Eglises d'Asie – Vietnam
L’EVOLUTION DU STATUT DE LA FEMME AU SUD-VIETNAM DE 1955 A 1975
Publié le 18/03/2010
I. Les femmes intellectuelles
Un premier type de femme est celui de l’intellectuelle citadine qui occupe un poste dans l’enseignement, dans la médecine, dans le journalisme, dans les milieux littéraires et artistiques. Elle est intelligente, indépendante et libre. Ce type de femme est en opposition avec l’ancienne mentalité pour laquelle l’idéal féminin se confondait avec l’accomplissement des trois règles de moralité (2) imposant à la femme l’oubli de soi-même, la soumission et l’illettrisme. Il faut noter cependant qu’il a toujours existé des exceptions remarquables qui se sont affirmées grâce à leur seul talent, telle la poétesse Ho Xuan Huong. Cependant, comme elle devait observer les contraintes très strictes de la société patriarcale, son instruction ne lui a servi qu’à divertir la postérité par des poèmes, même si ceux-ci portaient en eux un message d’émancipation de la condition féminine.
La réforme de la scolarité menée par les gouvernements successifs de la République du Vietnam (RdV, 1955-1975) a permis aux citadines d’entreprendre des études supérieures, avec en corollaire la possibilité d’accéder à de nouvelles carrières et à des perspectives d’avenir. Pour elles, s’instruire reste le moyen le plus efficace et le plus rapide de se libérer du « carcan » de la famille mais aussi de se rendre maîtresses de leur vie sociale en assurant leur indépendance financière. Désormais pour la jeune fille avant son mariage se pose la question de la « dot scolaire étrange notion que l’on pourrait qualifier de réminiscence de la tradition dans l’évolution en cours. Autrefois, pour marier un fils, les parents lui cherchaient une jeune fille appartenant à une famille de même rang social qui pouvait assurer à leur fille une dot de mariage très importante. C’est dans cet esprit que la « dot scolaire » est recherchée, une dot qui se concrétise dans le salaire ou dans la rémunération dont bénéficie l’intellectuelle urbaine. Cette dot scolaire fait partie également des conditions espérées pour fonder le bonheur conjugal, permettant à la jeune fille de faire un bon mariage et d’agrandir son espace social par les connaissances de son conjoint. Une promotion professionnelle est possible pour les deux partenaires du couple grâce à la mise en commun de leurs relations. C’est dans le cadre de cette réciprocité que, par exemple, la femme de lettres Tuy Hong, qui vit de son métier d’enseignante à Hue, adopte les activités de son mari, l’écrivain Thanh Nam. Elle s’installe avec lui dans sa ville de Saigon, écrit pour les revues telles que Nghe-Thuat, Van ou Van-De et devient une femme écrivain professionnelle.
La « dot scolaire » est aussi un dérivé des nouveaux progrès de la liberté démocratique offrant la même éducation à tous les citoyens sans distinction. On peut en trouver une illustration dans l’élévation constante du nombre d’étudiantes dans les diverses facultés du pays au cours des années scolaires (3), de 1961 à 1971.
La présence féminine dans les divers secteurs d’étude n’est pourtant pas uniforme. Elle est majoritaire dans les lettres et se montre prédominante dans le domaine littéraire véhiculé par l’écriture nationale, le quoc ngu. Cette préférence des étudiantes pour la littérature vietnamienne expliquera l’apparition d’un nombre important de femmes écrivains dans les années 1960 et 1970. Pour les études de droit, l’effectif des étudiantes est en considérable augmentation. Il reste largement supérieur à celui des études médicales et dentaires, dévoilant peut-être le souhait inavoué des femmes de participer à l’organisation de la vie communautaire et de leur désir de connaître les droits et les devoirs qui leur sont afférents. Les sciences, la pharmacie et la pédagogie attirent aussi les étudiantes avec un succès plus prononcé pour les premières, démontrant un esprit ouvert vers la connaissance pure.
D’ores et déjà, les lettrées concurrencent les hommes pour les postes importants et affirment leur autonomie en bousculant les usages de la société, notamment dans le domaine du théâtre et de la politique qui étaient autrefois les secteurs de prédilection des hommes. Durant cette période, les femmes du Sud-Vietnam s’affirment et jouent un rôle important dans la société civile. Il n’est donc pas étonnant de voir émerger des mouvements féministes comme le « Mouvement des femmes solidaires » (Phong trao phu nu lien doi), les « Forces des femmes semi-militaires » (Luc luong phu nu ban quan su), le « Mouvement des femmes qui revendiquent leur droit de vivre » (Phong trao phu nu doi quyen song), où les femmes affirment leur prise de position politique. De plus, elles deviennent maintenant capables d’attirer à elles les voix des électeurs pour les représenter à l’Assemblée nationale, telle, par exemple, la poétesse Kieu Mong Thu, députée de la circonscription de Thua Thien en 1967.
Les citadines participent activement aux associations à but non lucratif, autrefois le domaine exclusif des religions. Ce choix illustre d’une certaine manière le nouveau profil de la femme vietnamienne qui se veut un soutien affectif pour les siens mais, en même temps, désire aussi exister à l’extérieur de sa famille. Il faut citer à ce propos des associations telles que l’« Association des femmes médecins du Vietnam » (Hoi nu Y-si Viet-nam), l’« Association de la protection des familles de soldats et d’officiers » (Hoi bao tro gia-dinh binh si), l’« Association des guides vietnamiennes » (Hoi nu Huong Dao Viet-namle « Groupement des Vietnamiennes dans les actions culturelles et sociales » (Tap doan phu-nu van-hoa xa-hoi Viet-nam) et l’« Association de la défense de la dignité humaine et des intérêts des femmes vietnamiennes » (Hoi bao ve nhan pham va quyen loi cua phu nu Viet-nam).
En ce qui concerne les activités intellectuelles et artistiques, les femmes essaient de rivaliser de talent avec les hommes. A côté des cénacles de poètes tels que « Tao Dan » dirigé par Vu Hoang Chuong ou « Bach Nga » de Nguyen Vy, existaient aussi des groupes comme « Thi doan Quynh Dao » (groupe de poétesses) qui comprenait vingt membres, dont la plus âgée était Cao Thi Ngoc Anh et la plus jeune, Tran Thi Tue Mai. Des femmes peintres comme To Oanh, To Phuong, Be Ky et d’autres ont, à l’époque, enrichi la peinture du pays par des ouvres aux sources d’inspiration variées.
Se firent connaître également dans le journalisme Nguyen Thi Vinh (rédactrice en chef de la revue Tan Phong et directrice de la revue Dong Phuong), Nguyen Thi Loan (directrice du périodique Tieu Thuyet Thu Nam), Do Phuong Khanh (en collaboration avec Nhat Tien pour diriger le magazine « L’enfance » (Thieu Nhi), But Tra (directrice du journal Sai Gon Moi), Minh Duc Hoai Trinh (journaliste), etc.
Pour ce qui est de la publication et la distribution de leurs ouvres, les écrivains n’ont plus à subir le « diktat » des grandes maisons d’édition. Ils veulent continuer à produire des ouvrages de qualité tout en s’efforçant de supprimer la majorité des intermédiaires entre eux et le lecteur, pour mieux communiquer avec celui-ci. Ils s’organisent et fondent de petites sociétés familiales en vue de maîtriser eux-mêmes l’édition, l’impression, la diffusion et la vente de leur production. En ce domaine, les femmes écrivains ne laissent pas le monopole à leurs confrères. Comme eux, elles fondent leurs maisons d’édition. Parmi les plus connues : Hoang Dong Phuong dirigé par Nguyen Thi Hoang, Thuong Yeu par Nha Ca, Anh Em de Nguyen Thi Vinh, Kim Anh, Hong Duc et Ke Si de Thuy Vu.
