Eglises d'Asie

L’évolution de la catéchèse et du personnel enseignant dans le plus grand diocèse du Vietnam

Publié le 18/03/2010




Un article publié dans Catholicisme et Nation (1) à propos du plus grand diocèse du Vietnam, Xuân Lôc, illustre le considérable développement que connaît l’enseignement religieux dans l’Eglise catholique au Vietnam depuis un peu plus de dix ans, ainsi que les problèmes que cette évolution ne manque pas de poser aux responsables du diocèse. En particulier, l’article procède à l’inventaire des moyens à la disposition de cette catéchèse et du personnel auquel l’Eglise peut confier cette tâche.

Ce diocèse, qui, selon les statistiques de 2001 (2), abrite la plus grande concentration de chrétiens du Vietnam, soit 908 600 fidèles pour une population totale de près de trois millions d’habitants, avait été créé en 1965 pour faire vivre ensemble les vieilles chrétientés du Sud avec de nouvelles paroisses fondées pour accueillir des catholiques ayant fui le Nord-Vietnam en 1954. Les statistiques montrent que, d’une façon générale, le travail pastoral y est devenu de plus en plus prenant. En 1965, chacun des prêtres du diocèse avait, en moyenne, la charge pastorale de 1 189 fidèles. Ce dernier chiffre s’était élevé à 1 828 en 1975 pour parvenir à 3 726 actuellement, progression qui illustre éloquemment l’étendue de la tâche que le clergé est censé accomplir. L’instruction religieuse est, sans conteste, aujourd’hui, la part la plus importante de cette tâche, à laquelle collabore un personnel laïc nombreux et souvent compétent mais sur lequel les responsables du diocèse s’interrogent.

L’instruction religieuse est, en effet, devenue peu à peu une activité exigeant une dépense considérable aussi bien en personnel qu’en locaux pour l’enseignement. Après le changement de régime de 1975, un contrôle strict du gouvernement a pendant un temps cantonné l’enseignement religieux à l’intérieur des églises, ouvertes à cet effet le dimanche seulement. Cette limitation a disparu progressivement avec la mise en place de la politique du “dôi moi” (politique du renouveau) à la fin des années 1980. Les classes de catéchismes se sont multipliées et, avec elles, les salles réservées à cet effet. La totalité des paroisses du diocèse ont construit des locaux réservés à l’enseignement religieux. Beaucoup se sont remarquablement équipées et il n’est pas rare de voir des immeubles de trois ou quatre étages entièrement réservés à cet usage.

Si la place ne manque plus, le personnel enseignant quant à lui est plus difficile à recruter. Il faut dire que les besoins sont de plus en plus pressants. Chaque âge, de 6 à 18 ans, ayant besoin d’une classe, chaque classe ne pouvant raisonnablement compter plus de trente à quarante élèves, c’est à trente ou quarante cours de catéchisme que doit faire face une paroisse. Pour chacun, il faut trouver un enseignant. C’est ainsi que la plupart des paroisses se sont constitué une équipe importante de catéchistes et, pour cela, ont eu le plus souvent recours à des jeunes, bien souvent des étudiants. Cependant, l’emploi du temps chargé de ces derniers ne les laisse disposer que d’un temps limité, d’autant que, bien souvent, ils poursuivent leurs études dans les universités de Hô Chi Minh-Ville. Lorsque vient l’époque des examens, ils ne peuvent plus assurer de cours réguliers.

Certaines paroisses ont préféré s’appuyer sur des catéchistes adultes, des personnes en charge de famille jouissant de certains loisirs. Malgré cela, leur disponibilité, elle aussi, est limitée et ils sont souvent dans l’impossibilité de suivre de près les activités des enfants. Ils se contentent d’assurer leur cours à l’heure dite sans se mêler aux autres activités, que ce soit le chant, la danse ou d’autres activités collectives, comme pourraient le faire des enseignants plus jeunes.

Devant les données exposées ci-dessus, les responsables du diocèse en sont aujourd’hui à réfléchir à la manière dont ils pourraient normaliser la catéchèse dans le diocèse et donner une certaine cohésion à l’immense corps enseignant au service de la formation religieuse des fidèles du diocèse. Selon les statistiques de l’année 2001, ils sont 9 000 et tous volontaires. Faut-il des spécialistes de la catéchèse peu préparés à animer des activités collectives ? Ou faut-il exiger des enseignants qu’ils soient experts dans les deux domaines ?