Eglises d'Asie

La répression exercée sur les populations des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam se renforce et se banalise

Publié le 18/03/2010




L’organisation Human Rights Watch dont le siège est à New York a tracé un tableau général de la situation des droits de l’homme au Vietnam à l’intention des cinquante pays donateurs et des organisations financières internationales qui se sont réunies les 2 et 3 décembre 2003 à Hanoi. Après avoir mentionné la répression du bouddhisme unifié, les récents procès de dissidents, le rapport s’attarde plus particulièrement sur la situation des militants politiques et religieux sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. Selon l’organisation, qui suit ce dossier avec un soin particulier (1), les chrétiens montagnards constituent une part importante des personnes emprisonnées au Vietnam pour leur foi ou leurs idées politiques. L’organisation estime à 124 les Montagnards en train de purger une peine supérieure à treize ans de prison pour activités politiques non violentes, organisation de rassemblements religieux ou tentative de demande d’asile au Cambodge. Les premières de ces arrestations ont eu lieu après le mois de février 2001, époque ou des milliers de Montagnards ont manifesté pacifiquement dans certains chefs lieux de province des Hauts Plateaux réclamant leurs terres ancestrales et la liberté religieuse.

Pour la seule année 2003, au moins soixante militants montagnards ont été arrêtés et incarcérés. La situation, semble-t-il, s’est particulièrement détériorée depuis le mois d’août, époque où le gouvernement a lancé une nouvelle vague de répression. Les autorités ont multiplié les renforts policiers et militaires et établi des postes de contrôle le long des routes. Des restrictions strictes frappent les déplacements dans les Hauts Plateaux, les réunions de plus de deux personnes ainsi que les communications avec le reste du monde. Les réunions du culte chrétien, en dehors du domicile privé, sont largement interdites. La possession d’un téléphone cellulaire peutêtre un motif d’arrestation.

Les Montagnards qui sont volontairement revenus des camps de réfugiés du Cambodge où les avait menés un premier exode à la recherche d’un asile, sont gardés sous stricte surveillance et parfois placés en résidence surveillée. Les autorités gouvernementales continuent de forcer les Montagnards à signer des engagements ou, lors de sessions d’autocritique, à prononcer des déclarations publiques par lesquelles ils renoncent au christianisme et promettent de mettre un terme à leurs activités politico-religieuses. Ils affirment également retirer leur pétition réclamant la reddition de leurs terres ancestrales.

Selon l’organisation des droits de l’homme, la répression en s’accentuant ces temps derniers a poussé des dizaines et peut-être des centaines de personnes à fuir leurs villages et à entrer dans la clandestinité. Cependant, pour la plupart d’entre eux, il est impossible de passer la frontière du Cambodge rendue étanche des deux côtés et d’échapper aux forces de police qui les rapatrient de force dans leurs pays.