Eglises d'Asie – Népal
La violence de la guerre entre maoïstes et forces gouvernementales n’épargne pas l’Eglise catholique
Publié le 18/03/2010
Installées à Okhrey en 1992, les religieuses de l’Institut de la Bienheureuse Vierge Marie (connues sous le nom de Sours de Lorette), animaient une chapelle, une clinique et un centre de jour pour enfants. L’attaque s’est produite aux environs de minuit lorsque cinq hommes masqués sont entrés dans la résidence des sours et ont ordonné à tous de sortir tandis qu’ils aspergeaient d’essence les bâtiments et la chapelle. Les suppliques du personnel hindou du centre, tentant de faire comprendre aux assaillants que les religieuses travaillaient avec la Caritas locale et que celle-ci était une ONG népalaise, n’ont en rien entamé la détermination des assaillants qui, avant de se retirer à la faveur de l’obscurité, ont mis en garde le personnel et leur ont ordonné « de ne rien dire à personne » au sujet de ce qu’ils faisaient ou de la direction qu’ils prenaient dans leur fuite. Selon Soeur Sabrina Edwards, basée habituellement à Dharan, « notre personnel a peur de parler car les rebelles leur ont dit de se taire. Le fait que toutes les personnes que nous employons soient de la région les a probablement sauvées et leur a épargné d’être blessées, voire tuées ».
Après cette attaque, les Sours de Lorette réfléchissent à l’avenir de leur mission à Okhrey, « un lieu qu’[elles] ont toujours considéré comme exempt de toute menace ». De fait, jusqu’à ce 19 septembre, les seules institutions catholiques à avoir été délibérément prises pour cibles par les maoïstes sont deux écoles situées dans le district de Gorkha, dans l’ouest du pays (1). Dès la nouvelle connue, Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, s’est rendu à Dharan pour faire le point avec les sours. Selon lui, cet incident ne fait que s’ajouter à la longue liste des heurts et des affrontements que connaît le pays depuis que les maoïstes ont rompu, le 27 août dernier, un armistice avec le gouvernement qui durait depuis sept mois. Depuis cette date, plus de trois cents personnes ont trouvé la mort du fait de l’escalade de la violence. Le 23 septembre dernier, Mgr Sharma a estimé que « le problème politique s’est envenimé à un point tel que je pense que nous avons besoin d’une intervention divine ». Se référant à l’année du rosaire, décidée par le pape Jean-Paul II d’octobre 2002 à octobre 2003, le préfet apostolique du Népal a ajouté que le mois d’octobre dans le pays serait consacré par les catholiques à prier le chapelet « pour ramener la paix au Népal ».
Selon Mgr Sharma, les violences de ces dernières semaines n’ont pas empêché le fonctionnement des institutions catholiques dans le royaume et lui-même ne cesse de se déplacer à travers tout le pays, y compris dans les zones où les rebelles sont actifs. La population pourtant ressent durement la montée de l’insécurité. Anu Shrestha, responsable d’une organisation de jeunes catholiques, déclare ainsi : « Plus personne ne se sent réellement en sécurité : des commerçants, des personnels de santé et même des journalistes sont assassinés en plein jour ! »