Eglises d'Asie

A l’approche des élections présidentielles, l’Eglise catholique met en garde les électeurs contre la tentation de se laisser séduire trop hâtivement et facilement par les promesses des candidats

Publié le 18/03/2010




Avec l’ouverture, le 15 décembre dernier, du dépôt des candidatures pour les élections présidentielles du 10 mai prochain, l’Eglise catholique a appelé les électeurs à ne pas se laisser aveuglément séduire par les promesses des candidats en présence et à ne pas se laisser aller à demander à ces derniers des faveurs en échange de leurs voix.

La Commission pour les élections clôturera ses bureaux le 2 janvier 2004 et attend, outre la dizaine de candidats à l’élection présidentielle, environ 450 000 dossiers, déposés par les candidats aux 17 676 postes nationaux et locaux qui seront soumis au verdict des urnes en même temps que la présidence de la République, en mai prochain. La Commission a le pouvoir de déclarer un candidat à l’un ou l’autre de ces postes “candidat calamiteux” si elle juge que sa candidature est de nature à se moquer ou à manquer de respect au processus électoral ou encore si le candidat n’a pas de réelle aspiration à occuper une fonction publique.

La veille de l’ouverture du dépôt des candidatures, le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, a confié qu’il fallait s’attendre à nouveau à un déluge de promesses électorales. “Une fois qu’ils auront déposé leur candidature, ils devront bien promettre quelque chose, a-t-il dit. Mais attendons de voir s’ils jouent vraiment le jeu ou bien s’ils ne font qu’accroître la souffrance des gens.” Après “avoir voté à de très nombreuses reprises le cardinal, âgé de 72 ans, s’est dit fatigué d’entendre “toujours et toujours des promesses, encore des promesses”. Quelques jours plus tard, le 18 décembre, on pouvait entendre l’un des candidats à l’élection présidentielle, German Tupaz Valladarez, déclarer qu’une fois élu, il imprimerait des “dollars philippins” afin de doper la valeur du peso philippin face au dollar américain. Un autre candidat, Luisito Bacani, a dit vouloir légaliser les “jueteng paris clandestins fondés sur un jeu de chiffres, afin de favoriser la création d’emplois. L’Eglise catholique et d’autres se battent de longue date contre ces paris auxquels de nombreux pauvres consacrent le peu qu’ils possèdent. Luisito Bacani a aussi précisé qu’il taxerait l’Eglise catholique et les autres organisations religieuses. La Constitution de 1987, qui établit la séparation de l’Eglise et de l’Etat, exempte les Eglises et les institutions religieuses de taxes et stipule que l’argent public ne doit pas être utilisé pour soutenir la religion.

Quelques jours plus tôt, un prêtre jésuite animait un séminaire à Davao, à Mindanao, sur le thème de la corruption et de l’accès à l’information. Le P. Albert Alejo, directeur des Initiatives de Mindanao pour le dialogue et la culture, a annoncé vouloir lancer une campagne nationale baptisée “Walang Hihingi !” (‘Pas de sollicitations !’). Avec pour objectif la réduction de la corruption, il souhaite que les électeurs philippins se défassent de l’habitude consistant à demander des faveurs aux candidats en échange de leurs voix. “Pour une fois, ne sollicitons rien de nos candidats, ne les abusons pas, ne permettons pas qu’ils soient corrompus ! a-t-il plaidé, ajoutant que le mouvement devait commencer au sein des paroisses, les prêtres et les paroissiens devant s’empêcher de demander de l’argent aux candidats pour réparer tel autel, pour financer telle procession aux chandelles ou telle autre dépense. Pour le P. Alejo, qui espère voir la Conférence épiscopale lui emboîter le pas, “pour minimiser la corruption dans le gouvernement et l’administration il faut commencer par “changer la mentalité des électeurs” philippins.