Eglises d'Asie

Selon leurs responsables, les hauts lieux de pèlerinage catholique en Asie devraient être davantage des foyers de vie spirituelle et de rencontre avec le Christ

Publié le 18/03/2010




Les recteurs de cinquante et un hauts lieux de pèlerinage catholique en Asie ont décidé de travailler ensemble pour faire des sites dont ils ont la responsabilité autant de foyers de vie spirituelle et d’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ. C’est là la conclusion de quatre jours de débats, organisés du 20 au 25 octobre dernier à l’occasion du premier Congrès asiatique des recteurs de pèlerinage à Makati, au Centre de formation pastorale San Carlos, aux Philippines. Le thème du congrès était: “Un site de pèlerinage : un lieu d’accueil et de rencontre”. “Les difficultés, nous les connaissons et nous savons qu’il y en aura toujours. Nous ne sommes pas inquiets pour autant. Nous croyons qu’elles ne son pas insurmontables”, ont écrit les recteurs dans le rapport de clôture de leur rencontre intitulé : “Notre pèlerinage à la rencontre de la lumière 

Selon les chiffres des Nations Unies et ceux du World Christian Database, qui correspondent à peu près, on compte environ 310 millions de chrétiens en Asie, catholiques pour un tiers d’entre eux. Tant les hindous que les musulmans y sont deux fois et demi plus nombreux. Pour les recteurs, ces statistiques sont importantes car, selon eux, les lieux de pèlerinage catholiques ne sont pas fréquentés que par les seuls catholiques. Outre les protestants, de nombreux non chrétiens s’y rendent, soulignent-ils.

Le P. Renzo Luca, responsable du sanctuaire des Martyrs de Nagasaki, au Japon, a indiqué que la plupart des visiteurs du sanctuaire étaient, en fait, en quête des “chrétiens cachés” du Japon (1), ces groupes qui toujours secrètement gardent vivantes les traditions chrétiennes de l’époque où le christianisme a été banni du pays, du début du XVIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe. Si l’Eglise souhaite que le sanctuaire des vingt-six martyrs crucifiés en 1597 – des missionnaires jésuites et franciscains et de frères convers japonais – soit un haut lieu de spiritualité plutôt que le lieu de recherches intellectuelles, il y a du travail, explique le P. Luca. Il estime qu’il est nécessaire d’attirer davantage de pèlerins étrangers, étant donné que le nombre des catholiques japonais ne dépasse pas 1 % de la population du Japon.

Le P. Joseph Chau Ngoc Tri, dans son rapport sur le Centre de Notre Dame de Tra Kieu, situé dans le diocèse de Da Nang, au Vietnam, a noté que la culture chrétienne dans sa paroisse plus que centenaire “est une sorte de mélange” de christianisme et de culture religieuse propre à l’ethnie Cham, autrefois majoritairement hindoue. Le P. Tri explique que les catholiques et ceux qui s’intéressent à la culture du royaume Champa du XVIe siècle viennent au sanctuaire de Tra Kieu “pour trouver un espace de prière et faire une visite culturelle”. De janvier à octobre de cette année, le centre a reçu 35 000 pèlerins et visiteurs, dont beaucoup étaient venus pour le traditionnel pèlerinage du 31 mai en l’honneur de Notre Dame.

Au Sri Lanka, a indiqué le P. Paul Robinson, recteur du sanctuaire de St Jude l’Apôtre, les sanctuaires ont servi de refuge à ceux qui fuyaient les combats entre les rebelles tamouls et les troupes gouvernementales. Ils pourraient devenir autant de centres de formation pour la réconciliation. Avant le cessez-le-feu de février 2002, des milliers de gens sont venus se réfugier dans son sanctuaire et le P. Robinson conserve un livre portant les témoignages de ceux dont la vie a été changée par leur passage au sanctuaire.

Mgr Pete Canonero, Philippin, a rappelé que, si 80 % des lieux de pèlerinage dans le monde étaient dédiés à Notre Dame, le nombre des pèlerinages consacrés à des saints locaux, dont ceux canonisés par Jean-Paul II, ont augmenté en Asie. Un autre prêtre philippin, le P. Leonardo Mercado, a souligné dans son intervention le rôle des pèlerinages dans le dialogue interreligieux. Les parallèles qui peuvent être établis entre divers aspects des religions d’Asie et les traditions centrées autour de la Vierge Mère attirent des pèlerins de religions différentes dans les chapelles mariales. En Asie comme en Europe, a-t-il rappelé, de nombreux musulmans fréquentent les sanctuaires marials. Selon lui, cet aspect doit être préservé et les recteurs doivent prendre garde à ne pas réserver les lieux saints aux seuls catholiques, perdant ainsi l’occasion d’un dialogue interreligieux. Il a cité le sanctuaire de Notre Dame de Zaragoza, au sud des Philippines, où le nombre des pèlerins musulmans a commencé à diminuer dans les années 1990, du jour où les statues catholiques ont proliféré et des barrières ont été dressées pour délimiter les zones réservées aux catholiques pour la célébration de la messe. Le P. Mercado a cité l’exemple de la réunion d’Assise de l’an dernier où étaient invités des responsables des religions du monde entier. Un espace avait été aménagé sans aucune représentation catholique pour que les participants non chrétiens puissent prier dans un environnement neutre.

A la fin de leur rencontre les recteurs ont décidé de former une association par pays et pour l’ensemble du continent pour se donner “l’occasion d’expérimenter, de partager, d’apprendre et de se renforcer” en s’unissant pour “l’évangélisation en Asie par le biais des pèlerinages”. Invités par le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, les recteurs étaient venus de toute l’Asie (Bangladesh, Inde, Indonésie, Japon, Corée du Sud, Macao, Malaisie, Pakistan, Philippines, Singapour, Sri Lanka, Taiwan, Thaïlande et Vietnam).