La réussite sociale des intellectuelles fut également leur réussite professionnelle. En cela, elles étaient dans le droit fil d’une tradition qui a marqué l’histoire littéraire de leur pays. Dans le passé, la poétesse Doan Thi Diem (XVIIIe siècle) avait consacré son talent à des activités littéraires qui restèrent en marge de l’enseignement qu’elle dispensa en priorité à ses élèves. Il en fut de même pour les poétesses Ho Xuan Huong (XVIIIe siècle), Ba huyen Thanh Quan (XIXe siècle) et Suong Nguyet Anh (début du XXe siècle), dont les productions poétiques leur permirent d’être connues dans le milieu intellectuel. Ces lettrées formées à l’école classique, plus ou moins influencées par la prosodie empruntée à la culture chinoise, excellèrent seulement dans l’art poétique.
Dans le contexte de la première partie du XXe siècle, le nombre de femmes écrivains est resté très modeste. Dans son chapitre sur littérature du Vietnam d’avant-guerre (van-chuong tien chien), Vu Ngoc Phan (4) n’en cite qu’une, Thuy An. Mais vinrent plus tard d’autres femmes de lettres comme Nguyen Thi Vinh et Linh Bao présentées dans les années 1950 par Nhat Linh, fondateur du groupe « Tu-luc van-Doan En général leur inspiration n’a pour but que de satisfaire un plaisir esthétique et aussi de relater ce qui se passe autour d’elles. Par exemple, les productions de Thuy An et Linh Bao décrivent les conditions de vie féminine avec le regard objectif de l’observateur. Pour Nguyen Thi Vinh, la littérature ne fut qu’une activité secondaire parallèle, indépendante de ses occupations journalistiques.
C’est à partir des années 1960 que les femmes écrivains commencèrent à vivre de leur plume. L’écriture pour certaines devint une activité professionnelle à part entière. Elles commencèrent à produire des romans-feuilletons et des nouvelles dans les magazines et dans les journaux. Leurs travaux donnent satisfaction à un public avide de nouveautés et font accéder aux ouvres littéraires de nouveaux lecteurs, parmi lesquels de nombreuses femmes qui se mettent à consommer des romans. La littérature accélère le mouvement de l’évolution de la condition féminine. Avec assurance, ces femmes écrivains découvre aux lecteurs leurs sentiments, leurs désirs intimes, leurs pensées, leurs soucis et leur lassitude de la vie : le monde des citadines est ainsi sincèrement dévoilé par les femmes écrivains.
Thuy Vu n’hésitait pas à faire découvrir au public l’univers des prostituées, leur inquiétude devant la fuite du temps mais aussi leur crainte pour une vie sans avenir dans « Chatte de nuit » (Meo dem) et « Se lancer dans le feu » (Lao vao lua). Tuy Hong avec ses nouvelles intitulées « Soupir » (Tho dai) et « Sincérité » (Long thanh), exalte l’amour sous de multiples formes qui vont du besoin et du désir insatisfait jusqu’à la violence passionnelle. Nguyen Thi Hoang, à travers ses romans « Dans les bras de mon élève » (Vong tay hoc tro) ou « Un certain âge à Saigon » (Tuoi Saigon), s’intéresse aux amours inachevées et impossibles des gens aisés des villes ayant adopté un mode de vie importé d’Occident.
Trung Duong entreprenait un voyage à l’intérieur de l’âme d’une jeunesse déroutée. Dans cette étude, les jeunes se laissent aller et les personnages féminins dans « Marcher en levant les yeux » (Vua di Vua nguoc nhin) et dans « La pluie ne mouille pas la terre » (Mua khong uot dat), parlent de l’amour et le réduisent à des actes simples. Quant à Nha Ca, elle s’inspire de la guerre pour faire ressortir les conditions de vie de femmes, leur vie sentimentale avec des passions, des envies dans « Des ombres sur la vie d’une jeune fille » (Bong toi thoi con gai) ou dans « Les canons tonnent la nuit » (Dem nghe tieng dai bac). Plus tard, Nguyen Thi Ngoc Minh, Le Hang ou Tran Thi Ng. H. quittent le côté pragmatique de l’amour pour exploiter avec hardiesse la fraîcheur des amours adolescentes. Cependant, Nha Ca décidera de changer de source d’inspiration en publiant des écrits qui se veulent idéalistes et éducatifs à l’usage des jeunes garçons et jeunes filles. Elle les invite à résister aux tentations d’une société de consommation qui sous-entend la consommation du sexe, notamment à travers « Midi pour les tuniques blanches » (Trua ao trang).
Van Trang se spécialisa dans des nouvelles ayant pour sujet la vie champêtre mais aussi l’éducation des enfants en bas âge. Mong Trung, sa sour, s’est fait connaître à travers une série d’articles intitulés « La musique vietnamienne à l’extérieur » (Nhac Viet tren xu nguoi) publiés dans la revue Bach-Khoa (5). Mong Trung dévoila également la situation complexe engendrée par les « Mariages avec des étrangers » (Hon nhan di chung). En outre, Minh-Duc Hoai-Trinh et ses reportages sur les modes de vie des pays où elle a vécu (6) ont retenu l’attention d’un public assoiffé de connaissances venues de l’étranger.
La plupart de ces femmes de lettres, malgré les contraintes plus ou moins importantes exercées sur elles par une société encore patriarcale, sont parvenues à dévoiler avec franchise les multiples aspects du monde des femmes, passant de l’amour à la haine, de la noblesse du cour à la bassesse d’esprit et à l’égoïsme, de l’espoir et de la confiance à la lassitude et au laxisme dégradant. L’exploration par les femmes écrivains des thèmes, des formes, des symboles ou des discours qui ont formé la trame du processus d’évolution sociale a été légitimée et récompensée par des prix attribués par des groupes d’écrivains de prestige (7) ou par le gouvernement en place. Dans cet esprit, le prix littéraire couronne la réussite dans l’ordre symbolique des femmes écrivains. Ce succès a pu se traduire sur le plan économique par des retombées financières appréciables. Même si une telle renommée reste éphémère pour chaque lauréate, en partie à cause du renouvellement continu des prix, elle a pour une part contribué à transformer le monde féminin en « vivier » de lettrées. En effet, leur succès s’est affirmé avec des ventes des publications sous forme de romans-feuilletons et de recueils de nouvelles.
L’évolution du statut des intellectuelles citadines est allée de pair avec le développement de la production littéraire. Mais furent-elles capables d’assurer la prospérité et le bonheur de leur propre famille ? La réussite littéraire s’est-elle substituée à la vocation de mère de famille ? Obligées de choisir entre la vie sociale et la vie familiale, certaines, comme Trung Duong (8), ont donné la priorité à la seconde. Bien qu’émancipées, elles ont souvent gardé l’esprit de la tradition en ce qui concerne les responsabilités parentales à l’égard des enfants. Ainsi, Nha Ca, lors d’une interview de Le Phuong Chi sur la conjoncture actuelle et le travail de création des femmes écrivains (9), affirma attacher plus d’importance à sa famille qu’à sa réussite littéraire. Minh Quan (10elle aussi, a partagé les avis de ses consours. Pourtant, cette femme écrivain a voulu encore aller plus loin dans la répartition des rôles au sein du couple, en empiétant sur le domaine masculin grâce à son habileté dans le bricolage domestique. Elle répare des meubles, fait de la peinture ou rebouche un mur troué par des balles, démontrant que ces menus travaux sont visibles et productifs. De telles activités créent immédiatement des produits à valeur d’usage qui ne rentrent pas dans le circuit des échanges de marchandises sur le marché mais qui mettent en valeur l’efficacité féminine, un des critères de la réussite dans la société contemporaine.
