Eglises d'Asie

L’Eglise catholique critique la procédure de destitution initiée par des députés à l’encontre du responsable de la Cour suprême

Publié le 18/03/2010




Six évêques catholiques du pays, parmi les plus importants, ont publiquement déclaré ne pas être d’accord avec la procédure en destitution (impeachment) initiée par des députés de la Chambre des représentants à l’encontre de Hilario Davide Jr., président de la Cour suprême du pays. Bien qu’ayant dénoncé à de nombreuses reprises la corruption présente aussi bien dans l’Eglise que dans la société (1), les évêques estiment que cette nouvelle démarche, déclenchée le 23 octobre dernier, ne fera pas avancer la cause de la démocratie aux Philippines. Il est reproché à Hilario Davide Jr., âgé de 67 ans et nommé à la tête de la Cour suprême en 1998, d’avoir détourné des millions de pesos. Dans une lettre en date du 30 septembre adressée au président de la Chambre, Hilario Davide Jr. s’était expliqué des dépenses effectuées sous son contrôle par la Cour suprême.

Le 26 octobre, le cardinal Sin, en sa qualité d’administrateur de l’archidiocèse de Manille (2), a publié une lettre adressée au “cher peuple de Dieu” dans laquelle il dit son admiration pour Hilario Davide Jr. et son incrédulité face aux accusations portées contre lui. Le 27, Mgr Oscar Cruz, ancien président de la Conférence épiscopale, a appelé le Sénat à porter un coup d’arrêt à ce qu’il a estimé être “un assaut insidieux” contre la Cour suprême. Le 28, le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, et son clergé ont rédigé un “communiqué pastoral” dans lequel ils disent leur confiance dans “l’honnêteté, l’intégrité et la compétence” du juge. Le même jour enfin, Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao et président de la Conférence épiscopale, a estimé qu’une procédure de destitution n’était pas adaptée en la matière ; il a appelé les députés et les juges de la Cour suprême à recourir “à un dialogue respectueux afin de résoudre leurs différends”.

Selon la presse locale, la procédure en destitution initiée par une partie des députés de la Chambre a peu de chances d’aboutir étant donné son caractère probablement anticonstitutionnel. Une première procédure en destitution a en effet été initiée en juin dernier à l’encontre du président de la Cour suprême avant d’être abandonnée à l’issue d’un vote de la Chambre, le dossier ayant été estimé vide. Or, selon la Constitution, une procédure en destitution à l’encontre d’une personnalité ne peut être déclenchée plus d’une fois en l’espace de douze mois. La procédure déclenchée ce 23 octobre tomberait, selon certains experts, serait donc anticonstitutionnelle. Pour Mgr Oscar Cruz, l’action engagée contre Hilario Davide Jr. est improductive et facteur de division. Selon lui, “les Philippines semblent s’être engagées dans une voie menant à l’autodestruction”.