Eglises d'Asie

Des catholiques protestent contre l’aménagement d’un golf à proximité d’un sanctuaire dédié à des martyrs de l’Eglise

Publié le 18/03/2010




Les catholiques du diocèse de Suwon (1) protestent contre le projet de construction d’un terrain de golf à proximité du sanctuaire où a été inhumé le premier prêtre martyr coréen. Ils craignent de voir menacé le site dans son environnement tant spirituel que matériel. Un millier de personnes, laïcs, prêtres et religieux opposés au projet, se sont donc rassemblés le 8 octobre dernier près du sanctuaire de Mirinae, dédié au martyr. Ils étaient conduits par Mgr Matthias Ri Iong-hoon, évêque auxiliaire de Suwon. Dans une déclaration, le P. Matthias Kang Jeong-geun, archiprêtre du doyenné d’Anseong, a confirmé l’importance de Mirinae pour l’Eglise catholique de Corée. Ce sanctuaire renferme la tombe de St André Kim Tae-gon, le premier prêtre coréen, décapité en 1846. Au bas de la colline de Gethsémani, dix-huit autres martyrs inconnus ont été inhumés et, selon le P. Kang, près de 400 000 pèlerins s’y rendent en pèlerinage chaque année.

Après une messe célébrée par Mgr Ri en l’église d’Anseong, les protestataires ont fait une marche de deux kilomètres jusqu’à la mairie pour y demander, soit l’annulation pure et simple du projet, soit le refus du permis de construire par le maire. L’administration municipale étudie actuellement, en effet, les documents fournis par la société Grandblue Construction Company en vue de construire un golf sur ce site agricole et forestier protégé. Le projet comprend un parcours de golf de 18 trous sur 13 000 mètres carrés à deux kilomètres du lieu de pèlerinage. Un parcours de six trous fonctionne actuellement à 2,5 kilomètres mais le nouveau projet devrait venir jusqu’à jouxter les aménagements du sancturaire, ceux destinés en particulier aux pèlerins handicapés.

Le P. Kang énumère dans sa déclaration plusieurs inconvénients à prendre en considération par l’administration. Le golf est considéré comme un « sport aristocratique » alors que les pèlerins sont surtout des personnes « économiquement faibles à la recherche d’un réconfort spirituel. Le développement troublera la vie simple et priante des religieux et des religieuses qui y résident. L’aménagement du golf supprimera le relief accidenté, d’où des inondations à prévoir. Les pelouses d’un golf nécessitant arrosage intensif et usage de pesticides, les réserves d’eau seront menacées et les sources polluées. Devant les manifestants, le maire a annoncé qu’il suspendrait l’étude du projet « pour une certaine période », afin de mieux approfondir les objections des contestataires. Loin d’être convaincu, Mgr Ri a aussitôt écrit une lettre aux curés doyens du diocèse, affirmant que, puisque la réponse du maire ne parlait pas d’annulation, il fallait recourir à une « plus forte protestation Il a donc envoyé aux curés des 153 paroisses du diocèse du matériel pour une vaste campagne de signatures.

La municipalité quant à elle, compte bénéficier d’une rentrée d’argent importante grâce aux taxes et impôts locaux que lui rapporterait le golfe. Elle se veut donc conciliante. « Si l’entreprise dépose une nouvelle demande de construction accompagnée de documents légaux et d’une évaluation écologique appropriée, nous devrons l’accepter. Dans ce conflit entre l’Eglise catholique et l’entreprise, nous restons neutres a déclaré un des responsables de l’administration communale, précisant que le projet de développement du site ne répondait pas aux critères d’évaluation de l’environnement du gouvernement, les espaces forestiers autour du sanctuaire étant classés zone protégée.