Eglises d'Asie

Moluques : la mise en terre des restes du premier évêque catholique d’Amboine, dont la tombe avait été profanée il y a quelques années, est perçue comme un signe du retour durable à la paix

Publié le 18/03/2010




Le 21 septembre dernier, Mgr Petrus Canisius Mandagi, évêque du diocèse catholique d’Amboine, a présidé une messe de requiem dans le village d’Ahuru, situé au sud d’Amboine, chef-lieu de la province des Moluques. Devant une foule d’un millier de catholiques, venus des sept paroisses de l’île d’Amboine, et de nombreux fidèles protestants et musulmans, Mgr Mandagi a ensuite porté en terre les restes du premier évêque d’Amboine, Mgr Jacques Grent, missionnaire du Sacré-Cour d’origine hollandaise, évêque d’Amboine de 1961 à 1965.

Durant les années 1999 à 2002 qui ont vu les Moluques ensanglantées par un violent conflit intercommunautaire (1), opposant chrétiens et musulmans, la tombe de Mgr Grent avait été profanée et ce n’est que il y a quelques mois que ses ossements avaient pu être rassemblés et mis à l’abri. S’adressant à la foule rassemblée, Mgr Mandagi a déclaré que cet événement était l’occasion pour les Moluquois de se rappeler que les violences qui ont fait plus de 6 000 morts étaient désormais derrière eux. “La mise en terre des restes de Mgr Grent est le signe que les catholiques font face à la violence qui a ravagé les Moluques avec amour a-t-il déclaré, expliquant que la profanation de la tombe avait été un produit de la violence mais que le nouvel enterrement de l’évêque était le signe que les catholiques ne cherchaient pas à répondre à la violence par la violence.

Selon le P. Böhm, responsable du Centre de crise du diocèse d’Amboine, dans le cimetière où reposait le cercueil de Mgr Grent se trouvaient quinze tombes. Seule celle de l’évêque a été profanée, probablement, suppose le P. Böhm, parce qu’elle était plus imposante que les autres et que les émeutiers espéraient y trouver des objets précieux. Les autres tombes n’ont pas été ouvertes, seules les croix qui les surmontaient et qui portaient le nom des défunts ayant été mises à terre.

Pour Mgr Mandagi, la cérémonie du 21 septembre marque également le respect que les catholiques du diocèse témoignent au service des missionnaires à Amboine. Mgr Grent avait été ordonné à la prêtrise en octobre 1914 aux Pays-Bas et arriva en 1921 à Langgur, à 500 km. au sud-est d’Amboine, où il travailla comme enseignant. Le pape Pie XII le nomma vicaire apostolique de la Nouvelle Guinée hollandaise le 31 août 1957. En janvier 1961, il devint le premier évêque du diocèse d’Amboine avant de prendre sa retraite quatre ans plus tard. Mgr Grent est mort à l’âge de 94 ans à l’hôpital St. Carolus de Djakarta le 11 août 1983 et sa dépouille fut transportée par avion jusqu’à Amboine pour être enterrée à Ahuru.