Malgré son émancipation et la reconnaissance de son identité, l’intellectuelle urbaine attache plus d’importance à ses devoirs au sein du foyer qu’à sa vie professionnelle. Les lettrées vietnamiennes de l’époque de 1955-1975 conservent encore les qualités préconisées par l’éthique traditionnelle : elles sont responsables de l’éducation des enfants, laborieuses et débrouillardes pour aider leur mari à subvenir aux besoins des leurs et à fonder ainsi leur bonheur familial.
II. Femmes de condition modeste
Le deuxième type de femme, le plus souvent rencontré à cette époque, avait moins de possibilités et de moyens pour faire valoir ses droits contrairement à sa consour intellectuelle. La femme de condition modeste ne bénéficie pas d’une instruction aussi poussée que celle qu’elle aurait pu recevoir dans une famille plus favorisée. Ses chances de s’élever socialement restent minimes. L’issue la plus heureuse pour elle serait d’épouser un mari plus fortuné. Si elle n’a pas cette chance, sa vie sera partagée entre des responsabilités familiales dans son foyer et un travail à l’extérieur.
La littérature contemporaine nous a laissé quelques images typiques de femmes issues des milieux défavorisés perpétuant les traditions d’abnégation féminine et de soumission à leur conjoint qui parfois les maltraite. Celles-ci ne bénéficient pas, à l’inverse des intellectuelles urbaines, des acquis de l’émancipation féminine. La nouvelle « Une marmite de compote liquide de doliques noirs et le chien affamé » (Noi che den va con cho doi) de Le Van (11) met en évidence la situation de madame Tu qui s’épuise au travail, son mari ne gagnant pas assez pour couvrir les besoins de sa famille. Ses conditions de vie étroitement liées à celles de son époux la font vivre dans une misère noire dont elle a du mal à sortir. Son courage et le dévouement total qu’elle manifeste à l’égard de son foyer sont le pendant du labeur acharné fourni par son mari sur son lieu de travail. Elle correspond à l’image traditionnelle de la Vietnamienne avec les qualités qu’on lui attribue, telles que le sacrifice, la patience, le courage et l’endurance.
Un deuxième modèle de citadine pauvre est présenté par Nhat Tien dans son roman « Une terrasse désertée » (Them hoang). Il s’agit d’une femme fragile tant sur le plan moral que physique, la mère Tam, une jeune veuve qui refait sa vie avec un homme robuste mais brutal et dépensier. Sa vie est un tissu de souffrances sans fin. Le suicide qui y met un terme est comme un aveu d’impuissance, une réaction contre sa détresse et un refus brutal du mauvais destin qui la poursuit. Son veuvage lui avait déjà fait mesurer sa solitude et sa fragilité. Elle ne peut se défendre contre les mauvais traitements et la brutalité de son second mari, pas plus qu’elle ne peut résister à la misère qui fait partie de son quotidien. L’irresponsabilité du deuxième mari aveuglé par sa passion des jeux d’argent annule tous les efforts accomplis par la mère Tam. Il considère sa compagne comme un « bien consommable prend son argent et, quand celle-ci n’a plus rien à lui donner, il la quitte comme l’on se débarrasse d’un objet usé.
Vo Hong, dans son roman « Le vent qui tourbillonne » (Gio cuon), apporte un complément à ces portraits de femmes défavorisées. L’héroïne n’exerce pas d’activités hors de son foyer où son compagnon se comporte comme un véritable tyran. Selon celui-ci, il n’appartient pas à un homme de consacrer de son temps aux travaux ménagers, une conviction héritée de mentalité traditionnelle selon laquelle les tâches domestiques sont liées à la condition féminine et, par conséquent, ne peuvent que porter atteinte à la dignité d’un homme. Un travail intéressant et noble doit être obligatoirement valorisé par un salaire ou par des bénéfices subséquents. La satisfaction légitime du travail accompli est ainsi concrétisée par de l’argent. L’attitude coléreuse et agressive adoptée par le mari dans la famille apparaît comme une sorte de reproche à l’égard de sa femme qu’il considère à sa charge dans un contexte de vie difficile aggravé par la guerre. Pour vivre, sa femme doit s’appuyer sur son mari. Une telle dépendance la plonge dans un complexe d’infériorité. Elle supporte les comportements détestables de son mari avec une grande patience, habit dont elle revêt sa soumission.
Ces trois cas de femmes de condition modeste ne représentent évidemment pas l’ensemble des femmes défavorisées des villes mais ils suggèrent leurs conditions globales de vie, conséquences de la mauvaise répartition des acquis sociaux, de la guerre, mais aussi du manque d’instruction sur la vie économique et morale quotidienne du peuple. L’Etat sud-vietnamien de cette époque s’était pourtant efforcer d’élever le plus rapidement possible le niveau des connaissances générales de la population par l’intermédiaire des médias (télévision, radio, cinéma, presse écrite, livre) mais aussi par des campagnes de lutte contre l’analphabétisme des adultes. Parmi les diverses initiatives prises à cette époque, il est intéressant de citer les activités de l’Association populaire de culture (Hoi Van-hoa Binh-dan) (12). Celles-ci se sont exercées à travers deux établissements principaux : l’Ecole encyclopédique populaire (Truong Bach-Khoa Binh-dan) et le Comité de l’enseignement pour les adultes (ban Trang-nien giao-duc) (13). Ce dernier, créé le 15 août 1955, après six ans d’activités (jusqu’en 1961), tenait à Saigon et dans sa banlieue 1 260 classes comptant 50 209 étudiants de tous les niveaux et de tous les âges. Ceux-ci pouvaient obtenir en fin de cycle le certificat d’études primaires. Le comité avait pour autre objectif de mettre en place des enseignements secondaires et supérieurs (14). A cette époque, Nguyen Hien Le lança un appel à l’intelligentsia, l’invitant à reconsidérer les objectifs de l’écriture. Selon lui, il convenait de faire en sorte que soient intégrées dans le monde moderne les couches populaires qui participaient à la marche de la société mais qui jusque-là avaient été oubliées.
Sur le plan culturel, l’émancipation de la femme reposera sur l’élévation du niveau intellectuel de la population par le biais des activités sociales. Celles-ci se concrétiseront dans des relations interdisciplinaires. Pour que les femmes issues des milieux défavorisés puissent suivre l’évolution des femmes intellectuelles, les autorités de la République du Vietnam (RdV) créaient pour elles des conditions et des moyens nécessaires. En fait, il fallait les libérer de l’illettrisme mais aussi de la pauvreté. L’amélioration du niveau de vie, qui fut une tâche de grande ampleur et de longue haleine, sera, en effet, réalisée pas à pas.
