Eglises d'Asie

Florès : après la condamnation par un tribunal local d’un prêtre catholique pour diffamation et les violences commises par les partisans de ce prêtre, l’évêque du lieu appelle au calme

Publié le 18/03/2010




Par une lettre datée du 19 novembre dernier, Mgr Darius Nggawa, évêque du diocèse catholique de Larantuka, situé sur l’île de Florès, s’est adressé à ses prêtres et aux catholiques de son diocèse pour leur dire le regret qu’il avait éprouvé du fait des violences commises par les partisans d’un prêtre récemment condamné pour diffamation. Tout en appelant les catholiques à continuer à se battre pour la justice et la paix, il a ajouté que “la lutte contre toutes les formes d’injustice doit être poursuivie mais en étant fondée sur les principes de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté”. “Nous devons mettre fin à toute activité qui viendrait heurter la noblesse du combat pour la justice a-t-il conclu.

L’affaire survenue dans cette région majoritairement catholique de l’Indonésie a pour origine un procès en diffamation opposant le P. Fransiskus Amanue, responsable de la Commission diocésaine ‘Justice et paix’, et le responsable du district de Florès-Est, Felix Fernandez, un catholique. Dans un article paru dans la presse locale en avril dernier, le P. Amanue s’interrogeait sur l’ampleur du budget que Felix Fernandez avait prévu pour financer les réparations des dommages causés dans le district par les graves inondations du printemps 2003. Selon le P. Amanue, le budget prévisionnel était supérieur de 25 % aux besoins réels et, sans le dire explicitement, laissait place à un soupçon de corruption ou de détournement de fonds publics. S’estimant diffamé, Felix Fernandez avait déposé une plainte en ce sens devant la justice locale. Le 15 novembre dernier, un juge a estimé la plainte fondée et a condamné le prêtre catholique à deux mois de prison, tout en suspendant l’exécution de la sentence pour une durée de cinq mois, signifiant par là qu’elle ne serait sans doute pas exécutoire. A l’annonce de la sentence, et malgré les appels au calme du P. Amanue, les partisans de ce dernier sont devenus violents, envahissant le tribunal, le vidant de son mobilier pour le détruire ; poursuivant leur action, ils se sont rendus devant les bureaux du procureur, distants de trois kilomètres, auxquels ils ont mis le feu. Le juge et le procureur ont échappé aux émeutiers en trouvant refuge à la résidence de Mgr Darius Nggawa. Selon un prêtre du diocèse, les dégâts causés par les émeutiers, une foule estimée à 3 000 personnes, s’élèvent à cinq milliards de roupies (500 000 euros).

Le 15 novembre, lors du procès, le P. Amanue avait fait remarquer qu’il avait à plusieurs reprises dans le passé déposé des plaintes contre Felix Fernandez pour usage impropre de fonds publics. Le tribunal n’avait jamais réagi mais, a-t-il souligné, lorsque ce fut au tour de Felix Fernandez de porter plainte, “la police et le procureur ont agi avec rapidité”. A l’annonce du verdict, il a annoncé qu’il avait l’intention de faire appel. Dans sa lettre du 19 novembre, Mgr Darius Nggawa a clairement souligné que le diocèse soutenait le P. Amanue dans cette décision. Il a ajouté que, s’il désapprouvait les méthodes employées par les émeutiers, il comprenait pourquoi tant de gens s’étaient manifestés pour soutenir le P. Amanue. “Je sais combien il peut être difficile de contenir une rage et une insatisfaction longuement accumulées a-t-il écrit. A l’adresse des dirigeants du district et de toutes les personnes en situation de responsabilité, il a écrit : “Nous devons comprendre que, si les gens nous ont confié un certain degré de pouvoir, c’est uniquement dans le but de les servir.”