Eglises d'Asie – Indonésie
A l’approche de l’année électorale 2004, des responsables catholiques appellent à la coopération politique avec les musulmans modérés
Publié le 18/03/2010
Pour le jésuite Franz Magnis-Suseno, professeur de philosophie à l’université jésuite Driyarkara de Djakarta, les catholiques ont le devoir dans l’Indonésie d’aujourd’hui de coopérer avec les musulmans qui professent des opinions socio-politiques modérées, l’avenir de la nation reposant entre les mains de ces groupes musulmans modérés. Le P. Magnis-Suseno estime que ces groupes détiendront à l’avenir un réel pouvoir et que les catholiques doivent donc s’allier avec eux pour faire barrage aux tentatives des islamistes d’introduire la charia dans le droit positif indonésien. Selon lui, il faut répondre à l’invitation que ces groupes musulmans modérés ont récemment lancée aux autres composantes de la société pour lutter contre la corruption dans le pays. “C’est une opportunité pour les catholiques, en particulier pour les membres du FMKI, de collaborer avec les musulmans modérés a-t-il déclaré.
Intervenant devant cette assemblée, le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta et président de la Conférence des évêques d’Indonésie, a quant à lui précisé le cadre dans lequel il souhaitait que les catholiques s’engagent en politique. Il est “alarmant a-t-il dit, de voir tant de partis adopter une étiquette “explicitement” religieuse. “L’objectif d’un parti politique sain est le bien public. Par conséquent, il est difficile de faire confiance à un parti politique fondé sur une religion lorsqu’il dit se battre pour l’intérêt public et non pour promouvoir les intérêts du groupe religieux dont il porte les couleurs a-t-il expliqué, ajoutant qu’à son avis, les partis politiques fondés sur une religion sont des facteurs de division politique exacerbant “la menace de désintégration” de la nation indonésienne. Fort de cette conviction, le cardinal Julius Darmaatmadja a dit apporter son soutien aux catholiques engagés en politique dès lors qu’ils s’inspirent de l’Evangile et qu’ils s’engagent “dans des partis politiques ouverts, non exclusifs et non fondés sur des principes ethniques ou religieux”.
Prenant la parole dans le même sens, Harry Tjan Silahali, homme politique catholique d’origine chinoise, actuel directeur du Centre d’études stratégiques et internationales de Djakarta, s’est dit convaincu que “tous, y compris les catholiques, devaient se sentir impliqués et coopérer” afin de résoudre les problèmes actuels du pays. Bien que secrétaire général à la fin des années 1960 et au début des années 1970 du Parti catholique, aujourd’hui disparu, il a dit sa conviction que les partis politiques confessionnels n’étaient pas adaptés et acceptables “à une époque ouverte et caractérisée par la mondialisation”.
Les préparatifs pour les élections de 2004 ont officiellement commencé. L’officielle Commission pour les élections législatives, qui auront lieu le 4 avril 2004, a agréé un total de 46 partis, appelés à se disputer les suffrages de près de 145 millions d’électeurs potentiels. On trouve parmi eux sept partis se référant ouvertement à l’islam, un au catholicisme (le Parti catholique démocratique) (1) et deux au protestantisme. Ces élections seront suivies par la première élection au suffrage universel direct du président de la République, dont le premier tour se déroulera le 5 juillet et le second tour le 20 septembre 2004.