Eglises d'Asie

Dans le Nord-Est de l’Inde, les responsables pastoraux se tournent vers les jeunes très touchés par le sous-emploi et tentés par l’action violente

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique du Nord-Est de l’Inde est en train de donner de nouvelles orientations à sa mission au sein de la population de la région, affectée par le sous-emploi et en proie à une violence due aux divers mouvements de guérilla opérant sur ce territoire. C’est à cette fin qu’une Conférence pastorale s’est tenue, du 29 septembre au 4 octobre dernier, à Shillong dans l’Assam, qui a réuni les évêques des onze diocèses du territoire ainsi que soixante-dix responsables catholiques. Les participants de la Conférence ont essayé de mettre en place une stratégie susceptible de donner une réponse aux divers problèmes qui se posent à la jeunesse. Les travaux de la Conférence ont fait apparaître les deux exigences principales qui s’imposaient à l’Eglise dans cette région. Il est urgent pour elle d’intensifier son travail auprès des jeunes en multipliant le personnel qui travaille auprès d’eux. Parallèlement, il lui faudra mettre en oeuvre dans ses écoles des programmes d’encadrement de la jeunesse susceptible de retenir celle-ci auprès d’elle.

Dans son intervention, Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de Guwahati, a expliqué que même si le problème du soin pastoral à apporter à la jeunesse se posait aujourd’hui d’une façon prioritaire aux responsables chrétiens, ceux-ci ne devaient pas se laisser intimider par les accusations des fondamentalistes hindous reprochant aux chrétiens de favoriser la rébellion. Un certain nombre de chrétiens sont en effet membres des plus de quarante groupes de rebelles exerçant leurs activités dans la région, exploitant des conflits et des rivalités ethniques et entretenant une guérilla permanente qui a déjà fait des milliers de morts. L’archevêque s’est élevé contre les accusations de soutien à la dissidence lancées par l’extrême droite hindoue contre la communauté chrétienne. “Au contraire, a-t-il affirmé, nous essayons d’apporter la paix dans la région, grâce à l’éducation pacifique que nous dispensons aux jeunes dans les écoles et d’autres forums.” L’archevêque a cependant reconnu que le sous-emploi qui touche la jeunesse du pays est responsable d’une certaine aigreur répandue dans les esprits de jeunes, qui les pousse vers la violence et la dissidence. Selon des informations qui ont été présentées au parlement indien au mois de mars dernier, le nombre de demandeurs d’emploi recensés pour les sept Etats de la région en septembre 2002 s’élevait à 2 447 200. Les entreprises industrielles sont peu nombreuses et seule l’agriculture offre des emplois en nombre limité aux jeunes. Mgr Menamparampil, qui travaille dans la région depuis près de quarante ans, a conclu que l’Eglise devait se faire un devoir de ramener les jeunes générations sur le chemin du travail et de la droiture.

La même inquiétude imprégnait les propos de Mgr Joseph Mittathany, archevêque de Imphal, un archidiocèse qui correspond à l’Etat du Manipur, où des groupes rebelles se sont spécialisés dans l’extorsion de fonds et la demande de rançons. Il s’est dit soucieux de la désillusion et de la démoralisation des jeunes de son diocèse. Pourtant les liens de l’Eglise avec cette jeunesse sont loin d’être négligeables. Elle entretient des relations serrées et suivies avec elle par l’intermédiaire de ses 2 352 écoles, ses sept collèges universitaires et ses 26 établissements de formation professionnelle. Cependant un certain nombre d’élèves abandonnent l’école en cours d’études. De plus, au sortir de l’école, beaucoup d’entre eux répugnent à revenir à l’agriculture, alors que très peu d’autres débouchés s’offrent à eux.

Le pourcentage général de chrétiens dans cette région du nord-est de l’Inde est bien au-dessus de la moyenne générale de l’Inde qui est de 2,5 %. Dans trois des sept Etats qui constituent cette région, le Meghalaya, le Mizoram et le Nagaland, les chrétiens représentent 75 % d’une population de 5 190 000 habitants. Dans les quatre autres Etats, l’Arunachal Pradesh, l’Assam, le Manipur et le Tripura, sur une population de 39 millions d’habitants, le pourcentage des chrétiens n’est que de 2 %. Les catholiques sont beaucoup moins nombreux que les chrétiens des autres Eglises.