Eglises d'Asie

Après avoir annoncé sa candidature aux élections présidentielles de mai 2004, la présidente Arroyo recherche le soutien des chrétiens des Philippines

Publié le 18/03/2010




Après avoir annoncé le 4 octobre dernier, devant une foule de 35 000 personnes, à Pampanga, berceau de sa famille, localité située à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Manille, qu’elle se présenterait aux élections présidentielles de mai 2004, la présidente Gloria Arroyo a, dès le lendemain, apparemment cherché le soutien des chrétiens des Philippines en assistant le matin à une messe célébrée par le cardinal Sin et l’après-midi à un rassemblement organisé par la fraternité chrétienne “Jesus is Lord mouvement protestant fondamentaliste fondé par Eddie Villanueva et revendiquant 1,9 millions de membres. Pour justifier son revirement – on se souvient que la présidente avait, en décembre dernier, annoncé publiquement qu’elle ne se présenterait pas devant les électeurs afin de consacrer son énergie à “guérir les divisions” de la nation philippine (1) -, la présidente Arroyo a expliqué qu’elle était prête à “sacrifier [son] ardent désir de tranquillité personnelle” pour le bien de la nation et qu’elle restait “mariée au pays”.

Le lendemain de son annonce, dans la mâtinée, la présidente, accompagnée des membres de son cabinet et de leurs familles, a assisté à une messe célébrée à la résidence du cardinal Sin, ancien archevêque de Manille. Selon un communiqué publié par ses services, cette messe “pour la paix et la réconciliation” était une “messe d’action de grâces pour la présidente”. Selon le Bureau des communications de l’archidiocèse de Manille, c’est la présidente elle-même qui a demandé au cardinal de célébrer la messe. Au mois de juin dernier, le cardinal avait dû démentir des articles parus dans la presse philippine selon lesquels il conseillait à la présidente de revenir sur son engagement de décembre 2002 pour se présenter devant les électeurs (2). Dans son homélie, le 5 octobre, le cardinal n’a pas fait directement mention de la candidature de Gloria Arroyo. Il s’est concentré sur les idéaux du peuple et de la nation philippine. Selon lui, les gens souhaitent “être fiers de leur pays et de leurs dirigeants” et veulent “voir des signes que leurs aspirations à une vie meilleure” se matérialisent. Mais, a-t-il poursuivi, tout ceci reste du domaine des “rêves” si “nous demeurons dans les abîmes de l’infidélité avant d’inviter l’assistance à demander à Dieu “de nous donner la grâce de repousser les forces qui cherchent à nous diviser, à nous plonger dans les ténèbres et la confusion, à nous conduire au désespoir et à suivre de faux prophètes et de faux leaders”.

Dans l’après-midi de la même journée, Gloria Arroyo s’est rendue au parc Rizal, situé au centre de Manille, pour assister au 25e anniversaire de la fondation de la fraternité chrétienne “Jesus is Lord”. En présence de Raul Roco, homme politique et potentiel candidat à la présidence, ainsi que d’autres membres du personnel politique du pays, la présidente s’est adressée à la foule rassemblée, son discours étant retransmis à la télévision. Affirmant qu’elle avait besoin “de l’aide et des prières” des membres de la fraternité, elle a déclaré qu’elle “servira le peuple, même si [elle] doit être ridiculisée pour cela”. Ce qui compte, a-t-elle expliqué, c’est que “j’ai changé d’avis car il existe une cause plus importante : changer la société”. Après son discours, Eddie Villanueva, fondateur du mouvement, a prié sur les deux leaders politiques, Gloria Arroyo et Paul Roco.

Les grandes manouvres pour la présidentielle étant lancées, la veille de l’annonce de la candidature de la présidente, le vice-président Teofisto Guingona Jr. ainsi qu’un important sénateur ont démissionné du parti politique de Gloria Arroyo. Dans sa lettre de démission, Teofisto Guingona Jr. justifie son geste par son désaccord avec la politique menée par Gloria Arroyo, estimant que les réformes promises par elle en décembre 2002 n’ont pas été réalisées.