Eglises d'Asie – Inde
L’appel d’un cardinal indien pour une plus grande autonomie des conférences épiscopales est diversement commenté par les responsables ecclésiaux
Publié le 18/03/2010
Le cardinal, après avoir constaté que les conférences épiscopales n’avaient aujourd’hui pratiquement aucun pouvoir, a souhaité quelles deviennent des instances plus efficaces. Selon lui, une des plus grandes faiblesses de l’Eglise catholique romaine réside dans le fait que l’autorité pontificale s’exerce sans qu’il y ait de participation des personnes concernées, comme le demande le Concile Vatican II. Le chef de l’Eglise syro-malabar a également souhaité une plus grande collégialité et des consultations plus fréquentes entre prêtres et évêques pour tout ce qui concerne les affaires ecclésiales. Pour sa part, même si cela n’est pas obligatoire, il a toujours pratiqué ce genre de consultations avant toute décision importante. Il a ajouté que le type de décentralisation qu’il appelle de ses voux réclame un certain nombre de changements à l’intérieur du droit canon.
Les propos du cardinal Varkey Vithayathil n’ont laissé personne indifférent. En premier lieu, le P. Paul Thelakat, rédacteur en chef de la revue Sathyadeepam, s’est empressé d’ajouter que les propos “francs et positifs” du cardinal ne constituaient en rien une mise en question de l’autorité pontificale. Dans un commentaire recueilli le 13 novembre par l’agence Ucanews, le président de la Conférence épiscopale de l’Inde, Mgr Cyril Baselios de Trivandrum, s’est également montré nuancé. Après avoir fait remarquer que les déclarations du cardinal ne devaient pas être interprétées en dehors de leur contexte, il a exprimé son accord avec la proposition visant à donner davantage de pouvoir aux conférences épiscopales pour renforcer les Eglises locales. Il a ajouté que la décentralisation ne signifiait pas la division mais une plus grande unité et une plus grande participation.
Des commentaires moins favorables se sont aussi fait entendre. Mgr Varghese Chakkalakal, évêque de rite latin à Kannur, au Kerala, a affirmé qu’il n’était pas juste de dire que les évêques indiens étaient obligés de recourir au Vatican pour la moindre affaire. Nombreux sont les domaines où les évêques peuvent décider de leur propre chef. L’évêque a admis cependant que les conférences épiscopales, plus proches de la réalité locale, devraient voir leur pouvoir et leur autorité renforcés, mais il n’est pas certain que, pour cela, il faille modifier le droit canon. Il a ajouté que certaines décisions, comme la nomination des évêques ou la création de nouveaux diocèses, ne peuvent venir que du Saint-Siège.
Une certaine confusion règne au sein des laïcs ayant eu connaissance par la presse des déclarations du cardinal. Beaucoup déclarent ne pas être au courant des pouvoirs réels des évêques et des organisations épiscopales. D’autres ne comprennent pas pourquoi le pouvoir de nomination des évêques indiens appartient au Saint-Siège et non à la Conférence épiscopale.
Pour les observateurs, les déclarations du cardinal Varkey Vithayathil font écho à celles du cardinal Stephen Fumio Hamao, ancien président de la Conférence épiscopale japonaise et actuel président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants. Le 16 octobre dernier, quelques jours avant de recevoir la dignité de cardinal des mains de Jean-Paul II, le cardinal Hamao avait lui aussi appelé de ses voux une réforme des institutions de l’Eglise catholique (1).