Eglises d'Asie

Une chapelle protestante construite dans une région isolée et pauvre a été entièrement détruite par la police

Publié le 18/03/2010




Bien qu’appartenant au territoire de Hô Chi Minh-Ville, le district de Cân Gio constitue une région très isolée (1). Peu productive, la terre y est exploitée par une population paysanne pauvre. C’est là, dans le petit hameau Binh Loi, sur la commune de Binh Khanh, que depuis 1996 s’est formée une petite communauté protestante rattachée à l’Eglise évangélique. Or, selon une correspondance transmise sur le réseau Internet par le pasteur Nguyên Hông Quang (2), la petite chapelle que les fidèles avaient pu construire malgré les vexations subies par eux depuis sept ans vient d’être totalement rasée par la police. A 9 heures du matin, le 23 septembre 2003, une quarantaine de policiers, transportés par des voitures militaires, équipés de matraques électriques, d’épandeurs de gaz paralysant et de barres métalliques, ont été débarqués à hauteur de la chapelle ; après avoir bloqué complètement son accès, ils ont entrepris le saccage complet des lieux. Lorsque, quelque temps plus tard, un membre de la Commission religieuse inter-ecclésiale, appelé à la rescousse, arriva sur les lieux, les policiers s’en étaient allés après avoir achevé leur ouvre. A la place de l’ancienne chapelle, il ne restait plus qu’une accumulation de débris que les fidèles contemplaient, désolés et impuissants.

C’est en 1996 qu’un groupe de protestants évangéliques avaient commencé à se rassembler à Binh Loi dans une maison privée appartenant à Mme Lê Thi Nam. A plusieurs reprises, la police de la commune avait cerné la maison et dissous l’assemblée sous la menace des fusils. Par sept fois, la communauté protestante dut changer de lieu de culte et de rassemblement. A chaque fois, elle fut soumise aux mêmes vexations policières. Cette pression s’ajoutant à l’interdiction faite aux protestants de bénéficier d’un emprunt spécial destiné aux victimes de la famine et de la pauvreté, dans une région où 80 % des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté, poussa un certain nombre de fidèles à apostasier.

Malgré tout, tout récemment, les fidèles entreprirent d’élever une petite chapelle sur une terre appartenant à Mme Nam, avec la contribution financière de la communauté et une main-d’ouvre fournie par elle. Si le nouveau lieu de culte a réjoui les fidèles, il a suscité la colère des autorités locales. Le 12 août dernier, le Comité populaire communal publiait une décision obligeant les fidèles protestants à payer une amende et à démonter leur chapelle construite sans autorisation. Les chrétiens ont fait valoir qu’il existait une législation autorisant à construire des maisons provisoires sur une terre légalement utilisée (3), sans permission spéciale des autorités. Dans le district pauvre de Cân Gio de milliers d’habitations de fortune sont ainsi bâties, quelques fois plus importantes que la chapelle des fidèles protestants, sans que ne soit demandée ou délivrée une quelconque autorisation. Devant le refus de la communauté d’obtempérer à la décision de la commune, le 9 septembre, une commission d’enquête comportant des représentants de la Sûreté et du Front patriotique communal ainsi que des fonctionnaires de l’administration locale vint trouver Mme Nam, la propriétaire des lieux, pour lui réitérer l’ordre de démonter la chapelle. Ce fut la dernière intervention officielle avant l’opération policière du 23 septembre au cours de laquelle le lieu de culte a été entièrement rasé.