Eglises d'Asie

Bihar : un évêque et deux prêtres faussement accusés d’être impliqués dans un enlèvement de mineure font, eux-mêmes, toute la lumière sur l’affaire

Publié le 18/03/2010




Mgr Vincent Barwa, évêque de Purnea, dans l’Etat du Bihar, et deux de ses prêtres ont été publiquement accusés par la police locale, le 5 décembre dernier, d’être impliqués dans une affaire d’enlèvement de mineure qui se serait déroulée dans la première semaine du mois de septembre 2003. L’évêque et les deux prêtres, qui n’ont été avertis des charges qui pesaient sur eux que le 15 décembre, ont aussitôt rejeté ces accusations qui, selon eux, sont entièrement fabriquées et n’ont d’autre but que de nuire à la communauté chrétienne. Aussi bien, lorsque la police leur a proposé de verser une caution anticipée sous peine d’être arrêtés le 27 décembre, ils s’y sont refusés absolument. L’évêque a fait remarquer que c’était les fonctionnaires gouvernementaux et non pas les parents de la fille en question qui avaient déposé la plainte : “Je suis choqué par cette tentative odieuse destinée à nous humilier et à nous blesser a-t-il déclaré.

Les faits tels qu’ils sont rapportés par l’évêque qui était en visite ad limina à Rome au moment du soi-disant enlèvement sont tout autres. Le 13 septembre, un homme du nom de Mangal, qui travaillait à la construction d’une école pour une paroisse du diocèse s’est enfui avec une jeune fille, Pushpa Kishku. Aussitôt les autorités policières locales ont accusé l’évêque et ses prêtres d’avoir organisé le rapt de la jeune fille en vue d’abuser d’elle. A son retour de Rome, l’évêque avait lancé une enquête sur cette affaire et s’était rapidement aperçu qu’il s’agissait d’un faux enlèvement – un événement fréquent dans la région -, la jeune fille consentante s’étant enfuie avec son amoureux en vue de forcer ainsi le consentement des familles. Pour les prêtres du diocèse, il ne fait pas de doute que ces accusations absurdes n’ont qu’un but, jeter le discrédit sur la hiérarchie et le clergé du diocèse qui ne travaille dans cette région que depuis cinq ans environ.

Le magistrat du lieu, Santaj Kumar Upadhyay, un hindou de haute caste, inscrit comme plaignant en cette affaire, s’est présenté auprès des prêtres de la paroisse qui lui ont montré sur le registre de baptêmes que la prétendue mineure enlevée était née en 1981. Malgré cela, le magistrat continue de considérer la jeune fille comme mineure, alors que la loi de l’Inde déclare les femmes majeures à partir de 18 ans et libres à partir de cet âge de choisir le partenaire qui leur plaît. Le magistrat s’est cependant étonné de voir que ses supérieurs l’aient établi comme plaignant dans cette affaire, alors que les parents de Pushpa Kishku auraient dû jouer ce rôle.

Les parents de la jeune fille, d’ethnie Santal, ont fait des confidences qui jettent toute la lumière souhaitable sur les faits. Ils étaient au courant de la relation de leur fille avec Mangal et ne s’opposaient pas au mariage des deux jeunes gens. Ils se préparent d’ailleurs à procéder à leur union légitime lorsqu’ils reviendront de leur fugue. “Beaucoup de nos garçons et filles s’enfuient ainsi pour revenir plus tard selon les coutumes de notre peuple a expliqué la mère. Le père, Bablu Kishku, a révélé aux prêtres que des fonctionnaires du gouvernement sont venus le voir en novembre pour lui demander si l’évêque et les deux prêtres avaient joué un rôle dans la disparition de sa fille. Ils lui avaient laissé entendre que, dans le cas où les ecclésiastiques étaient reconnus coupables, il recevrait une forte somme en indemnité. Le père, qui est catholique, avait refusé de porter plainte.

Le chef de police local, Vidya Sharma, a reconnu avoir subi une forte pression des autorités supérieures pour arrêter les ecclésiastiques. Mais il avait voulu éviter que cette arrestation se fasse le jour de Noël. Il s’est déclaré prêt à appréhender l’évêque et les deux prêtres le 27 décembre si la caution n’était pas payée.