III. Femmes livrées à la prostitution
Le troisième type de femme est issu des effets conjoints de la guerre et du développement de la société de consommation dans les agglomérations urbaines. Il s’agit de la femme qui se livre à la prostitution. De tous temps, celle-ci a toujours eu pour cause des motivations économiques. Mais, au Sud-Vietnam dans les années 1960 et 1970, ce phénomène a pris une ampleur exceptionnelle. La multiplication des filles de joie découle en premier de l’apparition d’un prolétariat misérable dans les grandes villes où certaines femmes subissent la pression conjuguée de l’argent facile et de la présence de nombreux soldats étrangers esseulés mais possédant en devises un fort pouvoir d’achat. Cette prostitution est aussi générée par une guerre qui s’éternise et appauvrit la grande majorité de la population. En contrepartie se font jour des îlots de riches citadins qui ont des relations directes ou indirectes avec les étrangers. L’importation des marchandises de l’extérieur en relation avec des aides financières et économiques créent de nouveaux besoins qui se renouvellent sans cesse pour les habitants. L’argent, plus que jamais, est le signe apparent de la réussite, du pouvoir, de l’efficacité. Combien de femmes vietnamiennes se lancent-elles dans une quête effrénée de l’argent pour de multiples raisons, soit pour sortir d’une situation difficile, soit pour satisfaire leurs désirs personnels ? Au début des années 1970, le nombre des prostituées atteignait le chiffre de 500 000 et il chutait à 300 000 en 1973, après le retrait des contingents de soldats étrangers (15).
D’une certaine façon, la prostitution est une illustration du changement du statut de la femme prise au piège d’une liberté qui commence à se faire jour. Dans ce cas, le « racolage » devient une insoumission et une insurrection contre les contraintes de la morale imposées par la société patriarcale aux femmes. C’est aussi un autre aspect de la conquête de la liberté car une prostituée peut assurer sa vie aussi bien qu’une femme honnête qui travaille – et quelquefois mieux. Pourtant, cette manière rapide et sacrificielle de conquérir sa liberté souligne l’avilissement des mours lié au culte de l’argent. La prostitution, à la fois pour le client et pour la femme qui vend son corps, peut être considérée comme un appel à la jouissance qui, par son exaltation de la vie, cherche à repousser la menace continuelle de la mort qu’implique la guerre et les conditions de vie trop difficiles. Les personnages de Thuy Vu tels que Loan dans « Chatte de nuit » (Meo dem), Mi-sen dans « Nang chieu Tam, Tu et Bich dans « Se jeter dans le feu » (Lao vao lua) sont des exemples d’une telle attitude.
Le phénomène de la prostitution provoque des réactions différentes. Luu Kiem dans sa nouvelle « Hoai » (16) met en contraste le sort misérable d’une prostituée, Lan, et l’incarcération qui lui est infligée. La prison est le symbole de la répression réservée à ceux qui ne respectent pas la tradition culturelle, considérée comme le « domaine sacré » ne devant pas être transgressé. La réaction des classes dirigeantes originaires des milieux conservateurs tente d’apaiser l’angoisse ressentie devant la décadence des mours mais aussi d’empêcher les autres maux sociaux qui pourraient en découler. Lan mène une vie obscure dans les recoins d’ombre d’une capitale où sont plongés les « laissés-pour-compte » tandis que les droits de l’homme brillent d’une lumière factice. Sa destinée est présentée par l’auteur comme l’élément négatif des mutations trop rapides auxquelles est soumise la société. Son sort, comme celui des autres prostituées, est promis à l’oubli et à l’indifférence. La vie suit son cours et les gens continuent à vouloir purifier la cité en faisant la chasse aux « filles de joie » que l’on veut rendre à une existence normale. Mais cette réinsertion paraît très difficile. En effet, malgré l’abandon de ses activités, la prostituée est de nouveau rejetée par sa communauté, à cause d’un passé qui lui « colle à la peau Elles sont, en quelque sorte, l’enjeu d’un débat social mettant aux prises d’un côté la non-tolérance et l’incompréhension des conservateurs et des gens d’esprit étroit et, de l’autre, l’esprit démocratique, tant souhaité par les classes dirigeantes et les classes intellectuelles, interdisant toute atteinte à la dignité individuelle.
Ces difficultés sont mises en évidence par Doan Dan, dans sa nouvelle « Une place pour Hue » (Cho o cua Hue) (17). Son récit nous fait les témoins des efforts de la prostituée Hue pour trouver sa place dans la société et apporter la sérénité dans le cour de son compagnon. Celui-ci, déchiré entre le passé de Hue et son amour pour elle, est en proie à des tourments qui empoisonnent ses sentiments. Ce même passé ne cesse de la poursuivre elle-même où qu’elle se trouve, en famille comme en société, dans le présent comme dans l’avenir. Une telle obsession la culpabilise par rapport à la tradition et aux normes de la communauté dans laquelle elle vit. Hue respecte scrupuleusement l’éthique traditionnelle exigeant la chasteté de la femme avant son mariage.
C’était l’une des premières exigences établies par les hommes mais est-elle encore compatible avec une société de consommation où les médias propagent les images de films ou de publicité qui auraient été considérées antérieurement comme l’expression de « mauvaises mours » ? L’ouverture du pays vers l’extérieur invite la femme à cultiver, outre ses vertus, son intelligence, ses compétences professionnelles et ses capacités d’adaptation au nouveau contexte sociologique. La chasteté féminine deviendra donc une qualité parmi d’autres. Pour cela, une prostituée a toutes les possibilités de se réinsérer après avoir abandonné ses activités.
Dans le Sud-Vietnam de 1955 à 1975 qui était en mesure de devenir un Etat de droit, chaque individu était responsable de ses actes devant la loi. Une prostituée, après sa reconversion à la vie honnête, pouvait obtenir l’oubli d’un passé dont elle n’était pas fière.
IV. La femmes et la contraception
L’étude de trois types de femmes (femme intellectuelle, femme de condition modeste et femme livrée à la prostitution) vivant dans les grandes agglomérations nous a permis d’observer des changements dans les modes de vie féminin. Mais l’une des causes majeures de cette transformation est la contraception (surtout l’usage de la pilule et du stérilet). Cette pratique a exercé une influence non seulement sur le comportement des personnes éduquées mais elle a aussi modifié les mentalités des femmes de condition modeste. Pour ces dernières, ce fut un grand pas vers une prise de conscience de leur liberté individuelle.
Avec les premières, la pratique contraceptive ne pose pas beaucoup de difficultés. En fait, ces privilégiées bénéficient d’un niveau d’instruction élevé qui leur donne un libre choix. Beaucoup souhaitent pouvoir consacrer plus de temps libre à leurs occupations professionnelles ou intellectuelles en maîtrisant mieux le nombre des enfants qu’elles mettront au monde. Elles ont aussi la chance de pouvoir disposer de plus d’heures pour entretenir leur beauté et prolonger leur jeunesse, deux préoccupations qui sont souvent de première importance. Les médias véhiculent de plus en plus l’image d’une « nouvelle » femme, belle et jeune, avec des modes vestimentaires et des accessoires sans cesse renouvelés mettant en valeur sa personnalité et sa liberté. En même temps, la conception masculine à l’égard de la beauté féminine change également. C’est le cas de Cau, un jeune époux dans la nouvelle « Faire des enfants » (Sinh con de cai) de Doan Them (18). Il souhaite que sa femme reste toujours belle. Il s’intéresse aux trois soucis étroitement imbriqués dans les préoccupations des jeunes mamans qu’il connaît : le nombre d’enfants de chaque jeune mère, leur apparence physique et leur manière de s’habiller. Les deux dernières hantises sont influencées par la première car, avec ses enfants à élever, chacune a tendance à se laisser aller physiquement, oubliant son habituelle coquetterie.
