Eglises d'Asie

La fin tragique d’un chrétien confirme la gravité de la persécution qui s’abat sur la chrétienté h’mong au Nord-Vietnam

Publié le 18/03/2010




Un nouveau témoignage très lourd concernant la persécution exercée par les autorités vietnamiennes sur les chrétiens évangéliques de la minorité ethnique h’mong du Nord-Vietnam vient d’être rapporté dans un communiqué publié le 1er octobre 2003 par le Centre pour la liberté religieuse, un organisme dépendant de Freedom House qui a déjà fait connaître en novembre 2000 un certain nombre de directives gouvernementales destinées à enrayer les conversions au christianisme dans les mêmes milieux des minorités ethniques du Nord (1).

Le rapport est centré sur la fin tragique d’un laïc, nommé Vang Seo Giao, animateur religieux de sa communauté, battu à mort pour avoir refusé de renoncer à sa foi. L’affaire a eu lieu dans la commune de Che La, district de Xin Man, province de Ha Giang. Le corps de la victime a été retrouvé près d’une rivière le 1er juillet 2003. Les témoins ont affirmé que les auteurs des mauvais traitements ayant provoqué la mort du chrétien h’mong étaient ivres. Une enquête menée par la Sécurité publique du district de Xin Man a conclu que Vang Seo Giao avait succombé aux coups – et non pas à une ingestion abusive d’alcool comme l’ont prétendu ensuite les autorités locales. Une lettre envoyée par le frère de la victime à l’Eglise évangélique du Vietnam à Hanoi donne la liste des noms de huit témoins des faits et des trois responsables de la mort de Vang Seo Giao, qui sont respectivement le président du Comité populaire de la commune, le secrétaire de la section locale du Parti communiste et l’officier de garde de la commune (2). Cependant, le porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères a affirmé que toutes ces informations étaient fabriquées et pétries de mauvaises intentions.

Vang Seo Giao était, depuis le 31 janvier 1990, membre du Parti communiste, à un haut niveau puisqu’il était secrétaire de cellule. Il s’était plus tard converti au christianisme et avait rejoint l’Eglise évangélique du Vietnam. Selon les divers rapports, il s’est vu infliger cette fin tragique à cause de sa qualité de dirigeant et de l’influence exercée par lui sur la population. Les autorités locales auraient menacé la population de faire subir le même sort à deux autres dirigeants chrétiens du même district de Xin Man, s’ils continuaient d’adhérer au christianisme.

Au mois de février précédent, une unité de police était venue dans ce district pour y mener une campagne anti-chrétienne. Ils étaient passés de maison en maison incitant les habitants à signer un engagement écrit à renoncer au christianisme, qualifié de religion illégale. Le texte de l’engagement précisait qu’en cas de refus, ils subiraient de lourdes sanctions prévues par la loi. L’engagement impliquait encore le rétablissement de l’autel ancestral dans la maison selon les coutumes et les traditions du peuple h’mong (3). Aux chefs de famille qui signaient la renonciation, étaient offerts des tôles pour les toitures des maisons ou de l’argent.

Le rapport de Freedom House ajoute que des rapports postérieurs sont venus confirmer la persécution qui frappe les chrétiens h’mong, particulièrement des membres du Parti communiste, dans ce même district mais aussi ailleurs et dans d’autres provinces. Le même organisme avait déjà fait état de la mort d’un autre militant chrétien, Mua Bun Senh, le 7 août 2002, dans la province de Lai Châu. La mort avait eu lieu à la suite de mauvais traitements infligés à la victime par la police du lieu qui essayait de lui arracher une renonciation à sa foi.