Eglises d'Asie

L’accession de Mgr Stephen Fumio Hamao au cardinalat distingue un évêque japonais tourné vers le dialogue du Japon avec ses voisins asiatiques

Publié le 18/03/2010




Mgr Stephen Fumio Hamao, 73 ans, est président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes déplacées depuis juin 1998. Dimanche 28 septembre dernier, le pape Jean-Paul II a annoncé sa nomination à la dignité de cardinal, une nomination qui sera effective le 21 octobre 2003 à Rome où Mgr Hamao sera “créé” cardinal en même temps que trente autres nouveaux cardinaux. Au Japon, Mgr Hamao est une personnalité très connue. Ordonné prêtre à Tôkyô, en 1957, il est devenu évêque en 1970 et nommé auxiliaire de ce même diocèse, le cardinal Shirayanagi en étant l’archevêque. En 1979, il a été nommé évêque de Yokohama, poste qu’il a occupé jusqu’à sa nomination, en 1998, à la Curie romaine.

A des journalistes venus l’interviewer en 1996 pour mieux le connaître, Mgr Hamao répondit qu’il s’exprimerait mieux en écrivant un texte. Ce qu’il fit (1). Dans ce texte, l’évêque japonais décrit, entre autres, ce qui l’a bouleversé dans ses rencontres avec les petites gens au cours de ses nombreux déplacements en Asie en tant que président de la Conférence des évêques du Japon. Lui qui n’avait pas fait la guerre, parce que trop jeune, il découvrit alors que « les actes inhumains perpétrés par l’armée japonaise en Asie” n’étaient pas oubliés. Alors, confie-t-il dans son article : “A ce moment-là, j’ai ressenti intensément la nécessité absolue qui était la nôtre de rencontrer les gens ordinaires des peuples de l’Asie, de les écouter parler de leurs traumatismes et de leurs critiques du Japon et de leur promettre que nous leur serions unis à l’avenir.”

Cette ouverture aux autres, cette compassion pour les petits, la conviction que l’identité de l’Eglise au Japon est d’être une Eglise d’Asie, sa volonté d’être en communion étroite avec toutes les autres Eglises pour la construction d’un monde nouveau en Asie, sont à la base de tout ce que Mgr Hamao a entrepris depuis lors.

Président de la Conférence des évêques du Japon en 1995, il s’est beaucoup investi dans le travail de réflexion et les activités de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie, la FABC. C’est là, écrit-il encore, dans ce même article, que “j’ai appris à connaître l’importance de la dimension sociale de l’Evangile et pris conscience de l’existence du péché social et des structures sociales qui le font exister”.

En tant qu’évêque, rien ne lui est étranger, surtout quand il s’agit des plus démunis : malades du sida, travailleurs sud-américains venus au Japon chercher du travail, Nord-Coréens affamés ou pêcheurs des Caraïbes. Il veut les aider tous, via Caritas Japon, dont il assume la présidence.

En 1996, à l’initiative de l’archevêque de Taegu, Mgr Paul Ri Moun-hi, président de la Conférence épiscopale de Corée, Mgr Hamao et lui se sont rencontrés pour se mettre d’accord sur la révision des manuels scolaires d’histoire utilisés en Corée et au Japon dans les écoles catholiques, pour que la vérité historique, tronquée par les autorités japonaises, soit rétablie. Ce qui fut fait (2). Depuis, les évêques coréens et japonais se retrouvent tous les ans pour faire le point. Leur démarche a entraîné un rapprochement de la jeunesse des deux pays et les rencontres nippo-coréennes de jeunes ont eu de plus en plus de succès.

En 1998, une fois nommé à la Curie romaine au poste de président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes déplacées, l’action de Mgr Hamao s’est étendue bien au delà de l’Asie en restant fondée sur les mêmes convictions.