A toutes les époques, le dévouement de la mère est resté digne d’éloges mais avoir une famille nombreuse ne semble pas une bonne solution quand la femme veut s’épanouir et profiter de la liberté qui se fait jour. Sans complexe, les intellectuelles adoptent facilement la pratique contraceptive dite « orale » qui se présente sous la forme de pilules : « La méthode du docteur Pincus consiste à prendre régulièrement des pilules sur une durée de vingt-et-un jours chaque mois. Actuellement, sur le marché, ce genre de pilule est commercialisé sous le nom de Enovid (aux Etats-Unis), Conovid, Volidan, Ovulen (en Angleterre). Au Vietnam, cette pilule se vend sous le nom de Lyndiol (fabriquée en Hollande) et Menol (fabriquée en France). Ce médicament peut être délivré sur ordonnance du médecin. Les frais médicaux durant un mois peuvent varier de 200 à 300 dongs. Si la patiente prend régulièrement ce médicament en respectant sa prescription, son efficacité peut atteindre 97 % » (19).
Il est à noter que la pilule contraceptive doit franchir des barrières d’ordre culturel et religieux propres à chaque pays pour pouvoir concourir à l’émancipation de la femme. A cette époque au Vietnam, cette médication encore très chère n’était pas à la portée de toutes celles qui souhaitaient maîtriser leur fécondité. Le tableau suivant qui compare les salaires moyens des ouvrières de juin 1970 en décembre 1972, démontre qu’il leur était très difficile d’acheter des pilules contraceptives dont le coût varie entre 200 et 300 dongs, et cela malgré la progression du pouvoir d’achat.
Pour remédier à cette situation, l’Etat sud-vietnamien essaie d’installer des lieux d’accueil (22) consacrés à la contraception à coût réduit où l’emploi du stérilet est privilégié. L’initiative a été menée à Saigon mais aussi dans certaines villes avec pour but de poursuivre une étude dont les résultats pourront être soumis comme projet de loi à l’Assemblée nationale :
« Le ministère de la Santé a mis en place à la fin de l’année 1967 un « Comité du planning familial » qui relève immédiatement du programme de la protection des mères et des enfants. Ce comité a pour mission d’étudier les problèmes suivants : la démographie, le pourcentage des morts et des naissances, le niveau de vie de la population, leur réaction au planning familial, etc. Avec l’intention de mener des recherches, ce comité a installé au total sept lieux d’expérimentation du stérilet à Saigon et dans certaines villes. Celui de Saigon se trouve à la maternité Hung Vuong. L’expérience y est poursuivie avec un maximum de précautions car les femmes qui souhaitent pratiquer la contraception avec l’aide du stérilet doivent remplir les conditions suivantes :
– avoir un acte de mariage conforme à la loi
– avoir l’accord du mari
– avoir au moins cinq enfants encore vivants.
Les frais de la pose du stérilet sont minimes dans ces lieux d’expérimentation.
Si cela est nécessaire, le gouvernement se servira plus tard des résultats de ces études obtenus dans l’ensemble des points d’essai pour demander une modification de la loi réprimant la contraception (23A moins que l’Assemblée ne prenne avant une décision dans ce sens. Si le planning familial est mis en ouvre dans notre pays, nous espérons que les études commencées précédemment par le ministère de la Santé aboutiront pour qu’elles puissent y apporter une contribution utile » (24).
La contraception devient donc une des préoccupations du gouvernement en place. Celui-ci intègre dans son raisonnement que la liberté et la démocratie en cours de réalisation ne peuvent aboutir si la femme n’est pas largement émancipée des contraintes familiales qui l’empêchent de participer aux activités sociales. Pour le gouvernement, c’est une nécessité de maîtriser la démographie dans l’édification de l’économie d’après-guerre. Cette finalité passe par l’instauration d’un planning familial contesté par les esprits conservateurs. Les dirigeants doivent donc argumenter et convaincre :
« Actuellement dans notre pays, il existe encore des personnes qui sont contre « le planning familial » pour des causes religieuses, sous l’emprise de la mentalité traditionnelle, selon laquelle une famille qui hérite de l’influence bénéfique des ascendants est une famille qui a beaucoup d’enfants et de petits-enfants, par la pensée du proverbe : « Si le ciel crée les éléphants, il les pourvoira en faisant pousser l’herbe D’autres raisons perdurent. Certains pensent que le planning familial a pour objectif de diminuer la population en créant, faute d’héritiers, dans cette vue, des lignées défaillantes. En réalité le planning familial vise à régulariser les naissances pour que les parents puissent avoir un nombre d’enfants en adéquation avec leurs revenus. […]
Le planning familial ne réduit pas du tout la démographie, au contraire il augmente raisonnablement cette dernière. Autrement dit, il régularise un développement des naissances trop grand.
Bien que le Vietnam soit en état de guerre, sa croissance démographique est quand même de 3 %. On calcule qu’avec cette augmentation, dans vingt-trois ans, la population de toute la République du Vietnam s’accroîtra deux fois plus, c’est-à-dire environ 32 millions d’habitants et, après quarante-six ans, elle s’accroîtra quatre fois plus, c’est-à-dire environ 64 millions.
Ainsi le produit intérieur brut […] ne suffit pas pour apporter à une population si nombreuse une vie aisée. Pour l’avenir si nous voulons que le plan économique d’après-guerre soit couronné de succès, il nous faut appliquer le planning familial ». (25)
Dans cet enjeu de société et d’éthique, le bouddhisme reste en retrait alors que le catholicisme est résolument contre la contraception : « Parmi les aberrations les plus dangereuses de la société moderne, on doit compter l’opinion de ceux qui osent définir la fécondité des mariages comme une maladie sociale dont les nations qui en sont frappées doivent s’efforcer de se guérir par tous les moyens. D’où la propagande du contrôle rationnel des naissances… Accepter avec joie et reconnaissance les inestimables dons de Dieu que sont les enfants et aussi nombreux qu’il lui plaît… La surpopulation n’est donc pas une raison valable pour répandre les pratiques illicites du contrôle des naissances, mais plutôt le prétexte pour légitimer l’avarice et l’égoïsme » (26).
La contraception s’inscrit dans la nécessité impérieuse d’un développement économique qui inclut la maîtrise de la démographie tant pour chaque famille que pour le pays. Une telle perspective doit cependant faire face aux résistances culturelles issues de la famille traditionnelle dont l’idéal est d’avoir une nombreuse descendance principalement mâle. Cependant, ni la famille, ni la religion ne peuvent empêcher que se développe dans la jeunesse une nouvelle conception du mariage.
V. Les femmes et les modes de vie en couple
Le Sud-Vietnam, fortement urbanisé, tend à éliminer le mariage de convenance suivant l’ancien concept « mon duong ho doi » (27) d’après lequel les parents de la jeune fille et ceux du garçon doivent être du même rang social ou posséder autant de biens. C’est à cause de cette mentalité que Mai, dans « Printemps inachevé » (Nua chung Xuan) (28), une jeune fille cultivée appartenant à une famille lettrée mais de condition modeste, ne peut se marier avec son amoureux Loc, fils de la veuve d’un mandarin provincial responsable de la justice.
