Eglises d'Asie

Le pape a accepté la démission de Mgr Teodoro Bacani, évêque de Novaliches, soupçonné de conduite inappropriée à l’égard de sa secrétaire

Publié le 18/03/2010




Par une lettre de Mgr Antonio Franco, nonce apostolique aux Philippines, rendue publique le 25 novembre dernier par le Bureau national pour les mass media de l’Eglise catholique aux Philippines, les Philippins ont appris que le pape avait accepté la démission de Mgr Teodoro Bacani, évêque du diocèse de Novaliches. Evêque en vue, connu pour ses prises de position sur de nombreux sujets d’actualité, directeur spirituel du très populaire mouvement charismatique El Shaddai, Mgr Bacani était au centre d’une controverse abondamment rapportée par la presse locale. On se souvient qu’en juin dernier, à la surprise générale, Mgr Bacani avait dû quitter son diocèse après que sa secrétaire l’eut accusé de harcèlement sexuel (1).

En même temps que la démission de Mgr Bacani était annoncée, Mgr Antonio Tobias, actuel évêque de San Fernando de La Union et administrateur apostolique de Novaliches depuis le 21 juin dernier, était nommé pour remplacer Mgr Bacani. Selon le communiqué du Bureau national des mass media, la nomination de Mgr Tobias “met un terme à la controverse qui a perturbé le diocèse de Novaliches depuis de nombreux mois”. Il est aussi précisé que “la démission de Mgr Bacani clôt le cas” et qu’“aucune décision juridique n’a été prise par Rome [au motif] qu’une telle décision n’est pas nécessaire”. Pour le Vatican, dont la Congrégation pour les évêques a mené l’enquête déclenchée par le dépôt d’une plainte de l’ancienne secrétaire de Mgr Bacani, ce dernier “reste un évêque estimé, avec tous les droits et les prérogatives d’un évêque” même si, pour le moment, il n’a pas la responsabilité d’un diocèse en particulier. Le Bureau national des mass media précise encore que la nomination de Mgr Tobias à Novaliches, qualifiée de “procédure administrative a pour objet de “ramener la paix dans l’Eglise des Philippines” et que l’on ne doit pas attendre du Vatican un mot de plus sur cette affaire. Le diocèse de Novaliches est situé dans la banlieue de Manille.

Dans une lettre à l’agence catholique d’information Ucanews, le P. Jim Reuter, jésuite, directeur du Bureau national des mass media, a précisé que Mgr Bacani avait “probablement démissionné car la pression des médias [suscitée par cette affaire] causait trop de tort à trop de gens”. Ecrivant que Mgr Bacani, son ancienne secrétaire et le diocèse de Novaliches avaient suffisamment souffert, il a rappelé que Rome n’avait pas statué sur les accusations portées contre l’évêque et qu’il ne fallait pas attendre de décision sur ce point. En août dernier, tandis que Mgr Bacani était revenu aux Philippines après un séjour de deux mois à l’étranger, un évêque philippin avait déclaré que, selon la Congrégation pour les évêques, au Vatican, les preuves attestant la culpabilité de Mgr Bacani étaient insuffisantes pour aboutir à sa démission.

Accusé d’avoir enlacé et tenté d’embrasser sa secrétaire, Mgr Bacani aura finalement dirigé le diocèse de Novaliches durant un peu moins de cinq mois. Evêque auxiliaire de Manille durant dix-huit ans, Mgr Bacani avait été installé le 16 janvier 2003, jour de son 63e anniversaire, sur le siège de Novaliches, un diocèse tout juste érigé à partir d’une partition de l’archidiocèse de Manille (2). Le 21 juin, Mgr Tobias avait été nommé à titre “temporaire” administrateur apostolique de ce nouveau diocèse.

La démission de Mgr Bacani porte à cinq le nombre des évêques qui, ces dernières années, ont vu leur démission acceptée par le Vatican pour des raisons autres que médicales ou liées à l’âge.