Eglises d'Asie

L’ensemble de la hiérarchie du bouddhisme unifié a été isolé et neutralisé par la police à la suite de nouvelles élections non autorisées par les autorités

Publié le 18/03/2010




Les autorités policières s’efforcent de paralyser l’ensemble des religieux détenant un poste de responsabilité au sein de l’Eglise bouddhiste unifiée. Une série d’arrestations ont été opérées et des mesures de coercition ont été prises contre divers membre de la hiérarchie à la suite d’une assemblée extraordinaire des responsables de cette branche dissidente du bouddhisme, qui s’est tenue dans la pagode Nguyên Thiêu, au Binh Dinh, au début du mois d’octobre, avec la présence des deux personnalités les plus éminentes, les vénérables Thich Huyên Quang et Thich Quang Dô (1). Il s’est avéré plus tard que cette réunion était destinée à préparer une Conférence spéciale qui s’est tenue la semaine suivante à Melbourne, en Australie, du 10 au 12 octobre, au cours de laquelle ont été lus des messages spéciaux provenant du Vietnam et ont été proclamés les nouveaux membres du Comité exécutif du bouddhisme unifié.

Depuis cette date, selon un communiqué du Bureau international d’information bouddhiste (BIIB) (2), ce sont au total trente religieux du bouddhisme unifié qui ont été, avec condamnation officielle ou non, placés en résidence surveillée ou sanctionnés. Ils appartiennent tous au Comité exécutif nouvellement élus. Seuls quatre d’entre eux ont reçus notification d’une condamnation officielle à vingt-quatre mois de détention administrative. Il s’agit de moines bien connus : les vénérables Thich Tuê Sy, Thich Thanh Huyên, Thich Nguyên Ly et Thich Dông Tho, l’adjoint du patriarche Thich Huyên Quang, tout récemment sanctionné. Vingt-six autres religieux, parmi lesquels les plus hauts responsables, à savoir Thich Huyên Quang et son premier adjoint, Thich Quang Dô, ont été condamnés “oralement” et placés en résidence surveillée sans avoir été soumis à une quelconque forme de procédure légale. La plupart d’entre eux ont subi des interrogatoires à ce sujet et ont été invités à renoncer immédiatement aux fonctions auxquelles ils viennent d’être appelés. On signale aussi que des centaines de pagodes du centre et du sud du pays ont été placées sous la surveillance permanente de la police, lignes téléphoniques coupées, et que les fidèles étaient dissuadés d’entrer en contact avec les religieux de ces pagodes.

Les deux hauts responsables du bouddhisme unifié continuent d’être soigneusement isolés dans leurs pagodes respectives. Thich Huyên Quang, assigné à résidence dans la pagode Nguyên Thiêu, du Binh Dinh, a décidé, selon des informations recueillies par le BIIB (3), de rompre tout dialogue avec les autorités de police du Binh Dinh, après avoir été, le 9 octobre, interrogé pendant plus de huit heures et soumis à des fouilles corporelles. Son second, Thich Quang Dô, âgé de 75 ans et souffrant de diverses maladies, avait été très éprouvé par d’interminables interrogatoires, avec la police du Binh Dinh, le 8 octobre dernier, et avec celle de Nha Trang, le 9 octobre (4). Aussi bien à son retour à Hô Chi Minh-Ville, il avait été conduit à l’hôpital avant d’être placé en arrestation dans sa propre cellule monastique de son monastère de Thanh Minh Thiên. Aux dernières nouvelles, son état de santé s’est particulièrement aggravé ces derniers jours sans qu’il lui soit permis de recevoir une quelconque assistance médicale.

Par ailleurs, à Huê, le vénérable Thich Thiên Hanh, responsable de la Sangha des religieux de Huê et nouvellement nommé au poste de secrétaire général de l’Institut du clergé, a été condamné à la résidence surveillée dans sa pagode de Bao Quôc, par un ordre oral de la police locale sans qu’aucun document écrit ne soit venu attester de cette décision. Le religieux a aussitôt protesté dans une lettre où, en outre, il demande aux autorités de renoncer à toutes les mesures prises contre le bouddhisme vietnamien. Il a, par la suite, entamé une grève de la faim, à laquelle ses confrères et le patriarche lui ont demandé de renoncer.