Cette forme de mariage est également une affaire familiale dans laquelle les parents utilisent l’influence qu’ils possèdent sur leurs enfants, mais aussi le sentiment de la piété filiale de ces derniers, en vue de servir les intérêts de deux parties. Ainsi madame Lang, désirant avoir une bru qui s’occupe des travaux ménagers, cherche une femme pour son fils Quy, un veuf d’une intelligence médiocre mais très obéissant à ses parents (29).
Le mariage d’amour existait sans doute dans l’ancien temps mais constituait une exception. L’exemple de Chu Dong Tu, un jeune homme très pauvre qui devient le mari de Tien Dung, troisième fille du roi Hung Vuong, ne se trouve seulement que dans un conte légendaire (30). Kieu Nguyet Nga, dans le roman en vers « Luc Van Tien » de Nguyen Dinh Chieu, a le bonheur de retrouver l’homme de sa vie Luc Van Tien et de l’épouser après des années de séparation. Dans ces deux cas typiques, l’amour permet de triompher de tous les obstacles et réunit les deux amoureux dans le respect des normes de la moralité en cours. Pourtant, à une époque où la polygamie est tolérée, l’amour dans un couple n’est pas de première importance. Seules importent les convenances de la famille réglées sur celles de la société. Au Sud-Vietnam de 1955 à 1975, le mariage d’amour l’emporte généralement sur le mariage arrangé car la montée de l’individualisme met en lumière des sentiments amoureux autrefois cachés et souvent opprimés. L’amour devient le salut du mariage dans lequel il trouve son accomplissement. A son tour, le mariage protège l’amour contre les aléas de la vie.
En tous cas, le mariage dit « traditionnel » ou le mariage de convenance et le mariage d’amour, qui sont en phase avec la société, légalisent l’union d’un couple devant la loi et les communautés auquel chacun appartient. Le mariage représente en quelque sorte la tradition mais une tradition qui accompagne le changement des mours. Celles-ci, avec l’ouverture à l’extérieur du pays, évoluent rapidement, bousculées par l’arrivée massive de contingents américains qui apportent avec eux leur mode de vie, un statut de la femme moins patriarcal et une conception de l’amour plus libre. La rencontre entre deux populations différentes produit inévitablement des mariages mixtes entre étrangers et citoyens du pays.
Devant ces unions xénophiles, Mong Trung dans « Mariages avec des étrangers » (Hon nhan di chung) lance un avertissement préventif, mettant en exergue les conflits de mours et de civilisation susceptibles de naître dans un couple dont la double identité ne peut être, selon elle, que source d’antagonisme. En effet, « dans l’inconscient de chacun, comme un déchirement, se réveillent de temps en temps beaucoup de complexités naturelles jusque-là enfouies : les sentiments intimes pour le passé et la fierté de ses origines qui se conjuguent avec la succession des liens du sang » (31).
Le divorce guette, dans la grande majorité des cas, les jeunes Vietnamiens qui, vivant à l’étranger, sans situation, ont épousé une fille du pays ou encore ceux dont les moyens financiers sont trop limités pour entretenir leur foyer. Cette constatation n’est sans doute pas valable pour l’ensemble des divorces mais l’exemple de ces couples qui échouent dans leur vie commune démontre que les difficultés financières conjuguées avec les barrières linguistiques inévitables sont de grands obstacles au bonheur conjugal. En fait, les réactions des partenaires de ces couples « mixtes souvent conditionnées par leur culture d’origine, la différence de leur mode de pensée, contribuent en partie à l’échec de ces couples. Il en est de même pour une Vietnamienne qui épouse un étranger, malgré des exceptions où celles-ci réussissent leur vie familiale.
Allant plus loin dans la dissuasion des tentatives de mariages entre autochtones et étrangers, Mong Trung s’en prend ensuite aux couples bien intégrés dans la société afin de prouver qu’ils ne peuvent pas non plus goûter longtemps du bonheur conjugal. Selon cet auteur, l’assimilation complète à une culture autre que la sienne paraît très difficile car il existe potentiellement dans tout un chacun une puissance venue du génie de la race qui le pousse de plus en plus fort, selon son âge, vers ses origines. Donc un retour à la culture première est irrésistible et il risque d’empoisonner la vie d’un couple mixte. Ainsi la femme, malgré l’évolution de son statut, est incitée à privilégier l’identité nationale sur les sentiments amoureux pouvant susciter une future rupture matrimoniale.
Le divorce n’épargne pas les couples autochtones même si la loi sur la famille (Luat gia Dinh) mise en vigueur par le gouvernement Ngo Dinh Nhiem en 1959 comprend des articles qui n’autorisent pas la polygamie et le divorce. Le premier interdit peut s’interpréter comme un des premiers pas vers la libération de la femme des mours obsolètes qui lui étaient imposés dans l’ancien Vietnam d’obédience confucéenne. Pour le deuxième interdit, il a pour but d’empêcher l’éclatement des familles qui expérimentent l’évolution des mours accompagnées des nouvelles libertés importées de l’extérieur. Pourtant, cet interdit ne tient pas compte de la montée de l’individualisme qui pousse la femme vietnamienne à rechercher l’égalité de droits avec les hommes dans la société comme dans la vie affective. Le divorce se trouve au début de son existence légale mais il faut que les mours, qui sont souvent en conflit avec l’ancienne mentalité, changent jusqu’à ce qu’elles permettent de mieux discerner les difficultés susceptibles de se poser avant et après le divorce.
En conséquence, l’union libre semblerait apporter une solution simple et pratique. En sacralisant le sentiment, elle se présente, d’une certaine façon, comme un défi à la tradition ; laquelle se trouve dans une sorte d’impasse face au divorce. L’union libre est également une des conséquences du développement urbain. Chaque individu doit se soumettre à la mobilité sociale et géographique exigée par ses activités professionnelles. Dans ces conditions, l’union libre sert d’antidote aux problèmes psychosociologiques tels que la solitude et la dépression. Vo Phien, dans sa nouvelle « Visite à sa sour un après-midi » (Tham chi buoi chieu) (32), dévoile les sentiments d’une jeune femme malheureuse dans sa vie conjugale. Elle quitte son mari pour vivre en union libre avec un autre. Chaque fois qu’elle change de partenaire, les souvenirs qu’elle a vécus avec d’autres hommes envahissent son esprit et l’attristent. Si la cohabitation apporte à cette jeune femme un équilibre affectif et une sécurité financière, elle ne lui assure pas la stabilité car fondée sur les intermittences des sentiments qui peuvent cesser brusquement et la plonger dans la gêne.
Pourtant, ce n’est pas le cas de Nguyen-Thi Thuy-Vu dans « Herbes sauvages » (33) (Loai rau hoang dai), une nouvelle autobiographique où l’auteur révèle les traits principaux d’une vie affective équilibrée, dans une cohabitation heureuse avec son compagnon. Durant son séjour dans la maison consacrée au culte des ancêtres de sa famille, cette jeune femme se retrouve seule devant un paysage qui est témoin de la solitude qu’elle a vécue pendant sa jeunesse. Dans son désarroi, tout en regrettant de ne pas avoir vraiment goûté le bonheur familial, elle s’inquiète de la fuite du temps, de l’avenir incertain. La solitude et la perte de confiance dans la vie la poussent à chercher refuge dans l’union libre et dans la compagnie de ses enfants. Si ces derniers représentent la jeunesse à laquelle elle s’accroche, la cohabitation endigue sa solitude, même si elle ne lui apporte pas une assurance reconnue par la loi. En revanche, l’héroïne du récit, tout en exposant les problèmes de sa vie affective, témoigne du changement de statut de la femme à travers sa liberté d’expression. Par voie de conséquence, elle révèle au grand jour une évolution de mours résultant d’une cohabitation dont la loi doit tenir compte.
