Eglises d'Asie – Philippines
Selon l’Eglise catholique, des leçons doivent être tirées de l’échec de la procédure de destitution initiée par des députés à l’encontre du président de la Cour suprême
Publié le 18/03/2010
La procédure de destitution entamée, le 23 octobre dernier, par une fraction des députés de la Chambre à l’encontre de Hilario Davide Jr., président de la Cour suprême, avait pris un tour potentiellement dangereux pour le fonctionnement normal des institutions. D’un côté, 80 députés avaient signé la demande de destitution, reprochant au juge suprême des détournements de fonds. Hilario Davide Jr., au nom de la séparation des pouvoirs, avait refusé de venir s’expliquer devant la Chambre. Selon ses proches, la procédure avait été déclenchée par des alliés d’Eduardo Cojuangco Jr., magnat de la finance et éventuel candidat à la présidence. Récemment, les intérêts de Cojuangco avaient été écornés par des décisions de la Cour suprême. De l’autre côté, la procédure en destitution avait été déclarée inconstitutionnelle par la Cour suprême le 10 novembre. Dans les heures qui ont suivi ce jugement, le président de la Chambre des représentants, Jose De Venecia, demandait aux députés de se prononcer par un vote sur le retrait ou non de la procédure de destitution. Une majorité se dégageait alors en faveur du retrait de celle-ci. A l’issue de ce vote, le 10 novembre, Jose De Venecia déclarait que si les députés avaient choisi de défier la Cour suprême en maintenant la procédure, la Cour suprême aurait été en droit de demander à la présidente Gloria Arroyo de recourir à la force pour faire appliquer sa décision, ce qui immanquablement aurait placé les forces de police et l’armée dans une position très inconfortable. Exprimant son soulagement après le dénouement paisible de cette crise, la présidente Arroyo a, le 11 novembre, qualifié le vote des députés de “victoire historique pour le peuple philippin se disant sûre que les trois branches du pouvoir allaient désormais pouvoir se mettre au travail dans la confiance et libres de toute controverse.
Au sein de l’Eglise, outre la réaction de soulagement et l’appel à tirer des leçons d’une telle crise de Mgr Quevedo, des voix se sont élevées pour dire l’impéritie des responsables politiques du pays. Le P. John Carroll, président de l’Institut pour les questions sociales et ecclésiales, personne ne sort vainqueur de cette crise. “Toute cette affaire a détourné l’attention de la nation des vrais débats, l’empêchant de se consacrer à des choses plus constructives a-t-il estimé le 11 novembre, ajoutant qu’il espérait que les électeurs en 2004 sauront sanctionner les députés qui ont montré ces jours derniers que “l’intérêt national n’était pas pour eux une priorité”.