Eglises d'Asie

La campagne électorale pour l’élection présidentielle étant lancée, certains candidats – et non des moindres – placent leur candidature sous le signe de la religion

Publié le 18/03/2010




A minuit, le 5 janvier dernier, la Commission électorale avait reçu les dossiers de 84 personnes désirant se présenter devant les électeurs philippins lors de la prochaine élection présidentielle qui aura lieu le 10 mai prochain. A cette heure, ses bureaux étaient clos et il n’était plus possible pour un éventuel candidat de faire acte de candidature. D’ici quelques semaines, la Commission rendra son avis sur ces dossiers et publiera la liste officielle des candidats à la présidence. De par la Constitution, la Commission a le pouvoir d’écarter les candidats qu’elle jugerait incapables ou néfastes à la présidence – un pouvoir qu’elle avait utilisé en 1998 lors des dernières élections où elle avait autorisé seulement dix candidats à se présenter devant les électeurs. Cette année, avant même que la campagne ne débute réellement, certains candidats n’ont pas hésité à placer leur candidature sous le signe de la religion. Cela a notamment été le cas de l’actuelle présidente, Gloria Macapagal-Arroyo.

Avant d’entrer dans les locaux de la Commission et d’y déposer son dossier, Gloria Arroyo avait organisé une assemblée de prière qui a commencé à 3h30 du matin ce lundi 5 janvier et qui a été suivie par une messe célébrée à 7h30 par Mgr Ramon Arguelles, évêque aux armées. Dans son homélie, l’évêque a dit que le pays avait besoin de “bons dirigeants ceux qui sont “du côté de Dieu et il remercié la présidente de commencer sa campagne électorale par des prières. L’assemblée de prière avait pris place dans la cathédrale de Manille, basilique mineure dédiée à la Sainte Vierge située dans la vieille ville (intramuros). Construite au XVIe siècle, du temps de la domination espagnole, endommagée par les guerres et les tremblements de terre, elle a été rebâtie en 1958 et donne sur une place, la Place de Rome, où un monument honore la mémoire de trois prêtres nationalistes philippins exécutés en 1872 par le gouvernement colonial. Après la messe, à laquelle assistaient le mari et les enfants de Gloria Arroyo ainsi que diverses personnalités politiques du pays – dont l’ancien président Fidel Ramos, un protestant -, la présidente a brièvement pris la parole sur la place pour présenter son programme et son équipe, réunis sous le slogan Koalisyon ng Katapatan at Karanasan sa Kinabukasan (Coalition de l’intégrité et de l’expérience pour l’avenir, ou “K-4 

Le 30 décembre, un autre candidat, Eddie Villanueva, fondateur du mouvement “L’amitié chrétienne Jésus est Seigneur avait choisi une autre église historique du pays, l’église de Barasoain où, en 1898, la Constitution de la première République des Philippines avait été rédigée. Située à Malolos, à 35 km. au nord-ouest de Manille, cette église avait été choisie par Eddie Villanueva pour symboliser son “engagement” envers “les idéaux des pères fondateurs de la République des Philippines”.

Si la vie politique philippine est coutumière d’une proximité entre le monde politique et les symboles du catholicisme (1), ce phénomène ne va pas sans soulever quelques – rares – critiques. Le 3 janvier dernier, deux jours avant l’assemblée de prière organisée par Gloria Arroyo, les membres de la Promotion de la réponse d’une Eglise du peuple avait publié un communiqué où l’on pouvait lire : “Il est déplorable que GMA (Gloria Macapagal-Arroyo) abuse à répétition du nom de Dieu pour servir ses ambitions politiques. Il s’agit là d’un usage blasphématoire du nom de Dieu à des fins politiques.” Plus généralement, selon un observateur de longue date de la vie philippine, le personnel politique philippin n’hésite pas à s’afficher aux côtés de responsables religieux, catholiques, protestants, musulmans ou autres, dans l’espoir d’en retirer un surcroît de popularité.