Eglises d'Asie

Orissa : à la suite de l’intervention de groupes hindouistes, la police locale interdit à un nouveau prêtre de célébrer sa première messe dans son village d’origine

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat d’Orissa, à la suite d’objections avancées par deux groupes hindouistes, un nouveau prêtre, le P. Sudhir Nayak a été obligé par la police locale à changer le lieu de célébration de sa première messe. Le nouveau prêtre avait, à l’origine, prévu de célébrer la première messe le lendemain de son ordination sacerdotale, dans son village d’origine de Dharampur, situé à proximité de Bhubaneswar, capitale de l’Orissa. La population y était composée d’une centaine de familles hindoues, deux protestantes et une seule catholique, la sienne, au total quelque mille habitants. Trois jours avant la date prévue, deux groupes hindous, le Surakha Samiti (Comité de protection, SS) et le Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS) sont venus demander à la police locale d’interdire la célébration de cette messe, alléguant que cette cérémonie était susceptible d’exercer une influence fâcheuse sur les hindous et de les pousser à la conversion.

A la suite de cette intervention des militants de l’extrême droite hindoue, la police fit informer le prêtre de ne pas venir célébrer sa première messe dans son village, le 5 novembre, comme cela était prévu et lui demanda de venir trouver les responsables locaux s’il voulait célébrer la messe en un autre lieu. A la veille de son ordination, le P. Nayak se présenta devant les agents de police, accompagné par deux voisins hindous de son village. Ceux-ci, se faisant les porte-parole de leur communauté, déclarèrent à la police que les hindous n’élevaient aucune objection contre la célébration d’une messe dans leur village. Après négociations, la police permit la célébration de la messe, mais dans le village voisin de Pirigada. Cependant, il était interdit au jeune prêtre d’utiliser des haut-parleurs au cours de la célébration et le banquet servi ensuite aux invités ne devait être composé que de plats végétariens.

C’est ainsi que le lendemain de son ordination, le P. Nayak célébra sa première messe dans le village de Pirigada où habitent dix familles catholiques. Dix agents de police surveillaient la célébration à laquelle étaient venues participer quelque trois cents personnes dont sept prêtres et six religieuses. Les lois indiennes donnent à la police le pouvoir d’interdire, de restreindre ou de contrôler des manifestations publiques pouvant porter tort à la santé, à la moralité et à l’ordre publics.

Les commentaires recueillis par l’agence Ucanews (1) auprès des intéressés sont relativement amers. Le P. Nayak a affirmé que la messe qu’il projetait de célébrer dans son village d’origine ne présentait aucun inconvénient pour la population du village. La mesure d’interdiction prise par la police était selon lui sans aucune nécessité et totalement infondée. La famille du jeune prêtre a toujours participé à sa manière aux fêtes hindoues célébrées dans le village qui, jusque là, n’a jamais connu le moindre commencement de friction religieuse. Selon lui, l’intervention des groupes hindouistes qui a conduit à l’interdiction de la cérémonie n’avait d’autre but que de semer la confusion et créer des divisions intercommunautaires parmi les habitants du village.

Le P. Nayak est le second prêtre indien de la congrégation des Sacrés Cours de Jésus et de Marie. Ses membres, parmi lesquels des Américains et des Français, travaillent auprès des lépreux à Bhubaneswar et en deux autres endroits de l’Inde.