Eglises d'Asie

Un organisme catholique d’action sociale cherche à faire évoluer la conception qu’ont les Chinois de l’adoption

Publié le 18/03/2010




A Taiwan, un service social catholique s’efforce, non sans difficultés, de convaincre les couples candidats à l’adoption d’adopter un enfant non en fonction de leurs propres désirs de couple mais en fonction des besoins de l’enfant lui-même. Pour essayer de faire changer les mentalités, Cathwel Service a produit un film documentaire présentant la vie de neuf enfants taiwanais adoptés par cinq familles adoptives des Pays- Bas. Cathwel Service, basé à Taipei, espère que ce film aidera les Taiwanais à reconsidérer leurs idées sur l’adoption comme, par exemple, vouloir un garçon pour en faire son héritier ou simplement rejeter les enfants handicapés physiques ou mentaux.

Fan Tao-chuang, directrice du département des affaires publiques de Cathwel, a expliqué à l’agence Ucanews, le 5 septembre dernier, qu’une adoption “ouverte c’est-à-dire quand la mère ou les parents biologiques restent en contact avec l’enfant et sa famille adoptive peut être le choix le meilleur pour l’enfant. Dans l’adoption ouverte, les besoins de l’enfant sont prioritaires, ce qui l’aide à grandir dans un environnement sain. “Lorsqu’un couple adopte un garçon seulement pour en faire son héritier, il n’agit pas pour le bien de l’enfant, fait observer Fan. Nous espérons que le film le montrera. Nous ne pensons pas voir changer immédiatement les normes sociales des Taiwanais avec ce seul film. Nous savons qu’il y a un long chemin à faire pour changer certains comportements de société.”

Le film a été diffusé deux fois récemment sur des chaînes de télévision câblées. “Nous avons eu des réactions d’amis, émus par le film qui ont trouvé les familles adoptives remarquables mais sans vouloir pour autant suivre leur exemple”, indique encore Fan Tao-chuang. Le documentaire de 50 minutes montre aussi comment des filles et des enfants handicapés adoptés sont aimés et choyés par leurs nouveaux parents.

Sour Rosa Wang Chang-hui, secrétaire générale de Cathwel, explique qu’en plus de leur préférence culturelle pour les garçons, la plupart des Chinois ont tendance à rejeter les enfants handicapés ou mentalement limités : “Alors que la majorité des Chinois considère qu’avoir un fils est d’une importance primordiale, beaucoup de Taiwanais, influencés par le bouddhisme, le taoïsme et d’autres croyances propagées par des religions populaires, considèrent toute anormalité comme le résultat de mauvaises actions commises dans une vie antérieure.” Elle ajoute qu’il est extrêmement difficile de trouver une famille prête à adopter un enfant âgé de plus de six ans. De plus, la plupart des couples candidats à l’adoption à Taiwan refusent l’adoption ouverte et évitent tout contact rapproché avec l’agence par peur de devoir, un jour, voir l’enfant rencontrer ses parents biologiques. Pour cette raison, de nombreux couples taiwanais choisissent d’adopter des orphelins de Chine continentale.

Cathwel Service est une branche de Catholic Relief Services, l’agence d’aide humanitaire de la Conférence épiscopale des Etats-Unis. L’agence de Taiwan a été inaugurée en 1971 pour prendre en charge les enfants prématurés ou abandonnés et offrir abri et conseil aux mères célibataires.