Eglises d'Asie

Placées sous haute sécurité, les fêtes de Noël se sont déroulées sans incident majeur

Publié le 18/03/2010




La célébration de Noël s’est déroulée sans incident majeur à travers le pays, dans un climat toutefois marqué par la présence très importante des forces de sécurité. Partout dans les grandes villes, à Djakarta notamment, devant les églises catholiques et les temples protestants, des policiers veillaient, fouillant les sacs des personnes se rendant dans les lieux de culte et les faisant passer sous des portiques électroniques détecteurs de métaux. Dans les semaines précédant Noël, les autorités indonésiennes et l’ambassade des Etats-Unis à Djakarta avaient multiplié les mises en garde (1), l’ambassade mettant en garde les ressortissants américains contre le risque “particulièrement élevé” d’attentats terroristes autour de Noël et du Nouvel An en Indonésie. Le réseau terroriste de la Jemaah Islamiyah, soupçonné d’être en lien avec Al-Qaida, était nommément désigné.

Le seul incident à déplorer s’est produit sur l’île de Célèbes, à Poso, dans une région où, en octobre dernier, un soudain accès de violences meurtrières (2) avait fait craindre que les conflits interreligieux, entre les communautés chrétienne et musulmane, ne ressurgissent. On se souvient qu’entre fin 1999 et décembre 2001, 2 000 personnes avaient trouvé la mort du fait de ces affrontements (3). A proximité de la ville de Poso, mardi 23 décembre, une bombe de faible puissance a explosé, causant seulement de légers dégâts matériels. Placée initialement dans un minibus de transport public assurant une desserte locale, la liaison Poso-Lembomawo, l’engin explosif, placé dans un sac en plastique, était glissé sous le siège d’un passager et aurait pu faire des victimes s’il n’avait pas été repéré par un passager puis placé hors du véhicule par le chauffeur. Avant que les forces de l’ordre n’arrivent sur place, l’engin, déposé dans un champ, avait explosé, n’occasionnant que des bris de glace à un bâtiment administratif situé de l’autre côté de la route. Selon le chef de la police de Poso, accouru sur les lieux, “la bombe a été pensée pour provoquer des émeutes à Poso”. Selon le centre de crise chrétien de la région, la communauté chrétienne est toutefois restée calme à l’annonce de cet incident et les célébrations de Noël se sont déroulées normalement.

Ailleurs dans le pays, l’“Opération Cierge ainsi nommée par la police, s’était traduite par le déploiement de près de 166 000 policiers, soit les deux tiers de toutes les forces de la police indonésienne, dont 22 000 hommes pour la seule ville de Djakarta. Le gouvernement voulait absolument éviter la répétition des attentats commis lors de la veillée de Noël en 2000, lorsqu’en quelques heures, l’explosion d’une série de bombes placées devant ou à l’intérieur de lieux de culte chrétien avait fait dix-neuf morts (4). Cette année, des forces de police avaient été placées devant chacun des 243 temples protestants et églises catholiques de Djakarta et de ses environs ; environ un millier de soldats les épaulaient. Pour la seule cathédrale de Djakarta, deux cents policiers avaient été déployés et quelques dizaines de membres de Banser Anshor, un mouvement de jeunesse affilié à la Nahdlatul Ulama, la plus importante des organisations musulmanes de masse du pays, les assistaient.

Pour marquer le jour de Noël, Yusril Ihza Mahendra, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, a annoncé que les peines de prison des détenus chrétiens étaient symboliquement réduites, une réduction allant de quinze à soixante jours selon les cas. 5 612 détenus de religion chrétienne ont été concernés par cette mesure qui a permis à 268 d’entre eux de retrouver la liberté.