Eglises d'Asie

Un prêtre catholique de Davao a été nommé au sein de la commission chargée d’enquêter sur l’implication de responsables politiques et militaires dans des attentats commis à Mindanao

Publié le 18/03/2010




En septembre dernier, le P. Pedro Maniwang, curé de la paroisse Santa Ana, à Davao, sur l’île de Mindanao, a été informé par le gouvernement philippin que la présidente Gloria Arroyo l’avait nommé pour faire partie de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les accusations portées par de jeunes officiers de l’armée selon lesquelles de hauts responsables militaires et politiques sont les instigateurs d’attentats sanglants commis à Davao City en mars et en avril 2003. Le 27 juillet dernier, un groupe de jeunes officiers avait pris le contrôle durant une vingtaine d’heures d’une partie du centre financier et commercial de la capitale, à Makati City, pour dénoncer le fait d’avoir été contraints d’obéir à des ordres contraires à la morale (1). Ils accusaient Angelo Reyes, alors ministre de la Défense, et le général de brigade Victor Corpus, alors chef des services de renseignement de l’armée, d’avoir orchestré les attentats commis à l’aéroport de Davao, sur les quais du port de Davao et contre des mosquées de la ville, attentats qui ont fait trente-sept morts (2), pour justifier le classement de la rébellion musulmane de Mindanao comme organisation terroriste et des demandes accrues d’aide militaire aux Etats-Unis.

Le 30 septembre dernier, le P. Maniwang et les quatre autres membres de la commission – un sous-secrétaire d’Etat à la Justice, un juge à la retraite, un avocat musulman et un homme d’affaires – ont prêté serment au palais présidentiel. Le P. Maniwang s’est déclaré “un petit peu surpris” d’avoir été choisi pour siéger au sein de la commission, s’interrogeant sur les raisons de ce choix. Selon le porte-parole de la commission, le sous-secrétaire d’Etat à la Justice Jose Calida, le prêtre a été placé là car il est une personnalité respectée à Davao City et il pourra donner crédit au caractère impartial du travail de la commission. “En tant que prêtre, il ne doit rendre des comptes qu’à Dieu a-t-il déclaré. Quelques semaines auparavant, le 16 août dernier, à l’occasion d’une assemblée interreligieuse organisée à Manille, Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao, avait annoncé avoir été pressenti pour faire partie de la commission mais avoir décliné l’offre. “Quelles que soient les conclusions de la commission, qu’elle déclare les responsables militaires coupables ou non coupables, des factions mécontentes pourraient perturber mon travail dans l’archidiocèse avait-il alors expliqué.

La commission, installée officiellement le 1er octobre, a trente jours pour rendre ses conclusions. Selon certains commentateurs philippins, le travail de la commission est dès le départ biaisé. En effet, si Victor Corpus et Angelo Reyes ont l’un et l’autre été obligés de démissionner de leurs fonctions une fois l’affaire devenue publique, leur nomination par la présidente Arroyo à des postes de responsabilités leur permettra d’exercer des pressions en leur faveur. Le 1er octobre, la présidente a nommé Angelo Reyes ambassadeur extraordinaire pour les affaires de contre-terrorisme et Victor Corpus responsable du Service des relations civiles des Forces armées des Philippines.