Eglises d'Asie

Le recul du gouvernement sur le projet d’implantation d’une décharge de déchets nucléaires est reçu avec circonspection par les habitants de Puan (Buan)

Publié le 18/03/2010




Après des mois de protestations contre l’implantation d’une décharge de déchets nucléaires, le gouvernement a fini par reculer (1). C’est le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie, Yoon Jin-sik, qui a reconnu, au cours d’une conférence de presse à Séoul, le manque de concertation entre les habitants et le gouvernement et a présenté ses excuses, le 10 décembre dernier, pour les troubles et les désagréments suscités par ce projet sur la petite île de Wido (1 500 habitants, sous-préfecture de Puan (Buan)).

Par crainte de possibles fuites de radioactivité et des éventuelles conséquences sur l’environnement et la santé publique, une grande majorité des habitants de Puan s’étaient insurgés contre le projet ; bouddhistes, catholiques et protestants confondus, les habitants n’avaient cessé de manifester contre le projet. Après l’interdiction par la police de tout défilé, la paroisse de Puan, de par le rôle actif joué par son clergé et ses paroissiens, s’était trouvée au centre de la contestation.

Après la conférence de presse du ministre, le président du conseil paroissial a reconnu que l’ensemble des paroissiens, espérant surtout qu’un référendum viendrait bientôt clore la dispute, avait bien accueilli les excuses du gouvernement. Cependant, le P. Moon Ky-hyon, un prêtre catholique qui a entrepris une grève de la faim de protestation le 12 novembre, n’a pas pour autant abandonné son jeûne malgré l’annonce du repli des autorités et les demandes insistantes des paroissiens et du vicaire général du diocèse de Chonju. Le P. Moon dit vouloir attendre des décisions concrètes de la part des autorités prouvant que le projet a réellement été abandonné. “Au jour d’aujourd’hui, 12 décembre, il ne s’est pas alimenté depuis trente et un jours et sa santé est désormais en danger a déclaré le P. Cho Jung-oh, vicaire général du diocèse.

A Séoul, lors de la conférence de presse du 10 décembre, le ministre avait indiqué que “si un vote des habitants devait refuser le plan prévu, le gouvernement contacterait alors d’autres municipalités intéressées par certaines retombées financières”. Le ministre, qui n’a donné aucune date pour ce référendum, n’en a pas moins laissé entendre que le gouvernement n’avait pas renoncé pour autant à Wido, affirmant qu’une solution de rechange serait recherchée si, après septembre 2004, rien n’était décidé.

Le collectif antinucléaire, composé d’une cinquantaine de groupes civils et religieux comme l’Association des prêtres catholiques pour la justice, le Commission ‘Justice et paix’ et la Commission de pastorale rurale du diocèse de Chonju, a admis qu’en reconnaissant son erreur le gouvernement avait franchi une étape “positive”. Le P. Cho Jung-oh s’en est également réjoui tout en indiquant que l’Eglise catholique, quant à elle, restait dans l’expectative. Pour lui, le gouvernement a tant de fois changé de position dans le passé que les habitants de Puan resteront dubitatifs tant que “le gouvernement ne fournira pas de solution claire à ce problème La question de l’enfouissement des déchets nucléaires occupe l’administration depuis maintenant dix-sept ans.