Eglises d'Asie – Laos
L’administrateur apostolique du vicariat de Luang Prabang espère que l’année 2004 verra une amélioration des conditions de son apostolat, jusqu’ici rendu très difficile par les autorités
Publié le 18/03/2010
Toutefois, si l’administrateur apostolique de Luang Prabang se montre optimiste quant à ce projet de construction, il n’omet pas d’ajouter que les autorités laotiennes « travaillent très lentement ». A l’heure actuelle, depuis Vientiane, Mgr Tito Banchong est obligé de demander la permission du gouvernement chaque fois qu’il souhaite se déplacer dans l’une ou l’autre des six provinces correspondant à son territoire ecclésial, à savoir Bo Keo, Luang Namtha, Luang Prabang, Phong Xali, Udomxai et Xayaburi. Et ces permissions sont systématiquement refusées à l’exception des déplacements dans les provinces de Luang Prabang et Xayaburi. Située à 220 kilomètres au nord de la capitale, Luang Prabang, ville ancienne, est un centre culturel et bouddhique important.
Ces derniers temps, les formalités que Mgr Tito Banchong devait accomplir lors de ses déplacements se sont légèrement assouplies mais les visites restent rares (1). Unique prêtre du vicariat, il n’a pu visiter Xayaburi, où se trouvent cinq villages catholiques et environ cent dix familles, qu’à cinq reprises en 2003 – dont la dernière fois à l’occasion de Noël. Les visites dans la province de Luang Prabang ont été un peu plus fréquentes auprès des deux villages catholiques et de leurs quelque trente familles. A chaque séjour, il entend les confessions, célèbre la messe, baptise les enfants et enseigne le catéchisme. A Xayaburi, deux catéchistes viennent l’épauler dans ses tâches pastorales.
Ailleurs, les visites sont impossibles. Depuis deux ans, Mgr Tito Banchong demande inlassablement la permission de se rendre dans la province de Bo Keo, où se trouvent de nombreux catholiques, mais à chaque fois il lui est répondu que les autorités provinciales ont informé les autorités centrales que sa présence pourrait être dommageable à « la sécurité ». Des catholiques de Bo Keo le tiennent informé de leur situation et envoient parfois des photos, montrant les lieux de culte sommaires qu’ils ont bâtis. Dans un village en particulier, une centaine de lépreux, baptisés, vivent au milieu des catholiques. Dans les provinces de Luang Namtha, Pong Xali et Udomxai, le prédécesseur de Mgr Tito Banchong avait ouvert quelques églises qui ont toutes été détruites après 1975, date de la prise du pouvoir par les communistes.
Dans toute cette région du nord du pays, autour de Luang Prabang, il semble que, plus que la religion chrétienne, ce soit l’agitation entretenue par des minorités ethniques en rébellion larvée depuis longtemps contre le gouvernement central qui inquiète les autorités laotiennes. Depuis l’adoption en 1991 d’une nouvelle Constitution, reconnaissant la liberté de religion, la politique du gouvernement s’est assouplie. Des églises ont été rouvertes, de nouveaux lieux de culte construits. Des relations ont été nouées avec l’Eglise universelle, celle de Thaïlande en particulier. Cependant, selon Mgr Tito Banchong, il faut aller « très lentement ». « Je ne souhaite pas retourner en [camp de] rééducation commente-t-il, lui qui a été détenu d’avril 1977 à novembre 1986 à Xiangkhoang puis à nouveau durant cinq mois en 1998 à Huay Xai, chef-lieu de la province de Bo Keo (2). « L’Esprit de Dieu » est à l’ouvre dans ces communautés sans prêtres ou religieuses, dit-il, ajoutant que ces « obstacles » doivent être vus comme faisant partie du « plan de Dieu ».