Eglises d'Asie – Divers Horizons
Les évêques catholiques du Cambodge et du Laos réfléchissent aux aspects de la vie de leurs Eglises respectives qui peuvent être mis en commun
Publié le 18/03/2010
Formant une seule Conférence épiscopale, du fait que ces deux pays partagent un passé commun et une culture proche, les deux Eglises du Laos et du Cambodge ont identifié depuis plusieurs années déjà des points de complémentarité (1). Pour Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, vicaire apostolique de Pakse (Sud du Laos), les ressources dont disposent ces deux Eglises sont telles que, seules, elles ne sont pas en mesure de donner une bonne formation à leurs futurs cadres. “Nous devons trouver les voies nous permettant de nous aider mutuellement et de coopérer a-t-il souligné.
Un obstacle évident à toute coopération poussée, a rappelé Mgr Enrique Figaredo, préfet apostolique de Battambang (partie Ouest du Cambodge), est la diversité linguistique qui existe entre les deux pays. Les Cambodgiens s’exprimant en khmer et les Laotiens en laotien, “nous ne pouvons pas mettre en place un centre de formation unique et commun aux deux pays mais nous croyons qu’il est possible de partager certains aspects de la formation et d’organiser de courtes périodes d’études en commun a-t-il dit. Pour Mgr Antonysamy Susairaj, préfet apostolique de Kompong Cham (Est du Cambodge), s’agissant de la formation des séminaristes, “nous n’avons pas de solution mais partager ensemble nos soucis représente déjà beaucoup” ; il a aussi rappelé un fait constaté depuis plusieurs années : l’Eglise du Laos a un certain nombre de séminaristes “tandis qu’au Cambodge, nous avons un plan pour former des séminaristes mais il n’y a que très peu de candidats au sacerdoce”.
Au-delà des différences sociales et politiques entre les deux pays, qui sont grandes et qui n’ont cessé de se creuser depuis 1975, les responsables des deux Eglises ont réaffirmé, à l’occasion de leur rencontre, le bien-fondé d’une Conférence épiscopale commune, une instance permettant de mettre en commun les problèmes assez similaires d’Eglises en reconstruction confrontées à un manque important de cadres. Pour Mgr Khamsé, cette communauté est “très importante”. Le fait d’appartenir à deux pays majoritairement bouddhistes ayant été un temps dominés par la France a développé des façons de penser et des cultures “similaires a-t-il noté. “Les deux Eglises du Cambodge et du Laos, a expliqué Mgr Emile Destombes, vicaire apostolique de Phnom Penh, vivent aujourd’hui dans des contextes socio-politiques différents mais partagent des difficultés et des espérances pour la mission de l’Eglise. Apporter l’annonce de l’Evangile est un problème difficile pour des pays comme le Laos et demande des solutions et des voies spécifiques pour le Cambodge.”
Après une période de répression sévère au Laos et destructrice au Cambodge, suivant l’arrivée au pouvoir du Pathet Lao d’un côté et des Khmers rouges de l’autre, les deux Eglises sont aujourd’hui en pleine reconstruction même si le rythme en est plus lent au Laos, où le gouvernement reste communiste et sous la dépendance du parti frère vietnamien. Aujourd’hui, le Cambodge compte 12 millions d’habitants et environ 25 000 catholiques, répartis en trois juridictions : les préfectures apostoliques de Battambang et de Kompong Cham ainsi que le vicariat apostolique de Phnom Penh. Au Laos, au sein d’une population de 5,8 millions d’habitants, les catholiques sont 35 000, répartis en quatre vicariats apostoliques : Luang Prabang, Pakse, Savannakhet et Vientiane. Au Laos, la présence de missionnaires étrangers est toujours interdite ; néanmoins, la vie de l’Eglise se réorganise et se développe peu à peu depuis 1992, date à laquelle la liberté religieuse a été introduite dans la Constitution. Au Cambodge, tout le clergé local ayant été tué sous le régime de Pol Pot, la renaissance de l’Eglise à partir de 1991 a été progressive et se fait avec un clergé majoritairement missionnaire.
L’origine de la CELAC remonte à 1963 lorsque Mgr Yves Ramousse, à l’époque vicaire apostolique de Phnom Penh, eut l’idée de réunir les responsables des deux Eglises au sein d’une structure commune afin de répondre aux défis posés par le Concile Vatican II et de les encourager à travailler en équipe. La CELAC se réunissait dans les premiers temps deux fois par an avant de cesser de fonctionner à partir de 1975. En 1995, elle a repris ses activités, au gré d’une réunion annuelle, même si, estime Mgr Susairaj, “la dynamique à l’ouvre dans l’ancienne CELAC, celle d’avant 1975, n’a pas été recréée”. “Nous nous éveillons tout juste à cette nouvelle réalité a-t-il commenté.