économiques qu’ont connus les Philippines à partir de cette date. Les Philippins ont réalisé, à cette époque, que des changements “moraux et spirituels” étaient tout autant nécessaires que les changements politiques et économiques et l’Eglise, le cardinal Sin en tête, a “joué un rôle important” dans la conversion de la société. Les gens “voyaient un lien entre la prêtrise et leurs vies”. Le tournant qui a abouti à la chute du nombre des vocations aujourd’hui constatée remonte, poursuit le P. Agustin, aux années 1990 lorsque la télévision par câble, Internet, les téléphones portables et les pagers se sont répandus dans la région du grand Manille. Le phénomène n’est pas cantonné à la capitale et à ses environs : un évêque de la région de Bicol, située à plus de 300 km au sud de Manille, se souvient qu’au début des années 1990, il recevait entre 11 et 25 nouvelles vocations par an ; une fois la principale ville du diocèse câblée et l’offre de programmes de télévision démultipliée, les entrées au séminaire sont tombées à deux ou trois par an. Au grand séminaire San Carlos de Makati Ciy, à proximité immédiate de Manille, le P. Agustin date le début de la diminution du nombre des entrées à l’année scolaire 1993-1994 : de 209 candidats cette année là, le chiffre est tombé en 2002-2003 à 75.
Pour le P. Agustin comme pour différents responsables de congrégations religieuses, la raison de la chute des vocations est à chercher du côté de la culture véhiculée par les médias dans les zones urbaines où les jeunes générations sont subtilement convaincues que le critère à l’aune duquel une vie doit être évaluée est “le plaisir toute mention de la notion de “sacrifice” étant écartée pour être dévaluée. La campagne lancée par l’archidiocèse de Manille ne suffira pas à inverser la tendance, estime le P. Agustin, mais si elle peut convaincre des jeunes qu’un “bonheur plus profond” peut jaillir de la vie religieuse que d’une existence “centrée sur les biens matériels elle aura atteint son objectif. En octobre 2003, vingt-cinq responsables des vocations de diverses congrégations religieuses et centres de formation pour prêtres installés à Manille ont prévu de se réunir au séminaire San Carlos pour élaborer des directives communes concernant les admissions dans les séminaires. Selon le P. Agustin, il s’agit là de s’assurer de la “qualité” des candidats dans un contexte marqué par une crise profonde du clergé catholique.