Eglises d'Asie

Uttar Pradesh : trois prêtres et de nombreux laïcs arrêtés et emprisonnés au cours d’une manifestation contre la pollution émise par une usine Coca Cola

Publié le 18/03/2010




Le 10 septembre dernier, trois prêtres de la société missionnaire de l’Inde et quelques militants laïcs ont été arrêtés et incarcérés alors qu’ils manifestaient pacifiquement devant une usine de mise en bouteilles Coca Cola implantée dans le village Mehandigani, dans l’Etat d’Uttar Pradesh. L’un des prêtres qui est président de Sajha Sanskriti Manch (Forum uni pour la culture), le P. Anand Matthew, a pris depuis plus d’un an, avec “sa troupe de théâtre des rues la tête des protestations contre la compagnie Coca Cola, accusée de saboter l’agriculture locale. Les deux autres prêtres sont responsables d’une organisation sociale appelée Lok Samiti (Comité du peuple) fondée par le dirigeant socialiste Prakash Narayan.

La campagne de protestation a culminé dans la journée du 10 septembre, date à laquelle, les manifestants, des paysans concernés, des femmes au foyer, des jeunes, des enfants, des membres d’ONG travaillant dans la région, au total quelque sept cents personnes, ont fait le siège de l’usine. Les trois prêtres étaient venus apporter leur soutien aux manifestants, en compagnie de Sandeep Pandey, détenteur indien du prix Magsaysay (1). Les agents de sécurité de la célèbre marque américaine ont brutalement réprimé la manifestation. De nombreuses personnes ont été blessées, parmi lesquelles, un dirigeant paysan, M. Nandlal, Sandeep Pandey et une femme d’une cinquantaine d’années. Cent quatre vingt neuf manifestants ont été arrêtés. Soixante-dix-sept d’entre eux parmi lesquels deux des prêtres impliqués dans la manifestation ont été incarcérés au titre des articles 107, 116 et 151 du Code pénal indien. Le troisième prêtre qui est juriste de profession, avec la collaboration d’autres avocats, a réussi à obtenir la libération sur l’honneur de ses deux confrères au bout de deux jours.

Selon les manifestants, l’usine Coca Cola de Mehandigan a été construite sur des terres agricoles. N’étant pas située dans une zone industrielle, l’établissement n’est pas relié au réseau électrique. Si bien que, pour produire leurs 15 000 bouteilles par jour, les responsables de l’usine font fonctionner jour et nuit quatre générateurs électriques, consommant chacun d’eux 365 litres de diesel par heure. Le niveau des puits et nappes phréatiques du voisinage a baissé de vingt à quarante pieds (entre six et douze mètres). Des substances polluantes se sont répandues dans le voisinage, rendant les terres infertiles. L’année dernière, les paysans ont perdu leur récolte. Les femmes engagées pour le repiquage du paddy ont contracté de graves maladies de peau. L’école du village et le cimetière musulman ont été recouverts d’une espèce de vase émise par l’usine Coca Cola.

A l’issue des événements, les militants de la région ont demandé au Bureau régional de contrôle de la pollution de pratiquer une analyse scientifique de la vase émise par l’usine Coca Cola implantée dans la région. Pour le moment, il n’y a eu encore aucune réaction de l’administration régionale.

Le P. Anand, à sa sortie de prison, s’est confié au reporter de l’agence catholique d’information SAR News et a déclaré que son court séjour en prison avec son confrère avait été une expérience enrichissante pour eux et pour le mouvement de libération économique hors de l’emprise des compagnies multinationales en faveur duquel il lutte. Les deux prêtres ont également organisé des séances de prière interreligieuse à l’intérieur de la prison.