Eglises d'Asie

Reconnues pour les innombrables services rendus à l’Eglise, les catholiques coréennes n’en espèrent pas moins voir s’accroître leurs responsabilités

Publié le 18/03/2010




Dans l’Eglise catholique de Corée, chacun s’accorde à reconnaître le rôle important joué par les femmes catholiques dans la construction de la communauté ecclésiale mais les intéressées elles-mêmes voudraient se voir davantage partie prenante des décisions importantes. C’est là une des conclusions qui ressort du congrès qui a marqué le 40e anniversaire de des femmes catholiques de Séoul.

S’adressant aux 120 participantes de ce congrès qui s’est tenu le 28 octobre dans la cathédrale de Myondong, Mgr André Yeom Soo-jung, évêque auxiliaire de Séoul, a avoué que sans leur participation l’archidiocèse serait “en mauvaise posture”. Il a cité, entre autre, les efforts et les sacrifices fournis par les associations féminines dans le développement de l’Eglise avec, par exemple, leur prise en charge d’un grand nombre de séminaristes. Pascalina Hwang Yoon-hee, secrétaire générale de l’Association, a expliqué à la presse que, malgré tout, très peu de paroisses comportaient un comité de femmes et que son organisation essayait de contacter les responsables féminines des “Petites communautés chrétiennes” pour mettre sur pied un comité dans chacune d’elle. Des cours d’animation spirituelle à leur intention sont aussi en préparation, tels ceux proposés par le secrétariat de l’Association des religieuses supérieures majeures qui voudrait aider les femmes chrétiennes d’aujourd’hui à vivre avec assurance et dans l’estime d’elles-mêmes “au sein de cette Eglise patriarcale où les femmes ont toujours été traitées comme quantité négligeable” (1

Le moment important de ce congrès fut sans doute le symposium consacré à la spiritualité féminine. La présidente de l’Association des femmes catholiques, Theresa Oh Duck-choo, a mis en lumière dans son introduction tout ce que les femmes coréennes avaient enduré pour préserver leur foi au temps des persécutions en proposant “comme exemple pour notre foi et notre action” Colomba Kang Wan-sook, une Coréenne qui avait aidé dans sa mission le P. James Zhou Wenno, le premier missionnaire chinois en Corée, et l’avait caché avant d’être elle-même martyrisée lors de la persécution de 1801. Première femme catéchiste, elle avait propagé l’Evangile à Séoul et partout où elle passait. Elle fut exécutée avec quatre compagnons, convertis grâce à son influence. Theresa Oh a exprimé son optimisme en disant qu’avec Colomba Kang comme modèle, les femmes pouvaient triompher de la discrimination sociale due à leur sexe et travailler à égalité avec les hommes dans l’Eglise et dans la société.

Sour Gratia Song Jong-rye, qui assume une série de cours sur “Les femmes et la spiritualité” à l’Université catholique de Corée a souligné de son côté que, pour assumer des responsabilités dans l’Eglise, créativité, détermination, autorité et professionnalisme étaient indispensables. Selon Sour Gratia Song, au XIXe siècle, “les femmes ne pouvaient que se sacrifier dans une société dominée par les hommes, sous l’influence du confucianisme et où le droit des femmes était strictement réprimé”. Dans ce contexte, a-t-elle affirmé, “les femmes de ce temps-là, malgré leurs vies sacrifiées, n’étaient pas reconnues comme unies au sacrifice du Christ”. Les femmes modernes veulent retrouver d’elles-mêmes leur dignité. “Elles devraient la retrouver dans une Eglise qui reconnaîtrait la valeur sacrificielle de la vie des femmes a-t-elle dit.

Directeur de la pastorale du diocèse et aumônier de l’Association, le P. Francis Cheong Wol-ki, présent lui aussi à ce symposium, s’est fait l’écho de Mgr Yeom, en déclarant à la presse que des femmes de Séoul avait été toujours été un excellent « partenaire de travail Il en a fait l’éloge en disant qu’elle répondait parfaitement aux besoins de la société et que, grâce à ses multiples activités pastorales, elle savait redonner courage à tous. L’Eglise, a-t-il encore affirmé, reconnaît l’immense potentiel que représentent les femmes et veut leur donner l’occasion de travailler dans les organisations ecclésiales autrement que comme assistantes.

des femmes catholiques de Séoul a été fondée en 1963. Depuis, elle a donné naissance à plusieurs autres associations comme celles qui prennent en charge l’entretien de certains séminaristes ou qui aident les prisonniers. Elle est aussi activement présente dans beaucoup de grands rassemblements d’Eglise comme le 44e Congrès eucharistique de Séoul en 1989 où près de 2 800 volontaires ont assumé le rôle d’hôtesses d’accueil auprès des congressistes. L’association est également affiliée à l’Union mondiale des organisations catholiques féminines dont la présidente, Maria Eugenia Diaz de Pfennich, était présente au congrès du 28 octobre.