Eglises d'Asie

Une recrudescence des violences dans le Cachemire indien menace les progrès vers la paix déjà réalisés entre l’Inde et le Pakistan depuis avril 2003

Publié le 18/03/2010




Un article de Ahmed Rashid publié par la revue Far Eastern Economic Review (1) fait remarquer que les récents événements de l’Irak et de l’Afghanistan ont occulté pour l’opinion mondiale le regain de violence qui a envenimé ces temps derniers les relations entre le Pakistan et l’Inde. Après la main tendue par le Premier ministre indien Atal Behari Vajpayee en avril dernier, les deux pays s’étaient engagés dans une série d’initiatives pacifiques (2). La recrudescence actuelle des actions violentes sur le territoire du Cachemire sous juridiction indienne risque de mettre un terme à ce rapprochement et a déjà détérioré le climat des relations entre les deux pays, comme en ont témoigné les reproches qu’ils se sont adressés lors de la réunion annuelle des Nations Unies.

Au cours du mois de septembre écoulé, plus de 350 personnes sont mortes lors d’attaques de militants islamiques dissidents sur des cibles civiles ou militaires aussi bien que pendant les opérations des forces indiennes de sécurité. La reprise des violences a suivi la mort du commandant rebelle Ghaei Baba, tué lors d’une opération militaire à Srinagar le 30 août dernier. C’est alors qu’ont repris les duels d’artillerie entre Inde et Pakistan au dessus de la ligne de contrôle qui divise le Cachemire. Le gouvernement indien accuse des militants basés au Pakistan d’être à l’origine de ce regain de violence. Il affirme que, le 19 septembre, ses troupes ont mis hors de combat quinze de ces guérilleros qui venaient de passer la ligne de contrôle. Pour sa part, le Pakistan se contente de déplorer ce nouveau départ des activités agressives de la rébellion musulmane du Cachemire. Cependant, certains observateurs craignent que les militaires pakistanais, frustrés de l’absence de progrès du dialogue avec l’Inde, ferment les yeux sur les déplacements des rebelles musulmans qui effectivement traversent la frontière. Mais, selon d’autres observateurs, si la situation peut, à tout moment se dégrader, elle n’a pas pour le moment atteint son point de rupture. Ainsi Teresita Schiffer, experte au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, estime que l’escalade dans la violence ne doit pas être identifiée à un état de guerre. Elle souligne que les récents attentats de Bombay (3) n’ont pas conduit à une mobilisation des troupes indiennes. Elle n’exclut pas, pourtant, que d’autres attentats n’entraînent des réactions plus violentes.

L’année dernière, les deux puissances nucléaires, l’Inde et le Pakistan s’étaient pratiquement engagés dans la guerre. Sous la pression des Etats-Unis, le président Pervez Musharraf avait promis d’empêcher les rebelles de traverser la frontière pour entrer dans le Cachemire indien. L’Inde soutient que le président pakistanais n’a pas tenu ses promesses. Il faut pourtant reconnaître qu’il a ouvert la porte à de possibles négociations, en restaurant les relations diplomatiques, en rétablissant le service de bus entre les deux pays. Il reste encore à relancer les communications ferroviaires et aériennes. Malgré cela, jusqu’à présent, l’Inde n’est pas convaincue de la sincérité de Musharraf dans son engagement à empêcher le franchissement de la frontière par les rebelles islamiques. Elle refuse de s’accorder sur un ordre du jour et un programme de négociations. Elle ne veut s’engager dans la paix que pas à pas et lentement.

Trop lentement pour le Pakistan qui lors de la réunion annuelle des Nations Unies, le 24 septembre dernier, tout en réitérant son offre de cessez le feu, a accusé l’Inde de lui refuser le dialogue. Dans son discours aux Nations Unies, les jours suivants, le Premier ministre de l’Inde a considéré que l’offre de cessez-le-feu du Pakistan équivalait à une reconnaissance du soutien qu’il accordait à la rébellion musulmane. Cependant, il a accordé plus tard que beaucoup de différends entre les deux pays pouvaient désormais être réglés dans le dialogue.