Eglises d'Asie – Vietnam
Gia Lai : selon la presse officielle, les autorités locales auraient ramené sur le droit chemin une centaine de militants du protestantisme Dega
Publié le 18/03/2010
Le morceau de bravoure des articles est constitué par la visite des journalistes auprès de la mère et des trois frères de Ksor Kok, dans la commune de Ama Ron. Selon les rapports de la presse officielle vietnamienne, Ksor Kok, ancien membre du directoire du FULRO, s’est exilé aux Etats-Unis, où il se serait autoproclamé chef de l’Etat Dega, censé regrouper toutes les ethnies minoritaires du Vietnam. Depuis le lieu de son exil, il animerait et dirigerait le mouvement, qualifié de réactionnaire, auquel ont collaboré en tant qu’adjoints les membres de sa famille, restés au Vietnam. Mais ceux-ci, rapportent les articles de presse, grâce aux conseils de la population et des responsables des organisations de masse, ont pu se rendre compte du vrai visage de leur grand frère et du protestantisme Dega. L’un des frères, Ksor Krok, aurait avoué avoir été trompé par les promesses des réactionnaires à l’étranger, lui assurant un poste, de l’argent et la vie facile pour lui et sa famille. Il serait convaincu aujourd’hui que l’Eglise protestante Dega est une organisation réactionnaire cherchant à désorganiser l’Etat et le peuple vietnamiens. Ksor Rni, un autre frères de Ksor Kok, aurait traversé illégalement la frontière vers le Cambodge puis, à son retour, se serait repenti. Les journaux vietnamiens rapportent ainsi la manifestation de son remords : “Je sais que pour le peuple, je suis un coupable. Aujourd’hui, je déclare abandonner le protestantisme Dega et conseille à ceux qui se sont trompés de chemin d’en faire autant…” La mère de Ksor Kok, Ksor Hble, se serait également livrée à des aveux de ce type et aurait déclaré que “ses enfants s’étaient laissés convaincre par les réactionnaires au détriment du peuple” (3).
Dans ces mêmes articles, on peut trouver également le récit des visites effectuées par les journalistes, sans doute en compagnie de divers représentants du pouvoir régional, dans d’autres districts de la province, comme celui de Chu Sê. Là se trouvaient vingt-huit autres militants repentis du protestantisme Dega, répartis dans divers villages. Selon le narrateur, ils revenaient tout juste d’une période de clandestinité dans la forêt, après avoir essayé de franchir la frontière du Cambodge et étaient encore remplis de crainte. Les cadres politiques auraient analysé et révélé pour eux les sinistres desseins et les mensonges des réactionnaires utilisant la religion pour semer la division et saboter l’unité nationale.
Quoi qu’il en soit de l’authenticité de tels aveux rapportés par la presse officielle, les récits qui en sont faits illustrent l’intensité de la pression qui s’exerce aujourd’hui sur plusieurs ethnies minoritaires des Hauts Plateaux et laissent entendre que l’exode de certains habitants des Hauts Plateaux vers le Cambodge se poursuit encore.