Eglises d'Asie

Conformément à un usage déjà ancien, des prêtres de Goa continuent à être envoyés en mission dans diverses parties du monde

Publié le 18/03/2010




Voilà déjà longtemps que l’archidiocèse de Goa, où la communauté catholique constitue encore aujourd’hui 30 % d’une population qui compte 1 300 000 habitants, envoie des prêtres en mission dans un certain nombre de pays étrangers. Aujourd’hui encore le clergé de Goa continue de s’expatrier dans différents pays, mais la situation à laquelle il doit faire face a considérablement changé. A l’époque de la domination portugaise de 1510 à 1961, les prêtres de Goa partaient en mission dans le monde entier mais plus spécialement dans les anciennes colonies portugaises comme le Brésil, en Amérique du Sud, ou l’Angola, en Afrique. Depuis les origines on compte même cinquante-quatre évêques originaires de Goa ayant accompli leur ministère à l’étranger dans divers continents. Vingt-cinq d’entre eux sont encore vivants.

Les pays de destination ont aujourd’hui quelque peu changé. Ainsi, au cours des derniers mois, à la demande du Saint Siège plus d’une douzaine de prêtres ont été envoyés en Europe et aux Etats-Unis. Selon le P. Peter Raposo, de la société de Saint François Xavier, le Saint-Siège a tout récemment sollicité cette congrégation pour qu’elle envoie des prêtres en Afrique et en Russie. Aux dires du secrétaire de l’archevêque, le P. Antonio Joaquim Loiola Pereira, on compte actuellement au moins soixante-dix prêtres, en séjour de longue durée à l’étranger. Environ 30 autres accomplissent en dehors de l’Inde une mission de durée limitée.

Le P. Martho de Noronha, qui a aujourd’hui 75 ans et a travaillé quatorze ans en Afrique, rapporte que la nouvelle génération de prêtres n’a plus, aujourd’hui, à faire face aux difficultés rencontrées autrefois à l’époque où l’Afrique était presque entièrement colonisée. Selon l’ancien missionnaires, la chute du colonialisme a permis de mettre un terme aux graves tensions existant auparavant. Ainsi, aux alentours de 1956, en Angola, les missionnaires originaires de Goa étaient contraints de “marcher sur une corde raide” à cause du colonialisme. Ils devaient en effet faire en sorte de n’offenser ni les résidents européens décidés à maintenir leur pouvoir ni les Africains luttant pour leur indépendance. Lors des prédications, auxquelles, a rappelé le missionnaire, assistaient les agents des services secrets portugais, les prêtres goanais devaient convaincre leur auditoire africain qu’ils étaient de leur bord, tout en persuadant le gouvernement qu’ils ne participaient à aucun mouvement anti-colonialiste. En fin de compte, les deux parties suspectaient la sincérité des prêtres missionnaires goanais. Ainsi, la chute du colonialisme a mis fin à une situation parfois difficilement supportable.

C’est une tout autre expérience qu’a réalisée plus récemment le P. Emido Pinto qui a accompli son ministère pastoral dans un certain nombre de paroisses des Etats-Unis pendant quatre ans. Pour lui, l’exigence principale de la mission contemporaine réside dans la nécessité de s’adapter, d’ajuster son propre style de vie à la culture locale pour pouvoir communiquer effectivement avec la population. Selon lui, celle-ci est facilement choquée de voir ses lacunes relevées et soulignées par des étrangers. Ainsi les prêtres de Goa aux Etats-Unis devaient, dans leurs homélies, s’efforcer de rappeler les grands principes chrétiens sans heurter la susceptibilité de la population locale.

Différentes des précédentes ont été les expériences réalisées par des prêtres de l’archidiocèse de Goa envoyés dans divers pays d’Europe. Ainsi, le P. Octavio D’Cunha qui a desservi une paroisse dans le diocèse d’Albano à 40 km. de Rome, a dû s’adapter à un type de sentiment et de comportement religieux propres à l’Italie, souvent étrangers à la culture religieuse indienne. C’est ainsi qu’il a dû persuader bien des familles que l’administration du sacrement des malades n’aggravait pas la maladie de celui qui le recevait.