Eglises d'Asie – Indonésie
Timor occidental : l’évêque catholique d’Atambua refuse pour ses services une aide humanitaire originellement prévue pour les réfugiés est-timorais
Publié le 18/03/2010
Le 3 novembre dernier, une lettre de l’administration provinciale de NTT informait l’évêque que le Bureau des affaires sociales allait livrer des motocyclettes à cinq paroisses du diocèse. L’offre était présentée sous la rubrique : « Transfert d’aide financière humanitaire du gouvernement japonais ». Tout en accusant réception de l’offre, Mgr Pain Ratu décida de la rejeter. « Nous avons fait cela pour plusieurs raisons a-t-il déclaré. En termes de procédure, les règles de fonctionnement du diocèse stipulent que l’évêque soit consulté avant que des aides puissent être distribuées et acceptées par les paroisses ou les instances placées sous son autorité. Or, a constaté Mgr Pain Ratu, l’administration provinciale a omis de le faire. Deuxièmement, « tout d’un coup, j’ai reçu cette lettre. Et je me suis demandé : qu’y a-t-il derrière ? a-t-il rapporté, expliquant que les Est-Timorais qui sont aujourd’hui encore présents au Timor occidental se demandent où sont passées les aides qui étaient sensées leur parvenir.
On se souvient qu’après le référendum d’août 1999 au Timor-Oriental et les violences qui suivirent, plusieurs dizaines de milliers d’Est-Timorais se trouvèrent réfugiés au Timor occidental. Peu à peu, la plus grande partie d’entre eux sont retournés au Timor-Oriental, au fur et à mesure de la normalisation de la situation entre l’Indonésie et le Timor-Oriental nouvellement indépendant. Cependant, une fraction, environ 10 % de ces réfugiés, n’a pas pris le chemin du retour. Au début de l’année 2002, le gouvernement japonais a envoyé une aide en leur faveur de 53 milliards de roupies (5,25 millions d’euros), à charge pour l’administration de la province de NTT de la distribuer. Selon le Jakarta Post, un envoyé du ministère japonais des Affaires étrangères a rendu visite en juillet dernier au gouverneur de la province, Piet A. Tallo, pour lui demander pourquoi l’aide envoyée trois mois plus tôt n’avait toujours pas été distribuée aux réfugiés est-timorais. L’administration provinciale a répondu qu’elle ne souhaitait pas que toute l’aide aille aux seuls réfugiés mais voulait que les populations pauvres du Timor occidental, qui avaient souffert de la présence des réfugiés, soient elles aussi aidées. Un accord a ensuite été trouvé prévoyant une distribution aux réfugiés comme aux locaux.
Pour Mgr Pain Ratu, « l’Eglise catholique [au Timor occidentaldans un territoire contigu au Timor-Oriental, ne veut pas être mêlée à ce problème ou rendre les choses plus difficiles. Le gouvernement japonais a accepté d’apporter une aide humanitaire aux pauvres, les réfugiés est-timorais et les populations locales vivant autour des camps de réfugiés ». L’évêque a expliqué sa décision aux prêtres, aux religieux et aux responsables laïcs du diocèse, une centaine de personnes en tout, lors d’une assemblée pastorale qui a eu lieu du 26 au 29 novembre dernier. Ceux qui avaient déjà reçu une motocyclette ont été priés de la rendre aux autorités provinciales. Selon Sour Florentina Seran, de la congrégation des Servantes du Saint-Esprit, la décision a été bien comprise.
Selon des statistiques gouvernementales, le nombre des Est-Timorais présents au Timor occidental à la fin août 2003 était de 9 805 familles, soit 28 000 personnes. Un chiffre légèrement supérieur à celui de 25 200, datant de janvier 2003 (2), et qui indiquerait qu’une partie des Est-Timorais rapatriés en 2002 au Timor-Oriental est revenue vivre en Indonésie.