Face aux difficultés économiques de plus en plus sérieuses générées par l’inflation et par l’augmentation du coût de la vie, l’union libre associe deux salaires, permettant ainsi au couple conjugal de mieux gérer leur budget. Dans ce cas, elle affirme l’autonomie de la femme et contribue à son épanouissement. Cette nouvelle forme de vie maritale, par définition, se conjugue au présent et trouve ses origines dans l’insécurité issue de la guerre qui bouleverse les mours, contribuant aussi à modifier le statut de la femme.
Le statut de la femme a considérablement évolué durant les années d’existence de la République du Sud-Vietnam où l’apprentissage de la liberté démocratique est allé de pair avec l’ouverture du pays au monde moderne. Dans ce contexte, l’information franchit les frontières géographiques et découvre de nouveaux horizons. Les moyens de communication diversifiés et rénovés par la technologie (télévision, radio, téléphone, presse écrite et orale, cinéma) vulgarisent en effet les connaissances de tous genres, propagent des courants d’idées et présentent des nouveautés sans cesse renouvelées. Dans les grandes villes, les innovations se multiplient simultanément à la mise en place de structures administratives et fonctionnelles. L’urbanisation accélérée modifie en profondeur les aspects du quotidien.
D’autre part, la présence de soldats, de spécialistes, de commerçants et de touristes étrangers contribue également à ces mutations. La vulgarisation des produits culturels comme les livres, les journaux, les revues, la musique, les films atteint son summum, permettant à chacun de prendre du recul devant l’omniprésence de la guerre. Dans l’univers où l’information fait partie intégrante de la vie courante et où le cadre de vie se transforme continuellement, les citadins et les citadines doivent changer de comportement et de mentalité pour leur bonne adaptation au nouveau contexte social.
En parallèle, le développement de l’enseignement s’effectue à tous les niveaux, allant de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire pour s’élargir aux différents domaines des universités, sans oublier le système d’enseignement consacré aux adultes. Les valeurs de l’individu se font jour. Elles se développent au détriment de celles de la communauté qui sont encore véhiculées au Vietnam par le biais du confucianisme et du taoïsme. Dans ce climat finalement favorable, les femmes, chacune à son niveau et selon sa condition, entrent en contact avec le monde des connaissances et se forment l’esprit. Ces nouvelles femmes, dotées d’un nouveau regard, s’engagent dans diverses activités. Elles mettent en relief leurs capacités et rivalisent avec les hommes en compétences professionnelles. La participation à la vie communautaire leur permet de se développer et de s’y épanouir tout en prenant conscience de leur responsabilité. Elles avancent ainsi vers de nouveaux statuts, favorisées par les progrès scientifiques et techniques qui concourent à leur donner plus de liberté, notamment la pratique de différentes méthodes contraceptives. Plus autonomes et indépendantes, elles mènent à leur guise leur vie maritale où prédomine l’amour. Celui-ci leur permet également de dépasser les barrières linguistiques et culturelles dans le choix d’un conjoint de nationalité différente. Les femmes de la période 1955-1975, dans le cadre de l’apprentissage des libertés démocratiques, jouissent autant de droits que les hommes.
L’évolution de leur statut est une évidence incontournable du Sud-Vietnam en voie de modernisation. La République veut progresser de concert avec les autres nations tout en gardant son identité. Pour cela, elle adapte la culture traditionnelle à l’époque contemporaine pour mieux accueillir les nouvelles valeurs venues de l’extérieur mais aussi pour dessiner un avenir qui lui est propre. Des tensions et des conflits qui sont issus de cette quête originale s’inscrivent dans l’évolution en cours. Dans ce mouvement, l’émancipation de la femme la libère des mours et des coutumes obsolètes. Elle participe à l’élaboration de la société moderne sans pour autant s’éloigner des bases de références culturelles qui lui restituent son image traditionnelle de mère et d’épouse. La femme sous la République du Vietnam concrétise en elle-même toute l’ambition d’identité et de modernité.
Sources documentaires
1.)Doan Dan, « Cho o cua Hue pp. 63-79, revue Bach Khoa n° 198 (1er avril 1965)
2.)Doan Them, « Sinh con de cai pp. 22-30, revue Bach Khoa n° 58 (1er juin 1959)
3.)Doan Them, « Lay vo, lay chong pp. 16-24, revue Bach Khoa n° 56 (1er mai 1959)
4.)Le Phuong Chi, « Phong van 6 nha van phu nu quen thuoc voi ban doc ve thoi cuoc va doi song doi voi cong viec sang tac pp. 43-51, revue Bach Khoa n° 292 (1er mars 1969)
5.)Le Van, « Noi che den va con cho doi pp. 50-51, revue Bach Khoa n° 14 (1er août 1957)
6.)Luu Kiem, « Hoai pp. 71-77, revue Bach Khoa n° 46 (1er décembre 1958)
7.)Minh Duc Hoai Trinh, « Nep song xu nguoi revue Bach Khoa, n° 93 (15 novembre 1960) – n° 407 (15 avril 1974)
8.)Minh Tien, « Tu Duc Moi cua nguoi phu-nu Viet-nam pp. 62-64, revue Bach Khoa n° 2 (1er février 1957)
9).Mong Trung, « Hon nhan di chung revue Bach Khoa n° 229 (15 juillet 1966)
10.)Ngoc Van, « Dieu hoa sinh de pp. 55-59, revue Bach Khoa n° 240 (1er janvier 1967)
11.)Nguyen Ngu I, « Cuoc Hoi thao ban Trang-nien giao-duc cua Hoi Van-hoa Binh-dan pp. 113-114, revue Bach Khoa n° 112 (1er septembre 1961)
12.)Nguyen-Thi Thuy-Vu, « Loai rau hoang dai pp. 61-68, Bach Khoa n° 411K (1er juillet 1974)
13.)Nguyen-Thi Thuy-Vu, « Meo dem Ed. Kim Anh, Saigon, 1966
14.)Nguyen-Thi Thuy-Vu, « Lao vao lua Ed. Kim Anh, Saigon, 1967
15.)Nguyen Thi Vinh, « Co Mai Ed. Anh Em, Saigon, 1971
16.)« Nien giam thong ke Viet-Nam 1972 Viet-Nam Cong-Hoa – Bo Ke-hoach va Phat-trien Quoc-gia – Ed. Vien Quoc-gia thong-ke
17.)The Nhan, « Dieu hoa sinh san hay Ke-hoach-hoa gia-Dinh tai cac nuoc nguoi pp. 54-60, revue Bach Khoa n° 288 (1er janvier 1969)
18.)Trung Duong, « Vua di Vua nguoc nhin pp. 159-166 et pp. 57-67, revue Bach Khoa n° 193, 194 et 195 (15 janvier, 1er février et 15 février 1965)
19.)Trung Duong, « Mua khong uot dat pp. 138-149 et pp. 47-53, revue Bach Khoa n° 241, 242 et 243 (15 janvier, 1er février et 15 février 1967)
20.)Trung Duong, « Dan Ba viet van pp. 48-53, revue Bach Khoa, n° 416 (P ) (15 octobre 1974)
21.)Tuy Hong « Nhung soi sac khong Ed. Khai Tri, Saigon, 1971
22.)Vo Phien, « Tham chi buoi chieu pp. 73-84 et pp. 57-72, Bach Khoa, n° 157 et 158 (15 juillet et 1er août 1963)
Notes
(1)Viet-Nam Cong-Hoa (République du Vietnam) – Bo Ke-hoach va Phat-trien Quoc-gia (ministère du Plan et du Développement national) – « Nien-giam thong-ke Viet-Nam 1972 » (Annuaire statistique du Vietnam de 1972), Ed. Vien Quoc-gia Thong-ke (Institut National des Statistiques), p. 294
(2)Tam tong : tai gia tong phu, xuat gia tong phu, phu Tu tong Tu (A la maison, la jeune fille doit s’en remettre à son père. Une fois mariée, elle doit obéir à son mari. Quand celui-ci est mort, elle doit suivre son fils)
(3)Viet-Nam Cong-Hoa (République du Vietnam) – Bo Ke-hoach va Phat-trien Quoc-gia (Ministère du Plan et du Développement National) – « Nien-giam thong-ke Viet-Nam 1972 » (Annuaire statistique du Vietnam de 1972), op. cit., pp. 74-75
(4)Vu Ngoc Phan, « Nha van hien dai » (Les écrivains contemporains), Ed. Tan Dan, Ha-noi, 1942-1945
(5)Bach Khoa (Bach : cent ; Khoa : domaine, champ d’étude – Bach Khoa : cent domaines d’étude) : Revue pluridisciplinaire qui accompagnait le Sud-Vietnam de 1957 à 1975
(6)Minh-Duc Hoai-Trinh, « Nep song xu nguoi » (Modes de vie à l’étranger), revue Bach Khoa n° 93 au n° 407 (15 novembre 1960 – 15 avril 1974)
(7)Se font connaître les prix distribués par des groupes de littérateurs tels que « Hoi Van But « Hoi But Viet » etc.
