Eglises d'Asie

Trois catholiques récemment condamnés pour dissidence bénéficient en appel de très importantes réductions de peine

Publié le 18/03/2010




A l’issue de leur procès en appel qui s’est tenu dans la matinée du 28 novembre 2003 à Hô Chi Minh-Ville (1), les trois neveux du P. Nguyên Van Ly ont bénéficié d’une considérable réduction de peine. Nguyên Vu Viêt qui, en première instance, avait été condamné à cinq ans de prison voit sa peine réduite à deux ans et huit mois. Nguyên Truc Cuong avait écopé de quatre ans de prison lors du premier procès. Sa peine est réduite également à deux ans et huit mois de prison. Mme Nguyên Thi Hoa, dont la peine précédente était de trois ans d’incarcération, n’est plus condamnée qu’à quatre mois et six jours. Les deux premiers accusés avaient été arrêtés le 19 et 20 juin 2001 et sont restés incarcérés depuis cette époque. Il ne devrait leur rester que quelque trois mois à purger. Quant à Mme Hoa, veuve et mère de quatre enfants, elle avait été maintenue en détention préventive pendant quatre mois et six jours. Elle était donc libre à l’issue du procès.

Des comptes-rendus du procès ont été immédiatement fournis par des sources proches de la famille des inculpés. Un peu plus d’une semaine avant la tenue du procès en appel, un employé du tribunal populaire avait fait savoir à la famille des accusés que les deux “pasteurs cumulant la fonction d’avocat Nguyên Hông Quan et Truong Tri Hiên, n’avaient pas le droit de plaider devant la Cour populaire de Saigon, car ils n’étaient, selon elle, ni avocats ni même juristes. Dans la matinée du 28 novembre, les deux neveux, Viêt et Cuong, furent amenés au tribunal depuis le centre de détention dans lequel ils étaient détenus tandis que Mme Hoa était accompagnée jusqu’à la porte du prétoire par sa famille. Les gardiens après avoir fait entrer l’accusée dans la salle essayèrent d’en refuser l’accès aux sept membres de sa famille. Après de vigoureuses protestations et la production de pièces adéquates, ils furent finalement admis dans la salle d’audience. Le même scénario se répéta, quelques instants plus tard, pour le pasteur Nguyên Hông Quang et maître Truong Tri Hiên, qui ne purent pénétrer dans la salle que longtemps après le commencement du procès.

Les divers observateurs attribuent généralement ces réductions de peine à l’intense pression internationale qui, ces temps derniers, s’est exercée sur les autorités judiciaires du Vietnam et son gouvernement, visant aussi bien le cas précis des trois neveux du P. Nguyên Van Ly que la situation générale des droits de l’homme au Vietnam. Déjà les diverses interventions internationales avaient poussé les autorités judiciaires à modifier l’acte d’accusation primitif qui attribuait aux inculpés le crime d’espionnage. Le 1er juillet 2003, la commission de sécurité et d’enquête du ministère de la Sécurité publique avait proposé au parquet populaire que les trois neveux du P. Ly soient poursuivis pour avoir abusé de la liberté démocratique (2), accusation qui a été maintenue lors du procès en première instance. Quelques jours avant le procès en appel, le 19 et le 20 novembre, deux résolutions de la Chambre des représentants américains et du Parlement européen visant plus spécialement la persécution exercée contre le bouddhisme unifié exprimaient l’une et l’autre l’inquiétude de leurs signataires concernant le procès en appel contre les neveux du P. Ly. Deux jours avant le procès, au terme de leur réunion annuelle sur les droits de l’homme avec le gouvernement de Hanoi (3), les représentants de la Commission européenne ont déclaré avoir soulevé des questions concernant le libre exercice des libertés fondamentales au Vietnam (4). Ils ont aussi demandé que ce dialogue sur les droits de l’homme soit suivi de gestes concrets. Le même jour, Amnesty international, dans un rapport sur le musellement d’Internet au Vietnam, signalait que depuis 2001 au moins dix personnes avaient été arrêtées pour avoir échangé des informations avec des Vietnamiens de l’étranger, ce qui était le cas des neveux du P. Ly. Le 27 novembre, c’était au tour de Reporters sans frontières de mettre le pouvoir judiciaire vietnamien en garde contre une injuste condamnation des parents du P. Ly.

Dans les milieux du bouddhisme unifié, on se réjouit également de l’étonnante indulgence manifestée à l’égard des trois jeunes catholiques tout en s’étonnant d’en être exclus : “La réduction de peine en faveur des trois jeunes personnes est un geste bienvenu, affirme le directeur du Bureau international d’information bouddhiste (5), mais le Vietnam s’en sert comme d’une tactique visant à neutraliser les critiques internationales et à camoufler un beaucoup plus sérieux problème, la détention du plus éminent des religieux dissidents de l’Eglise bouddhiste unifié, le patriarche Thich Huyên Quang, et la campagne menée par lui pour supprimer le mouvement pacifique pour la liberté religieuse, les droits de l’homme et la démocratie.”