Eglises d'Asie – Inde
L’écrasante défaite du Parti du Congrès lors des dernières élections législatives marque peut-être l’avènement d’un nouvel état d’esprit des électeurs indiens
Publié le 18/03/2010
Avant les élections, il été pronostiqué que le Congrès perdrait sans doute le Madhya Pradesh. Mais avec la perte de trois Etats, le Parti du Congrès se trouve éliminé de toute l’Inde centrale, la partie la plus peuplée du pays : le Rajasthan et le Madhya Pradesh abritent chacun quelque 60 millions d’habitants. Les développements politiques de cette région de langue hindi exercent une profonde influence sur les autres Etats de l’Inde. Ces résultats affaiblissent en premier lieu la position de Sonia Gandhi, dirigeante du Parti, et dénoncent la faiblesse de la stratégie électorale adoptée par son parti. Les candidats du Congrès ont fait campagne dans les quatre Etats en s’appuyant surtout sur les problèmes brûlants posés par l’absence d’esprit laïque (secular), dénonçant le fondamentalisme de leurs adversaires.
Or les candidats du BJP, dont les positions en ce domaine sont bien connues et qui avaient enregistré récemment une série de revers électoraux à la suite de campagnes où les passions du communautarisme étaient volontairement échauffées, ont, cette fois-ci, soigneusement évité les problèmes religieux pour s’attacher aux questions de développement local et d’administration régionale. Ainsi, la candidate au poste de ministre-président du Madhya Pradesh, Uma Bharti, qui a fait sa campagne vêtue de la tunique jaune safran des religieux hindous, et avait été inculpée en 1992 pour avoir incité la foule à démolir la mosquée de la ville sainte d’Ayodhya, n’a parlé, durant cette campagne électorale, que de la situation peu reluisante des routes, des coupures d’électricité, des défaillances de l’équipement en eau potable. Cette tactique apparemment a produit ses fruits. Le BJP a opéré ainsi une reconversion totale de son image. Considéré jusque là comme un parti lié à l’intégrisme religieux et aux querelles intercommunautaires, il est apparu dans la campagne comme capable de faire mieux que le Parti du Congrès dans le domaine du développement et de l’administration du pays.
On peut penser que ce succès du BJP correspond à une transformation de la mentalité populaire et à un commencement de déclin de la vogue des thèmes religieux qui, jusque là, avaient fait le succès du parti nationaliste hindou. Il est à remarquer que si le Congrès a réussi à conserver le poste de ministre-président de l’Etat de Delhi pour sa candidate, Sheila Diskhit, c’est grâce aux efforts accomplis par celle-ci, au cours de son mandat, pour améliorer les routes, le réseau électrique, les transports publics, grâce à de nombreuses privatisations.