Eglises d'Asie

A l’occasion des fêtes de fin d’année, les responsables de l’Eglise catholique ont multiplié les déclarations – critiques ou non – au sujet de leurs relations avec l’Etat

Publié le 18/03/2010




Les fêtes de fin d’années ont été pour divers dirigeants de l’Eglise catholique l’occasion de multiplier leurs rencontres avec les personnalités politiques du pays mais aussi avec les organes de presse ou des organisations étrangères. La plupart des déclarations entendues à cette occasion ont été énoncées en style convenu – comme c’est la règle générale. Cependant, il est arrivé que certaines d’entre elles retiennent l’attention du fait de leur particulière franchise.

Ainsi, le 28 décembre 2003, un journal américain, le Boston Globe, a publié une interview accordée par le cardinal J.-B. Pham Minh Mân à l’un de ses rédacteurs. Après avoir répondu à un certain nombre de questions concernant sa nouvelle dignité de cardinal et l’actualité américaine, l’archevêque de Saigon a été interrogé, comme à l’accoutumée, sur les rapports de l’Eglise et de l’Etat au Vietnam.

A ce propos, il a déclaré qu’il se sentait le devoir d’intervenir non seulement à propos de la liberté de religion mais aussi pour toutes les autres libertés. Il a fait remarquer que toutes les sortes de droits et de libertés étaient inscrites dans la Constitution du pays. Mais, dans la vie quotidienne, il fallait demander la permission pour toute chose. Le cardinal a rappelé alors qu’il avait déclaré un jour aux autorités que le peuple vietnamien désirerait bénéficier d’une liberté de la dimension d’une grande table mais que la liberté dont il jouissait réellement ne dépassait pas la dimension d’une assiette. Le journaliste du Boston Globe lui ayant demandé s’il y avait une tension entre la soumission à l’Eglise et celle qui était due au gouvernement, Mgr Mân a répondu : “Le gouvernement peut vous donner l’occasion de sortir de la pauvreté. Mais il ne peut vous procurer la foi qui est notre principale force dans la vie. Les personnes à qui le gouvernement a permis de sortir de la pauvreté ont confiance en lui. Mais si un mois ou un an après elles perdent leur emploi, alors elles vont chercher ailleurs un autre soutien.”

Les déclarations et les entretiens à l’intérieur du pays, tels qu’ils ont été rapportés par les agences officielles, ont été semble-t-il moins critiques. Dans le cadre des rencontres traditionnelles des autorités civiles avec les responsables religieux qui ont lieu à l’époque des fêtes de fin d’année, les médias gouvernementaux ont mis en relief l’entretien entre le nouveau cardinal et le Vice-Premier ministre Vu Khoan. Celui-ci n’a pas manqué de le féliciter de son nouveau titre de cardinal accordé par le pape. Lors de la première annonce de cette nomination, il avait fallu une journée avant que le gouvernement ne la classe parmi les bonnes nouvelles.

D’autres interventions, rapportées par la presse officielle, se réjouissent d’une amélioration des rapports entre l’Eglise et le gouvernement. L’évêque de Phat Diêm a par exemple confié : “Les activités de l’Eglise sont plus intenses qu’il y a quelques années car le gouvernement comprend mieux notre religion et nous avons plus de liberté pour la pratiquer” (1).