Devant les médias nationaux et internationaux, le nouveau cardinal donne des précisions sur les circonstances de sa nomination

“Dans l’après-midi du 1er octobre 20003, a déclaré le cardinal à la revue saïgonaise, lors de la rencontre avec le Bureau gouvernemental des Affaires religieuses, j’ai été informé que des nouvelles avaient paru selon lesquelles l’Etat vietnamien ne savait rien de la nomination effectuée par le Saint Père et qu’il ne la reconnaissait pas. Le Bureau des Affaires religieuses a affirmé que ces deux informations n’étaient pas conformes à la vérité. Il m’a proposé de lui faire un exposé pour obtenir la reconnaissance du Premier ministre et de faire connaître à la presse que tout ce qui avait été dit avant le 30 septembre 2003 n’était pas conforme à la vérité.” L’archevêque a ensuite ajouté qu’il avait rencontré les dirigeants de Hô Chi Minh-Ville qui l’avaient félicité et avaient donné des instructions pour que des laissez-passer soient délivrés à un certain nombre de prêtres qui l’accompagneraient au consistoire, à Rome, pour la remise de la barrette cardinalice. Le cardinal a encore confié avoir fait remarquer aux autorités que sa dignité nouvelle n’ajoutait ni ne retranchait rien à la charge pastorale assumée en tant qu’archevêque de Saigon. Seule la couleur de son habit changerait, passant du violet au rouge.

Aux questions de la BBC concernant les relations de l’Eglise catholique et de l’Etat vietnamien, le cardinal a d’abord répondu que, si l’on en juge à travers les événements récents, à savoir la nomination de deux évêques à Hung Hoa et à Kontum, l’acceptation du nouveau cardinal par les autorités, la présence de l’ambassadeur du Vietnam à la cérémonie de remise de la barrette, place Saint Pierre, on peut dire que les relations sont à leur sommet même si elles ont besoin d’être améliorées. Le reporter de la BBC lui rappela alors une de ses anciennes déclarations : “Alors que nous voudrions que la liberté religieuse ait la dimension d’une table, celle que nous recevons a la dimension d’une assiette pour lui demander ce qu’il pensait aujourd’hui. Mgr Mân a répliqué que c’était une question qu’il fallait poser à l’Etat.

Auparavant, dans l’interview à Catholicisme et Nation, une question avait été posée au futur cardinal concernant ses rapports avec les autorités de Hô Chi Minh-Ville pendant les cinq ans d’exercice de son ministère dans cette ville. Le prélat avait répondu que toute relation sociale passait par des hauts et des bas : des hauts, lorsque les deux parties s’en tiennent à leur dénominateur commun, à savoir le service de l’homme, objectif suprême de toutes les institutions et de toutes les activités sociales ; et des bas, lorsque les deux parties délaissent ce dénominateur commun. Alors les relations s’obscurcissent.

Après la cérémonie du 21 octobre à Rome, Mgr J.-B. Pham Minh Mân s’est embarqué pour la Califor-nie où l’attendaient diverses rencontres avec la communauté catholique vietnamienne ainsi qu’une conférence qu’il devait prononcer à Chicago. Il sera rejoint aux Etats-Unis par une délégation officielle de la Conférence épiscopale vietnamienne en visite officielle auprès de l’épiscopat américain du 7 au 14 novembre 2003. La délégation, qui comprendra quatre évêques dont le nouveau cardinal, l’évêque de Bui Chu, le président et le secrétaire de la Conférence, accompagnés d’un prêtre de Hô Chi Minh-Ville, participera à la réunion annuelle des évêques américains.