(8)Trung Duong, « Dan Ba viet van » (Les femmes qui écrivent), pp. 48-53, revue Bach Khoa n° 416 (P ) (15 octobre 1974)
(9)Le Phuong Chi, « Phong van 6 nha van phu nu quen thuoc voi ban doc ve thoi cuoc va doi song doi voi cong viec sang tac » (Interview de 6 femmes écrivains familières aux lecteurs sur la conjoncture actuelle et la vie quotidienne par rapport à la création), pp. 43-51, revue Bach Khoa n° 292 (1er mars 1969)
(10)Ibid.
(11)Le Van, « Noi che den va con cho doi » (Une marmite de compote liquide de doliques noirs et le chien affamé), pp. 50-51, revue Bach Khoa n°14 (01/8/1957)
(12)Le but du « Hoi Van-hoa Binh-dan » est de lutter contre l’analphabétisme pour les adultes, de leur vulgariser les connaissances générales et de leur apprendre un métier utile au gagne-pain. In : « Cuoc Hoi thao ban Trang-nien giao-duc cua Hoi Van-hoa Binh-dan » (Conférence donnée par le Comité de l’Enseignement pour les adultes, auxiliaire de l’Association Populaire de Culture), Nguyen Ngu I, pp. 113-114, revue Bach Khoa n° 112 (1er septembre 1961)
(13)Nguyen Ngu I, « Cuoc Hoi thao ban Trang-nien giao-duc cua Hoi Van-hoa Binh-dan » (Conférence donnée par le Comité de l’Enseignement pour les adultes, auxiliaire de l’Association populaire de culture), op. cit., Bach Khoa n° 112 (1er septembre 1961)
(14)Ibid.
(15)Agustoni-Phan, « Viêt-Nam, nouveau dragon ou vieux tigre de papier ? Ed. Olizane, Suisse, 1995, p. 128
(16)Luu Kiem, « Hoai pp. 71-77, revue Bach Khoa n° 46 (01/12/1958)
(17)Doan Dan, « Cho o cua Hue » (Une place pour Hue), pp. 63-79, revue Bach Khoa n°198 (1er avril 1965)
(18)Doan Them, « Sinh con de cai » (Faire des enfants), pp. 22-30, revue Bach Khoa n° 58 (1er juin 1959)
(19)Ngoc Van, « Dieu hoa sinh de » (Régulation des naissances), pp. 55-59, revue Bach Khoa n° 240 (1er janvier 1967)
(20)Viet-Nam Cong-Hoa (République du Vietnam) – Bo Ke-hoach va Phat-trien Quoc-gia (ministère du Plan et du Développement national) – « Nien-giam thong-ke Viet-Nam 1972 » (Annuaire Statistique du Vietnam de 1972), op. cit., p. 281
(21)VN : Vietnam
(22)Les lieux d’accueil sont souvent situés dans l’enceinte de centres hospitaliers.
(23)La mise en place du programme concernant le planning familial rencontre des difficultés venues de la loi promulguée en 1920 qui punit avec sévérité non seulement l’avortement et la mise en vente des traitements contraceptifs mais encore la publicité et la vulgarisation des moyens de contraception. – in : The Nhan, « Dieu hoa sinh san hay Ke-hoach-hoa gia-Dinh tai cac nuoc nguoi » (Régulation des naissances ou le planning familial des pays étrangers), pp. 54-60, revue Bach Khoa n° 288 (1er janvier 1969)
(24)Ibid.
(25)The Nhan, « Dieu-hoa sinh san hay Ke-hoach-hoa gia-Dinh tai nuoc nguoi » (Régulation des naissances ou le planning familial des étrangers), op. cit., Bach Khoa n° 288 (1er janvier 1969)
(26)Note : « Le pape Pie XII « Les familles nombreuses Allocution aux membres de la Fédération italienne des Associations des Familles nombreuses 20-1-1958″ – in : Doan-Them, « Sinh con de cai » (Faire des enfants), op. cit., revue Bach Khoa n° 58 (1er juin 1959)
(27)« Mon duong ho doi » : Mon : terme sino-vietnamien désignant la porte (cua) – Duong : can bang (égal à égal) – Ho : cua nha (maison) – Doi : xung (correspondre, convenir); « Mon duong ho doi » : De même rang et d’égale lignée
(28)Khai Hung, « Nua chung Xuan » (‘Printemps inachevé’), Ed. Doi Nay, Ha-noi, 1933
(29)Nguyen Thi Vinh, « Co Mai » (‘La demoiselle Mai’), Ed. Anh Em, Saigon, 1971
(30)« Truyen Chu Dong Tu va Tien Dung » (‘L’histoire de Chu Dong Tu et Tien Dung’) in : Nguyen Truc Phuong, « Viet-Nam van-hoc Binh-dan » (‘Littérature populaire du Vietnam’), Ed. Khai Tri, Saigon, 1970, Rééd. Xuan Thu, USA, 1990, pp. 42-45
(31)Mong Trung, « Hon nhan di chung » (‘Mariages avec des étrangers’), revue Bach Khoa n° 229 (15 juillet 1966)
(32)Vo Phien, « Tham chi buoi chieu » (‘Visite à sa sour un après-midi’), pp. 73-84 et pp. 57-72, Bach Khoa n°157 et 158 (15 juillet et 1er août 1963)
(33)Nguyen-Thi Thuy-Vu, « Loai rau hoang dai » (Herbes sauvages), pp. 61-68, Bach Khoa n° 411K (1er juillet 1974)