Eglises d'Asie

Les chrétiens et les défenseurs des droits de l’homme s’unissent pour obtenir l’abolition de la peine de mort

Publié le 18/03/2010




Une alliance formée d’ONG et de plusieurs groupes religieux travaille à proposer une alternative à la peine de mort mais, selon un de ses représentants, la tâche est ardue tant les Taiwanais en général et le gouvernement en particulier semblent être réticents à accepter l’abolition du châtiment suprême. Le 11 décembre, Wu Chih-kuang, directeur de l’Institut Jean-Paul II pour la paix à l’université catholique de Fu Jen, à Taipei, a déclaré à la presse que, malgré la diminution du nombre des exécutions à Taipei ces dernières années (1), les défenseurs des droits de l’homme se heurtaient toujours à d’énormes difficultés quand ils plaidaient pour la suppression de la peine capitale.

L’Institut Jean-Paul II fait partie de l’Alliance contre la peine de mort, récemment formée par seize ONG et des groupes catholiques, protestants et bouddhistes. Elle s’est constituée officiellement le 9 décembre, la veille de la Journée des droits de l’homme. Selon Wu Chih-kuang, professeur de droit, l’abolition de la peine de mort est loin d’être admise à Taiwan, le gouvernement et les Taiwanais, difficiles à ébranler, restant figés sur leur position. “Les Chinois sont encore influencés par le concept du châtiment ‘oil pour oil, dent pour dent’ a-t-il expliqué, ajoutant que, pour changer les comportements, une plus grande information, du temps et une vraie conscientisation sur le sujet étaient nécessaires. “Taiwan fait partie du monde développé, plaide-t-il. Elle a donc le devoir de garantir le respect des droits de l’homme et le premier d’entre eux, le droit à la vie.”

Selon Wu Chih-kuang, l’opinion publique pourrait changer d’avis concernant la peine de mort s’il lui est expliqué que des peines alternatives à la peine capitale peuvent être mises en place, telle que la détention à perpétuité. Cité par le China Times, Lin Chen-ping, de la Fondation pour la réforme judiciaire et membre de l’Alliance, estime que les Taiwanais se sentiraient sans protection si la peine de mort était abolie ; l’Alliance doit donc trouver une alternative à la peine capitale avant d’introduire une demande de réforme judiciaire. D’après un sondage gouvernemental de 2002, 77,1 % des Taiwanais se déclarent contre l’abolition de la peine de mort mais ce pourcentage tombe à 42,5 % lorsque la prison à perpétuité est présentée comme une alternative à la peine capitale.

L’Alliance a été inaugurée dans la soirée du 9 décembre – soit la veille de la Journée mondiale des droits de l’homme – par une conférence de presse précédée d’une procession aux bougies silencieuse dans les rues avoisinantes de l’église presbytérienne de Jinan, au centre de Taiwan. Le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung, et différents leaders religieux s’étaient joints aux quarante représentants des différents groupes de l’Alliance. L’Alliance s’est donnée comme objet de militer pour une réforme de la peine capitale, incitant le pouvoir judiciaire à la retenue lorsqu’une condamnation à mort est prévisible, demandant sa non-application au cas où une telle sentence est prononcée et, in fine, appelant à sa suppression. En 2001, une année après son entrée en fonction, le ministre de la Justice, Cheng Ding-nan, avait annoncé son intention d’abolir la peine capitale dans un délai de trois ans. Le président Chen Shui-bian avait également confirmé l’engagement en ce sens de son gouvernement. Cependant, le professeur Wu ne pense pas que Chen ou tout autre candidat à la présidence aborderont la question de la peine capitale lors de la prochaine campagne électorale qui devrait être dominée par le problème de la souveraineté de Taiwan. Wu a confirmé que l’Alliance avait été précisément créée en raison de ces promesses électorales non tenues. L’élection présidentielle aura lieu le 20 mars 2004.