Eglises d'Asie – Indonésie
A l’approche des élections législatives et présidentielles de 2004, les évêques catholiques préparent une Lettre pastorale et s’inquiètent de l’élargissement de la fracture sociale
Publié le 18/03/2010
Dans le communiqué publié le 13 novembre, le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta, et Mgr Ignatius Suharyo, archevêque de Semarang, qui ont été réélus aux postes de président et de secrétaire général de la Conférence épiscopale, écrivent que “les différences grandissent entre les riches et ceux qui n’ont rien, au point que certains de ces derniers recourent au suicide pour échapper aux difficultés financières”. Dans un tel contexte, poursuivent-ils, la “justice sociale” n’est donnée qu’à un petit nombre de personnes. “Le défi nous est lancé d’élargir cette justice sociale au-delà de la petite part de la nation qui en jouit déjà écrivent-ils. Pour répondre à ce défi, les Indonésiens doivent changer leur façon de penser et passer d’une réflexion centrée sur leur intérêt personnel à un souci constant du bien commun. Notant que de nombreuses personnes “dans des groupes divers et au sein de chacune des religions” présentes en Indonésie font passer l’intérêt général avant leurs intérêts privés, les évêques souhaitent que les catholiques collaborent avec ces personnes afin de bâtir une société plus juste.
Lors de la conférence de presse organisée le 13 novembre, le cardinal Julius Darmaatmadja s’est dit impressionné par la campagne anti-corruption lancée récemment à l’échelon national par les deux grandes organisations musulmanes de masse, la Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah. “Nous devons nous joindre à eux, soutenir leur mouvement anti-corruption et en faire un mouvement commun de fraternité pour construire la nation a-t-il déclaré, ajoutant qu’à l’heure actuelle, le principe national de la “Croyance en un Dieu unique” avait tendance à se transformer en une “Croyance en l’Argent suprême”. Si nous continuons ainsi, a-t-il poursuivi, l’avidité et l’égoïsme vont devenir des traits de caractère de la nation et les gens ne se considéreront plus en frères et sours mais en ennemis.
S’agissant des échéances électorales de 2004, le cardinal a informé la presse que les évêques mettaient la dernière main à une Lettre pastorale destinée à guider les catholiques et à les inciter à voter pour les dirigeants qui travailleront à réduire la fracture sociale aujourd’hui constatée. La Lettre, a précisé Mgr Suharyo, sera “conforme à l’obligation de la Conférence d’inciter les catholiques et la société à se montrer prudents dans ces élections”. Elle aura cinq parties : les données, des analyses, la morale politique, les élections et un appel. “Nous dressons la liste des problèmes du pays, soit, entre autres, le système économique, la destruction de l’environnement, la colossale dette étrangère et l’argent dans la vie politique a-t-il précisé, ajoutant que le document pouvait être considéré comme un texte d’éducation civique pour tous les catholiques. “Il leur sera demandé de se rassembler pour lire, apprendre et discuter des problèmes, afin d’adopter une position correcte sur ces sujets a-t-il dit, précisant que les évêques avaient le devoir d’unir leurs fidèles mais que, dans le domaine politique, chacun gardait sa liberté de choix.
Commentant la conférence de presse des évêques, Joseph Pati, catholique et député au Parlement de la province de Célèbes-Nord, s’est réjoui que les évêques se donnent pour mission l’éducation civique des catholiques. “Les évêques doivent guider les catholiques pour prévenir la division a-t-il estimé.