Eglises d'Asie

Dans des directives envoyées à ses prêtres et fidèles, le chef de l’Eglise syro-malabar recommande de ne faire preuve d’aucune discrimination à l’égard des malades du sida

Publié le 18/03/2010




La bévue d’un curé de paroisse a conduit le cardinal Varkey Vithayathil, archevêque majeur de l’Eglise de rite syro-malabar de l’Inde, a rédiger un ensemble de directives destinées à guider son clergé dans son approche pastorale des victimes de la maladie du sida, une approche, a-t-il souligné, qui doit faire preuve d’amour, de respect et de pitié à l’égard de ceux qui sont frappés par ce terrible fléau. La circulaire qui est datée du 31 décembre 2003 a été lue dans toutes les paroisses de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly au cours des messes du dimanche 11 janvier dernier.

La cause immédiate de cette première série d’instructions du cardinal sur le sida est le refus opposé par un de ses prêtres de donner une sépulture décente à un de ses paroissiens décédé de cette maladie. Celui-ci, un chauffeur de camion âgé de 38 ans, est mort dans la paroisse syro-malabar d’Elavoor, à trente kilomètres au nord de Kochi, capitale commerciale du Kerala. Le desservant de la paroisse s’est opposé à son enterrement à l’intérieur du cimetière paroissial et a ordonné que le défunt soit déposé dans un tombeau creusé à l’extérieur du cimetière, à l’intérieur cependant du complexe paroissial. Auparavant, le prêtre ne lui avait pas administré le sacrement des malades, pas plus qu’il n’avait récité de prières avant sa sépulture et procédé à la bénédiction de la tombe. Le comportement du prêtre avait heurté un certain nombre de paroissiens qui avaient rédigé et envoyé une plainte à ce sujet auprès du cardinal. Cependant, de sources diverses dans l’archidiocèse, on a appris que c’est surtout l’ignorance de la nature et du mode de transmission de la maladie du sida qui avait conduit le prêtre à adopter une attitude aussi aberrante. Celui-ci craignait surtout de voir se propager l’épidémie par le seul contact avec le corps du défunt. Il a volontiers reconnu son manque d’expérience à ce sujet et le comportement non approprié dont il avait fait preuve lors de l’enterrement de son paroissien.

De nombreux fidèles ont accueilli avec reconnaissance le rappel à la charité universelle contenu dans les instructions du cardinal. Celui-ci a, en particulier, conseillé de ne faire preuve d’aucune discrimination à l’égard des malades du sida en matière de sacrement. Ceux-ci, qui en aucune manière ne peuvent être ostracisés, doivent bénéficier comme les autres fidèles de l’onction des malades, des prières pour les défunts et d’obsèques dignes de ce nom. Les directives soulignent qu’il est compréhensible que des précautions soient prises par ceux qui manipulent le corps du défunt mais affirme que le virus du sida ne peut être transmis par contact avec le cadavre lors de l’enterrement.

Dans son instruction de cinq pages qui sera sans doute aussi diffusée dans les autres archidiocèses et diocèses syro-malabar de l’Inde, le cardinal informe les lecteurs des dispositions prises par l’Eglise de l’Inde en ce qui concerne la maladie du sida. La lutte contre cette épidémie est une mission de première urgence donnée par les évêques de l’Inde aux 4 745 hôpitaux et dispensaires catholiques à travers le pays. Aujourd’hui, l’Eglise catholique gère trente-neuf hôpitaux et établissements de soins exclusivement consacrés au traitement des malades du sida.