Eglises d'Asie

Les directives de la Conférence épiscopale concernant les prêtres accusés d’inconduite en matière sexuelle devront être envoyées à Rome pour accord

Publié le 18/03/2010




Contrairement à ce qui avait été initialement annoncé, les directives préparées par la Conférence épiscopale concernant les prêtres accusés d’inconduite en matière sexuelle devront être envoyées au Vatican pour y être examinées et éventuellement approuvées ; ce n’est qu’une fois ce processus mené à son terme que ce document pourra être diffusé et appliqué. Selon Mgr Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato et président de la Conférence des évêques, “certains d’entre nous, évêques, se fondant sur l’avis de certains de nos pairs dans l’épiscopat spécialistes de droit canon, ont considéré – à tort – que ce document, du fait de sa nature, ne nécessitait pas un envoi pour accord à Rome”. Le 23 novembre dernier, Mgr Quevedo a publié un message précisant que les “Directives pastorales concernant les inconduites et les abus sexuels commis par le clergé” étaient sous embargo et ne devaient pas être diffusées avant que Rome ne les approuve. Il revenait ainsi sur sa déclaration du 20 novembre selon laquelle ce document étant adressé “comme une aide à tous les évêques et les prêtres il ne nécessitait pas “la ‘ou l’accord du Vatican”. La mise au point du président de la Conférence épiscopale est intervenue tandis que les journaux philippins s’étaient emparés du sujet et se livraient à toutes sortes de spéculations sur le contenu du document.

On se souvient qu’en juillet 2002, réunis pour leur assemblée plénière biannuelle à Tagaytay City, les évêques catholiques des Philippines avaient abordé de front la question des écarts de conduite en matière sexuelle de certains de leurs 7 000 prêtres. Prêtres pédophiles, prêtres pères de famille ou ayant des relations sexuelles avec une ou plusieurs femmes, les évêques n’avaient laissé de côté aucun de ces sujets difficiles, débattant d’un projet de charte détaillant la conduite à tenir face à de tels prêtres. Une première mouture du texte aujourd’hui achevé était alors rédigée puis envoyée dans les diocèses pour consultation (1). Lors de son communiqué du 23 novembre, Mgr Quevedo a renvoyé la divulgation de ces “directives” au mois de janvier 2004. En effet, a-t-il déclaré, “le secrétariat général de la Conférence épiscopale n’a pas le pouvoir de diffuser ce texte au grand public ajoutant que seule l’assemblée plénière des évêques, dont la prochaine réunion est prévue pour le mois de janvier prochain, pouvait mandater le secrétariat général à cette fin.

Dans sa déclaration du 20 novembre, Mgr Quevedo avait également souhaité corriger les comptes-rendus “grossièrement inexacts” que les médias ont pu donner des directives. Il a souligné que, dans les cas d’écarts de conduite en matière sexuelle, outre le souci des victimes, “la question-clé” était “la capacité [des personnes mises en cause] à vivre le célibat”. Il a aussi ajouté que le texte préparé par les évêques ne contenait pas de règle générale telle que “une offense et vous n’êtes pas rayé des listes du clergé”. Un journal populaire s’était cru autorisé à écrire que les directives posaient comme règle que les prêtres devenus pères d’un enfant ne seraient pas automatiquement réduits à l’état laïque mais que ceux qui étaient pères de deux enfants le seraient. Un autre affirmait que les directives, longues de dix-huit pages, avaient déjà été distribuées au clergé.

Dans une mise au point, le cardinal Vidal, archevêque de Cebu, a déclaré le 20 novembre que pas une seule ligne de ces directives ne pouvait être rendue publique tant que le texte n’avait pas été approuvé par Rome. “Nous espérons que le pape approuvera le document avant la fin de l’année a-t-il dit.