Eglises d'Asie

Le nombre des catholiques d’origine étrangère est difficile à établir avec précision mais leur présence modifie l’image de l’Eglise du Japon

Publié le 18/03/2010




Les statisticiens de l’Eglise catholique japonaise ont du mal à déterminer le nombre exact des catholiques d’origine étrangère mais tous sont unanimes pour dire que leur présence modifie peu à peu l’image traditionnelle de l’Eglise du Japon (1). Pour l’année 2001, l’annuaire du Vatican annonce 510 000 catholiques au Japon, là où la Conférence épiscopale japonaise n’en déclare, quant à elle, que 449 927. Après une enquête conduite en 2001, la Commission épiscopale pour les migrants, les réfugiés et les gens du voyage en déclarait, de son côté, 895 000. Ces différences sont dues aux différentes méthodes de comptage. Certains diocèses ou paroisses ne déclarent que le nombre des chrétiens japonais de souche ; soit par inadvertance soit avec l’intention de réduire d’autant le montant de leur participation à la marche financière du diocèse ou de l’Eglise du Japon. Les fluctuations inhérentes au monde des travailleurs migrants, souvent en déplacement à la recherche d’un emploi, sont également à prendre en compte.

Mgr Daiji Tani, évêque du diocèse d’Urawa et président de la Commission épiscopale pour les migrants, estime que 80 % de ses diocésains sont d’origine étrangère – dont un peu plus de la moitié sont Brésiliens. Les Philippins et les Japonais sont presque à égalité, représentant respectivement 18 et 19 % du total des catholiques d’Urawa. Mgr Tani reconnaît que la présence des étrangers a complètement changé le profil du diocèse durant ces dernières dix années. Il cite le cas de la chapelle de Numata, dans la préfecture de Gumma. La messe du dimanche ne rassemblait qu’une dizaine de personnes. En 1985, la chapelle fut démolie pour ne garder que le presbytère où se célébrait la messe du dimanche. Avec l’arrivée de cinquante Philippins, la communauté revint à la vie et, il y a trois ans, elle dut faire l’acquisition d’une structure préfabriquée suffisamment vaste pour accueillir toute la communauté. “La plupart de ces migrants resteront au Japon et maintenant, nous ne pouvons plus imaginer l’Eglise du Japon sans eux affirme Mgr Tani (2).

Le diocèse d’Urawa a dû s’adapter à ces nouvelles donnes. En 2000, un jeune prêtre a été ordonné, le premier depuis treize ans. Il a été immédiatement envoyé au Brésil pour deux ans d’étude de la langue portugaise et de la pastorale brésilienne. Plusieurs prêtres du diocèse ont, de leur côté, fait l’effort d’apprendre l’anglais pour pouvoir célébrer l’eucharistie en cette langue.

Sour Haruko Ishikawa, directrice du Service des affaires sociales de la Conférence des évêques, souligne, elle aussi, l’importance de cette présence étrangère dans l’Eglise locale. “J’ai rencontré une maman qui venait de participer à un camp de vacances organisé par sa paroisse. La plupart des enfants, une vingtaine, étaient des enfants philippins. Dans vingt ans, ces enfants seront les piliers de leur paroisse”, estime-t-elle.

D’après les statistiques du ministère de la Justice publiées en 2000, le Japon compte 1,7 million de ressortissants étrangers, soit 1,3 % de la population totale. Les Coréens sont les plus nombreux : 636 000, suivis des Chinois : 336 000, des Brésiliens : 250 000 et des Philippins : 145 000. Depuis les années 1980, les descendants des Japonais jadis émigrés au Brésil “reviennent” au Japon et peuvent obtenir rapidement carte de séjour et permis de travail en tant qu’ouvriers étrangers non qualifiés. Les services japonais de l’immigration favorisent souvent ces Sud-Américains d’origine japonaise, porteurs de noms japonais, comme, par exemple, l’ancien président du Pérou, Alberto Fujimori. L’émigration japonaise vers le Brésil pour travailler dans les plantations remonte à un siècle. Leurs descendants, nés là-bas et de culture brésilienne, reviennent au Japon. Ils ne parlent pas ou mal le japonais et éprouvent souvent des difficultés à s’intégrer malgré leur ascendance japonaise. Cependant, ils sont catholiques et, au Japon, la paroisse la plus proche devient pour eux un point de repère et un havre de paix où ils aiment se retrouver.