Eglises d'Asie

Selon certaines sources, les organisations terroristes islamistes sont divisées, certaines souhaitant s’en prendre aux seuls chrétiens d’Indonésie, d’autres à des symboles de l’Occident

Publié le 18/03/2010




Les organisations terroristes inspirées par la mouvance intégriste islamique sont divisées sur la stratégie à adopter. Dans leur lutte contre un Occident honni, certains de leurs membres souhaitent continuer à s’en prendre à des “cibles molles” (par contraste avec des “cibles dures” telles que les ambassades ou les bases militaires, très fortement surveillées et protégées), telles que des hôtels et des boîtes de nuit, quitte à ce qu’outre des Occidentaux, de nombreux musulmans soient tués lors de ces opérations. D’autres au sein de la Jemaah Islamiah, le réseau terroriste actif en Asie du Sud-Est lié au réseau Al-Qaida, souhaitent que le djihad porte ses coups contre les chrétiens présents en nombre dans certaines parties de l’Indonésie, afin d’épargner le sang de musulmans innocents. Telles sont les conclusions auxquelles sont arrivées récemment certains milieux officiels indonésiens, dans l’appareil gouvernemental, au sein des services de renseignement en particulier.

Rapportées dans le StraitsTimes de Singapour du 11 décembre dernier, ces conclusions font état de l’intensification d’un débat parmi les extrémistes islamiques indonésiens qui serait survenue après l’attentat à la bombe commis le 5 août dernier à Djakarta à l’hôtel JW Marriott, attentat qui a fait douze morts, des musulmans pour la plupart. Depuis cette date, un groupe d’avocats musulmans connus pour assurer la défense des militants islamistes déférés devant la justice indonésienne a déclaré qu’il n’accepterait pas de défendre les responsables de cet attentat. Selon une personnalité proche des milieux du renseignement indonésien, Zulkarnaen, présenté comme le chef des opérations menées par la Jemaah Islamiah, ainsi que plusieurs militants importants n’auraient pas apprécié le fait que la plupart des victimes de l’attentat du 5 août aient été des musulmans.

Le 9 décembre dernier, Ismail, un des principaux suspects dans l’attentat du Marriott, a dit regretter cette action à cause du grand nombre de victimes indonésiennes. Mahendradatta, leader du Groupe des avocats musulmans, dont les membres assurent la défense de la plupart des personnes arrêtées dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de Bali (1), affirme que certains de ses clients disent que la guerre doit être cantonnée aux régions où les musulmans ont été attaqués par les chrétiens – les Moluques et Célèbes. D’autres, poursuit-il, pensent que toutes les actions menées en Indonésie sont justifiées “car l’Indonésie n’est pas encore un Etat islamique”.

Ces révélations à propos d’éventuels désaccords au sein de la Jemaah Islamiah coïncident avec les entraves mises après les attentats du 11 septembre à l’action -Qaida et de la Jemaah Islamiah et qui, selon des spécialistes de ces questions, ont mené à des frappes moins bien ciblées, non seulement en Indonésie mais un peu partout dans le monde. Selon ces spécialistes, ces dissensions pourraient affaiblir les réseaux terroristes aujourd’hui actifs mais pourraient aussi signifier que l’on peut s’attendre à voir des cellules passer à l’action sans avoir le feu vert de leurs pairs. S’agissant de l’Indonésie, des responsables gouvernementaux, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, disent s’attendre à une recrudescence des attaques autour de Noël et du jour de l’An. Le 7 décembre dernier, à Bali, Susilo Bambang Yudhoyono, ministre de la sécurité nationale, a, dans un discours public, mis en garde contre de futurs attentats, des terroristes apparemment “se regroupant, renouant des contacts, recrutant et s’entraînant à nouveau” (2

Pour un responsable américain du contre-terrorisme, s’exprimant lui aussi sous le sceau de l’anonymat, les coups portés contre le réseau Al-Qaida et la désorganisation de ce dernier peuvent effectivement aboutir à ce que les futures actions terroristes fassent de nombreuses victimes musulmanes. Selon lui, de tels actes pourraient produire en retour un mouvement défavorable au terrorisme au sein du monde musulman.