Eglises d'Asie

Jour après jour, le système éducatif paye un lourd tribut aux combats entre les forces gouvernementales et la guérilla maoïste

Publié le 18/03/2010




Depuis la dénonciation, le 27 août dernier, par la guérilla maoïste du cessez-le-feu décrété en janvier 2003, les combats entre les forces gouvernementales et les maoïstes font chaque jour – ou presque – de nouvelles victimes. Dans le bras de fer qui oppose la guérilla et le gouvernement népalais depuis 1996, date du début de l’insurrection maoïste, les écoles constituent un terrain d’affrontement idéologique et physique important. Selon des statistiques officielles, plus de 300 personnes, écoliers et enseignants confondus, ont été tués au cours de ces sept dernières années.

Selon Lava Prasad Tripathy, porte-parole du ministère de l’Education et de la Culture, 149 enseignants et 152 écoliers très exactement sont morts de mort violente depuis 1996. Toutefois, comme il le souligne lui-même, ces chiffres, pour précis qu’ils puissent paraître, ne représentent qu’un ordre de grandeur. Additionnés à partir des données fournies par les autorités locales, ils sont à l’image des statistiques au Népal, c’est-à-dire « déplorables ».

Dans la lutte de la guérilla contre Katmandou, tous les symboles du pouvoir central sont systématiquement pris pour cible par les maoïstes. Les ponts sont régulièrement détruits, les routes attaquées, les postes de police pris d’assaut. Dans cette lutte, les écoles constituent des objectifs de choix, les enseignants dépendant du ministère de l’Education et les programmes étant fixés par ce dernier. Régulièrement, la guérilla demande la gratuité de l’enseignement jusqu’à l’âge de 16 ans dans l’enseignement public, une réduction substantielle des frais de scolarité dans le privé ainsi que la suppression du caractère obligatoire de l’apprentissage du sanscrit (1). Les écoles chrétiennes ne sont pas épargnées par les actions de la guérilla (2).

Selon Krishna Pahari, responsable de Human Rights and Peace Security – Nepal, une ONG locale privée, les maoïstes ont incendié ou tenté d’incendier 90 écoles et déposé des bombes dans 27 autres depuis 1996. « Les écoliers sont désormais terrifiés et la sécurité des écoles est devenue un objet de souci pour tous précise-t-il. Si la plupart des actions visant les écoles sont à mettre au compte des maoïstes, les opérations menées par les forces gouvernementales n’épargnent pas toujours les écoles. En octobre 2003, quatre adolescents ont été tués lorsque les soldats de Katmandou ont ouvert le feu sur une école où des maoïstes s’étaient retranchés ; l’incident s’est produit dans le district de Doti, au sud-ouest du pays.

Récemment, le 21 octobre dernier, apparemment pour gagner le soutien des populations, la direction de la guérilla maoïste a annoncé qu’elle ne détruirait plus les infrastructures et ne s’attaquerait désormais plus qu’aux forces de police et de l’armée. Elle a ajouté qu’elle ne pouvait toutefois pas contrôler les actions de chacun de ses cadres, sous-entendant que des dérapages pouvaient se produire. Selon la police, le 9 novembre dernier, un homme âgé de 79 ans, un civil, a eu la gorge tranchée parce qu’il refusait de s’acquitter de l’impôt révolutionnaire prélevé par la guérilla. Selon Amnesty International, les violations des droits de l’homme ne cessent de se multiplier dans le pays depuis la fin du cessez-le-feu.