Eglises d'Asie

La nuit du Nouvel An, les cimetières dans le nord de l’île de Célèbes sont des lieux très animés

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Célèbes-Nord, des milliers de chrétiens (1) se rendent en foule dans les cimetières le soir de la Saint Sylvestre, les bras chargés de fleurs, de cierges, de pétards et autres bougies magiques. Ils passent la nuit dans les cimetières illuminés de milliers de cierges. Ils prient pour leurs défunts, après quoi, ils font partir pétards et bougies magiques. Passer la nuit du jour de l’An dans les cimetières est une tradition ancienne à Célèbes-Nord et nombre de Sulawésiens qui vivent à Djakarta ou ailleurs reviennent au pays à cette occasion, pour inaugurer la nouvelle année près de la tombe familiale. Kuhun et Teling sont les deux plus grands cimetières du chef-lieu de la province, Manado ; ils se transforment en mers de lumière ce soir-là et attirent plus de 3 000 personnes.

Un couple de chrétiens protestants, Albert et Stans Kandow, reconnaît qu’il se sentirait coupable s’il ne venait pas sur la tombe de leurs parents cette nuit-là. Hetty Barlly, une catholique, fait elle aussi une visite au cimetières ce soir-là : « Nous faisons une prière mais sans y passer la nuit. Nous donnons seulement des cierges aux cantonniers et un pourboire en leur demandant de les allumer pour nous à l’heure de minuit. »

Face à cette tradition, les pasteurs protestants restent dubitatifs. Le Rd Adri Lengkong admet que les chrétiens aillent au cimetière cette nuit-là mais estime « qu’ils ne devraient pas pour autant négliger les cérémonies du culte organisées au temple cette même nuit ». Quant au Rd Semy Langelo, il reconnaît qu’il serait très difficile de rompre avec cette tradition ancrée profondément dans le cour des gens de Manado (2).

Selon un prêtre catholique, l’Eglise doit s’efforcer de comprendre cette tradition « religieuse » et la prendre en compte (3Le P. Cardo Renwarin, anthropologue au grand séminaire de Pineleng, fait remarquer que cette tradition est bien antérieure à l’arrivée du christianisme dans la région. Il suggère donc que chaque paroisse coordonne au mieux cette pratique, expliquant que puisque l’habitude occidentale était de faire une visite au cimetière le jour de la Toussaint, l’Eglise se devait d’accueillir cette même tradition la nuit de la Saint Sylvestre.