Eglises d'Asie

Le concours d’un avocat est refusé aux neveux du P. Nguyên Van Ly jugés en appel par un tribunal de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Selon un communiqué du Comité pour la liberté religieuse au Vietnam, daté du 26 novembre, sur ordre des pouvoirs publics de Hô Chi Minh-Ville, les trois neveux du P. Tadeus Nguyên Van Ly, qui devaient être jugés en appel dans l’après-midi du 28 novembre 2003, ont été traduits devant le tribunal dans la matinée du même jour. Les trois parents du célèbre prêtre dissident, avaient été, en première instance, le 10 septembre dernier, tous condamnés à des peines de prison fermes pour “avoir abusé de la liberté démocratique et porté tort aux intérêt légaux du pays”. Mme Nguyên Thi Hoa avait écopé de trois ans, Nguyên Truc Cuong de quatre ans et Nguyên Vu Viêt de cinq ans (1). Les avocats proposés par la défense pour plaider en faveur des accusés, à savoir le pasteur Nguyên Hông Quang et maître Truong Thi Hiên, ont été refusés par le tribunal, privant ainsi les neveux du P. Ly de toute assistance légale.

Le même refus avait été opposé aux accusés lors du procès en première instance. La famille avait alors fait parvenir aux autorités civiles une protestation officielle. Récemment, le 12 novembre, alors que Nguyên Van Dung, leur frère, était venu rendre visite à Cuong et Viet, placés aujourd’hui dans un camp d’internement de la Sûreté après avoir séjourné à la célèbre prison de Chi Hoa, il a rencontré un commandant de la Sûreté qui lui a fait des remontrances. Il lui a laissé entendre que, si les condamnations de ses frères avaient été si lourdes en première instance, c’est parce qu’il s’était opposé aux pouvoirs publics en leur envoyant une lettre de protestation. Le frère des accusés lui a fait valoir qu’il n’avait fait qu’exercer des droits civiques qui lui étaient reconnus par la loi.

Les trois neveux du P. Ly avaient été arrêtés, les 19 et 20 juin 2001 peu de temps après l’arrestation de leur oncle, qui avait eu lieu le 17 mai 2001, dans sa paroisse de An Truyên dans le diocèse de Huê. Un acte d’accusation (2) porté à la connaissance du public au début du mois de novembre 2002 avait détaillé les activités prétendues subversives de trois neveux du P. Thadée Nguyên Van Ly : échange de numéros de téléphone portable, aides financières de faible importance, échange d’informations au sujet de leur oncle, possession de documents émanant de forces réactionnaires. L’acte d’accusation concluait que les trois inculpés étaient coupables du crime d’espionnage, tel qu’il est défini à l’article 80, section 1, du Code pénal, ainsi libellé : “Est passible de douze à trente ans de prison, d’emprisonnement à vie ou de la peine capitale, quiconque a commis un des crimes suivants : (…), fournir des secrets d’Etat à une nation étrangère ou les recueillir dans l’intention de les lui livrer.” L’accusation était extrêmement grave et pouvait entraîner, comme on s’en doute, une peine extrêmement lourde.

Cependant, les multiples critiques provenant de toutes les parties du monde ont amené les autorités judiciaires à rebrousser chemin. On apprenait le 1er juillet, que la Commission de sécurité et d’enquête du ministère de la Sécurité publique avait totalement changé d’avis sur la nature des crimes des trois inculpés. Elle avait en effet proposé au parquet populaire que les trois neveux du P. Ly soient poursuivis pour avoir abusé de la liberté démocratique (3), accusation qui a été maintenue lors du procès en première instance et a donné lieu aux condamnations précédentes.

Aux dernières nouvelles, selon les membres de la parenté venus lui rendre visite dans son camp d’internement du Nord-Vietnam où il est en détention, le P. Ly, dont la peine de prison a été ramenée de quinze à dix ans de prison, est en bonne forme physique. Mais l’enfermement et l’isolement absolu auquel il est soumis risque de porter atteinte à son équilibre nerveux. De nombreuses associations internationales exigent depuis longtemps sa libération immédiate.